Comment Piaget démocratise sa haute joaillerie

Entre portés dans l’air du temps, nouvelle génération de clients et digitalisation rendue indispensable par le confinement, retour sur une année sismique, rythmée par une mutation aussi forcée que réussie.

C’est une scène qui a de quoi surprendre et qui pourtant fait désormais partie de la vie quotidienne des maisons. Alors que les premiers happy few font le tour des vitrines du 7 rue de la Paix à la découverte des nouvelles parures Wings of Light présentées par la maison, une autre équipe se connecte en live pour faire face à ses clients en Asie. High-tech dernier cri sanglée sur une table haute, lumière éclatante et les feux des diamants en arrière-plan. Des milliers de kilomètre les séparent mais, pourtant, rien ne vient entraver cette vente à distance réalisée dans un mandarin impeccable. «On s’est demandé si la haute joaillerie pouvait fonctionner sans l’émotion physique et nous avons été plus que surpris du résultat», se souvient Christophe Bourrie, directeur de la haute joaillerie Piaget.

Futur inspiré

Boucles d’oreilles Majectic Plumage en or blanc, 2 spinelles rouges de Tanzanie, 12 saphirs bleus taille marquise, 14 tourmalines bleues, 18 spinelles rouges et 32 saphirs oranges, Piaget.

Flashback, c’était il y a presque un an déjà. Le confinement s’abattait sur le monde entier et pour la première fois, toutes les manufactures de haute joaillerie et d’horlogerie au monde se retrouvaient exactement au même point, face à l’inconnu. En ligne de mire pour Piaget ? Le temps fort de la haute joaillerie de juillet, le plus important pour les maisons. Avec plus de 72 pièces prévues pour cette collection exotique au doux nom de Wings of Light, Piaget a dû, comme tous, s’adapter, séparer le tout en deux volets et présenter le fruit de longues heures de travail aux clients via Zoom. «Ce système a finalement presque simplifié le process pour nous, car on peut atteindre beaucoup plus de gens en une seule fois. Et chose rare, les clients avaient du temps devant eux», ajoute Christophe Bourrie.

Installés à Genève auprès de la CEO, Chabi Nouri, le directeur de la haute joaillerie, la directrice du produit et le gemmologue ont petit à petit installé des labo photos digitaux pour avoir suffisamment de contenu et sublimer chaque pièce sortie des ateliers sans avoir besoin de présence physique. «En un an, on en a gagné dix sur l’aspect digitalisation de la vente. Des deux côtés, offre et demande, tout le monde s’est ouvert. On a pu mieux connaître nos clients et on leur a appris plus de choses. Ce côté artisanal a finalement simplifié le rituel et cassé le protocole de vente, c’était plus authentique.» rajoute-t-il.

Une mutation opérationnelle qui se double aussi d’une métamorphose du côté des mains d’or de la manufacture. Si la transformabilité des parures a toujours été dans l’ADN de la maison depuis les années 60, la demande est de plus en forte sur ce sujet. «On dit souvent qu’une pierre sur un collier, c’est pour les autres, quand une pierre de centre sur un solitaire reste un plaisir pour soi. Donc le fait d’avoir les deux portés en un, l’un statutaire et l’autre plus casual, c’est un vrai plus», précise le gemmologue de la maison.

Au fil de ces parures asymétriques et électriques, bon nombre dissimulent sous leurs courbes un ingénieux mécanisme pour passer en un instant d’une broche à une bague, avant de compléter un collier en un plastron extraordinaire. «La haute joaillerie se démocratise sur une seconde génération et cela rajeunit la cible. Pour la partie Asie, les ultra-riches commencent à passer leur fortune à la deuxième ou troisième génération, qui ont 25-35 ans et ils vont vouloir s’approprier la pièce», ajoute Christophe Bourrie. «Pour nous, c’est un vrai dialogue entre les pierres et le design, on avance ensemble. L’objectif reste de travailler sur un produit transformable pratique pour le client et sécurisant pour la pierre. On a la chance d’avoir une manufacture 100% intégrée et c’est très intéressant de voir le casse-tête dans les ateliers, quand ils doivent vraiment réaliser le challenge».

De quoi porter un autre regard sur ce déluge de carats et de pierres de taille, oscillant entre le diamant jaune, les saphirs néons, un diamant blanc impeccable et un set d’émeraudes de Colombie retaillés en poire, que l’on pouvait admirer cette semaine à Paris. Milieu ultra-feutré et ancestral, la haute joaillerie ne se sera jamais autant pliée à la contrainte et prouvé sa résilience.

Collier Graceful Flight en or blanc, 1 diamant E-VVS2 taille coussin de 5,01 carats, 36 diamants taille marquise pour 3,71 carats, 895 diamants taille brillant pour 38,16 carats, Piaget.

Collier Graceful Flight en or blanc et diamants, sans la broche et la pierre de centre, Piaget.

La pierre de centre du collier Graceful Flight en or blanc et diamants, remontée en bague, Piaget.

La partie détachable du collier Graceful Flight en or blanc et diamants, remontée en broche, Piaget.

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