Concentration : les conseils d'un expert pour réussir à stabiliser son attention

Réussir à stabiliser son attention ? Rien de meilleur pour notre cerveau. Voici comment y parvenir.

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Tout enfant s’est vu un jour intimer l’ordre de se concentrer. Un calvaire pour certains, qui ne comprenaient pas ce que l’on attendait d’eux. D’où l’image d’Epinal d’un visage crispé dans l’effort pour représenter l’état de concentration. L’inverse de ce qu’il produit en réalité ! « La crispation n’est pas une composante de la concentration, affirme Jean-Philippe Lachaux, chercheur en neurosciences et auteur de La Magie de la concentration, éditions Odile Jacob, 21,90 €. Lorsque nous nous concentrons sur une tâche, il n’y a justement plus de tiraillements ni de conflits. Cela s’observe sur les plans comportemental et cérébral : le corps se détend et le cerveau devient plus performant. » Mais cette aptitude ne se décrète pas, elle s’explique et se travaille à tous les âges. Une nécessité : pour être en bonne santé, notre cerveau a besoin d’être bien nourri et la concentration est son meilleur carburant…

Quelle différence y a-t-il entre la concentration et l’attention ?

Jean-Philippe Lachaux : Si nous sommes toujours attentif à quelque chose, notre attention à tendance à se balader. La concentration consiste à la stabiliser sur quelque chose dans un but précis (comprendre, analyser, réaliser, fabriquer, etc.). Notre cerveau va se mettre dans la meilleure configuration possible pour y parvenir. Il s’agit donc d’une action consciente (souvent, on oublie tout simplement de se concentrer, et on se laisse distraire sans même s’en rendre compte), mais également d’une interaction avec l’objet de notre attention. Par exemple, on peut être attentif à un livre, le regarder, savoir qu’il est là, mais il n’interagit avec nous que lorsqu’on le lit en se concentrant – et en se recentrant – sur notre lecture.

Pourquoi est-ce parfois difficile ?

J.-P. L. : Parce que l’aire cérébrale qui est alors mobilisée (cortex préfrontal) n’est pas le seul maître à bord. Deux autres systèmes sont actifs en permanence pour déstabiliser notre attention : d’une part, le système pré-attentif, tient compte de l’environnement (le fait qu’il y ait des voitures dans la rue, par exemple, ou du bruit dans une classe ou un open-space) ; d’autre part, le système dit « circuit de la récompense », qui dirige notre attention vers ce qui est attrayant, immédiatement gratifiant, mais nous alerte aussi d’une danger ou d’une incongruité. Pour mettre en sourdine ces deux forces qui nous déconcentrent, il est tout d’abord nécessaire de les reconnaître et de se familiariser avec leur fonctionnement.

Comment résister à la distraction ?

J.-P. L. : J’aime bien la métaphore du bateau à voile : lorsque l’on tient la barre, il y a du vent et du courant. Apprendre à naviguer consiste à ne pas les laisser nous entraîner. Aussi, pour parvenir à se concentrer, il est nécessaire d’observer à l’œuvre ces deux forces qui nous dévient de notre cap. On les repère à travers les mouvements de notre corps : par exemple, notre regard qui se dirige vers un objet – bien souvent notre portable. Puisqu’elles ne représentent qu’une partie de notre cerveau, nous ne sommes pas obligés de leur obéir sur le champ ! On va donc décider de différer le moment d’y céder (car elles ont leur utilité : par exemple, devant un film, c’est le circuit de la récompense qui nous permet de nous concentrer). On parle beaucoup de société d’hyperconnexion. Mais la vraie connexion, c’est la concentration. Et il est urgent de se réapproprier son attention pour décider de sa vie mentale et de sa vie tout court.

L’exercice : l’équilibre attentionnel

Imaginez que vous êtes comme un funambule sur son fil. Pour avancer sans tomber, vous allez apprendre, pas à pas, à stabiliser votre attention jusqu’à vous sentir sur des rails, tranquille.

– Au départ, vous allez tomber sans le pressentir, sans même comprendre pourquoi. Vous avez regardé ailleurs pour rêvasser, sans réfléchir, saisi votre portable, pensé à votre menu du dîner… La connexion (concentration) est coupée. Elle était encore fragile.

– Dans un deuxième temps, vous comprenez que vous allez tomber : vous repérez ce qui vous distrait, l’envie subite de passer à autre chose. Vous repérez les objets de distractions qui vous attirent particulièrement, même si vous n’y résistez pas.

– Dans un troisième temps, vous allez comprendre que vous risquez de tomber : vous allez prendre conscience de ce qui vous aspire sur le côté, repérer vite les sensations physiques et émotionnelles qui vous décentrent et risquent de vous faire perdre l’équilibre. Sans vous y attarder, vous vous reconnectez à votre attention car cet état commence à vous plaire. Vous ne tombez plus dans le panneau des forces du système pré-attentif et du circuit de la récompense.

– Enfin, vous restez sur le fil. Vous avez appris à vous adapter aux mouvements de votre mental pour continuer à avancer. Rien en vous ne trahit la dispersion. C’est un état très agréable que vous savez actionner à volonté.

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