Couvre-feu à Paris : des clients d’un supermarché verbalisés à la caisse, peu après 18 heures
« Soudain les policiers sont arrivés en opération commando. Ils nous ont crié dessus ‘Sortez vos pièces d’identité, laissez vos courses, personne ne sort d’ici, tout le monde sera verbalisé !' », écrit Aurélie Sfez, journaliste, sur sa page Facebook, le mercredi 27 janvier.
Mercredi 27 janvier, quatre policiers, selon elle, ont fait irruption dans un Franprix de Ménilmontant, dans le XXe arrondissement de Paris, juste après 18 heures, où démarre le couvre-feu mis en place pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Deux personnes ont écopé d’une amende de 135 euros, à 18h06. La préfecture de police a confirmé les verbalisations à Actu.fr.
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« Sidérée et écoeurée »
« Il reste une poignée de clients à la caisse qui ont couru (comme moi) jusqu’au supermarché pour 3 steak hachés, des couches, 4 yaourts, de la lessive et du Benco », décrit Aurélie Sfez.
« Soudain les policiers sont arrivés en opération commando », relate-t-elle. « Ils nous ont crié dessus ‘Sortez vos pièces d’identité, laissez vos courses, personne ne sort d’ici, tout le monde sera verbalisé !’ Nous, on leur a dit : ‘Mais laissez-nous finir nos courses et on rentre, on ne fait rien de mal' ».
Selon Aurélie Sfez, les policiers auraient pris en photo les cartes d’identité des clients présents, et leurs attestations.
« Toutes les personnes qui avaient un document d’identité ont pu partir après qu’il leur a répété qu’on serait verbalisés, mais pas les autres, qui ont été mises sur le côté », explique-t-elle auprès de 20 Minutes. Sur son compte Facebook, la journaliste se dit « sidérée et écoeurée » par la scène, qu’elle décrit comme « humiliante » auprès de 20 Minutes.
Les gens font leurs courses en fin de journée, certaines personnes ne peuvent pas faire autrement, elles ont un boulot, alors forcément vers 18h ça bloque.
« Certaines personnes ne peuvent pas faire autrement »
De son côté, l’humoriste Arnaud Cosson était également présent, et a aussi raconté la scène sur son compte Facebook.
Il explique avoir présenté une attestation justifiant d’une sortie tardive à cause de son statut d’intermittent, et affirme qu’un police lui dit : « Je m’en fous de votre attestation, elle sert à rien ! » « Si vous aviez été dans la rue ok. Là vous êtes dans un magasin qui devrait être fermé. Donc vous pouvez en vouloir au gérant c’est de sa faute ! », lui aurait rétorqué le policier.
Mais l’humoriste défend le patron du Franprix : « Non ce n’est pas de sa faute, les gens font leurs courses en fin de journée, certaines personnes ne peuvent pas faire autrement, elles ont un boulot, alors forcément vers 18h ça bloque. »
« Tous ces gens derrière nous prennent une amende de 135 euros…ont ils vraiment les moyens ? », demande-t-il. « Et ce père de famille avec ses enfants on allait l’embarquer au poste ??? Sérieusement ? On est sur quelle planète ? On aurait pris une prune à 19h sans attestation, on aurait joué on aurait perdu, et ça aurait été bien fait pour notre gueule. Mais putain 18H06… »
« Je n’envie pas les policiers, leur métier est difficile, mais je pense qu’il y a un peu de bon sens à avoir, c’est leur façon de faire qui m’a choqué », déclare-t-il à 20 Minutes.
« Le gérant a été prévenu quatre fois »
« Le gérant et les clients étaient contrôlés et verbalisés en application stricte des règles du respect des mesures du couvre-feu », défend la préfecture auprès de Actu.fr. « En effet, s’agissant des clients, seules les activités correspondant aux motifs de sortie avec attestation peuvent être faites pendant le couvre-feu, lesquelles n’incluent pas les courses alimentaires. »
Auprès de 20 Minutes, la préfecture affirme qu’une « dizaine de clients » se trouvaient encore à l’intérieur du supermarché. Elle explique également que des policiers sont déjà intervenus « quatre fois » auprès du gérant du Franprix, lui demandant de fermer son magasin à « 18h50 », pour qu’il soit vide à 18 heures, où démarre le couvre-feu, jusqu’à 6 heures du matin.
Faire ses courses au-delà de 18 heures ne fait pas partie des dérogations autorisées au couvre-feu, comme le rappelle le site Service-public.
Ce dimanche 31 janvier au soir, des contrôles de police ont été lancés dès 18 heures sur le périphérique parisien, participant à la formation de 400 kilomètres de bouchons en Île-de-France. Lors d’une intervention vendredi 29 janvier au soir, le Premier ministre Jean Castex a prévenu que les contrôles policiers allaient être renforcés pour sanctionner le non-respect du couvre-feu.
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