Comment rompre une amitié devenue encombrante

La crise sanitaire et les confinements ont convaincu certains de se simplifier la vie, de s’alléger et de ne plus subir une relation amicale qui pèse. Deux professionnelles livrent leurs conseils pour faire passer le message en usant de psychologie et de diplomatie.

Propice à la réflexion, les périodes de confinement ont permis à certains de se poser les bonnes questions concernant leurs habitudes, leur quotidien ; de quoi prendre conscience de ce que l’on veut et, surtout, de ce que l’on ne veut plus. Et ce grand «tri» passe aussi par la sphère amicale. Comment améliorer une relation ou rompre complètement, sans blesser l’autre et en restant diplomate ? Une psychothérapeute et une psychologue livrent leurs recommandations.

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Donner les raisons

L’information est délicate, et la décision peut être difficile à réceptionner pour l’ami(e). Pour faciliter le processus, une discussion s’impose. «Ne pas apporter de réponse à cette rupture et rester silencieux face à l’autre laisse dans le doute, et c’est blessant», précise la psychothérapeute Sarah Serievic (1). En pratique, mieux vaut être honnête sur les raisons de l’éloignement : «J’ai pris des distances car j’ai l’impression que nos conversations sont moins nourrissantes, je me sens de moins en moins comprise. J’ai l’impression que quelque chose ne fonctionne plus dans notre relation. J’aimerais avoir ton avis», illustre la professionnelle. Le but : blesser le moins possible et inviter l’autre à réfléchir de son côté.

Faire le tri dans ses émotions

Il est conseillé de prendre le temps d’y songer en amont pour identifier les problèmes que pose la relation : «Qu’est-ce qui ne me plaît pas ? Suis-je heureuse de passer des moments avec cette personne ? Quelle est ma part de responsabilité ?», interroge la psychothérapeute. Après cette remise en question, on peut discuter avec l’ami(e) de façon rationnelle. «Si l’on est dans un trop-plein d’émotions, l’ami(e) va recevoir une émotion trop forte qu’il (ou elle) ne sera pas en capacité d’accueillir», détaille la psychothérapeute. Conclusion : parler avec son cœur, sans trop en faire.

Éviter les reproches et les accusations

On privilégiera cette formulation : «Moi, j’ai ressenti cela et ça m’a fait cela». «C’est un constat des sentiments que l’on a éprouvés», indique la psychologue Béatrice Copper-Royer (2). On peut ainsi visualiser comment l’interlocuteur réagit. Pour la psychothérapeute Sarah Serievic, «tout dépendant de l’ego de la personne. Si elle possède un orgueil important, elle va répondre « qu’est-ce que tu racontes, tu fantasmes, tu es parano », elle sera dans l’incompréhension.» Dans ce cas de figure, la spécialiste conseille «de ne pas répondre et de l’inviter à réfléchir. La relation devrait se distendre naturellement car l’ami(e) ne rappellera pas forcément.»

Ne pas se précipiter

Béatrice Copper-Royer invite à réfléchir et rappelle que la période est très particulière : «Ne vous précipitez pas, ne prenez pas de décision hâtive. Tout le monde a vécu différemment le confinement, nous avons parfois eu des attentes déçues de certain(e)s ami(e)s. La vie reprend progressivement son cours et notre regard peut évoluer sur ces amitiés.»

Être clair

Si la décision est prise, il est primordial d’être tout à fait transparent sur la suite que l’on souhaite donner à l’histoire. «C’est important de remercier la personne pour ce qu’elle nous a apporté et de lui expliquer qu’à ce moment de notre vie, les deux façons d’évoluer ne sont pas compatibles», indique Sarah Serievic.

(1) Aimer sans masque, de Sarah Serievic, Seuil, 224 pages, 16,90 €.
(2) Et la Famille recomposée, pas facile mais possible, de Béatrice Copper-Royer, Solar, 208 pages, 19,90 €.

* Initialement publié en mai 2020, cet article a fait l’objet d’une mise à jour.

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