Comment mieux détecter les apnées du sommeil ?
À l’occasion de la journée nationale consacrée au sommeil, le 17 mars, gros plan sur cette pathologie qui touche de plus en plus d’hommes et de femmes à partir de 50 ans. Voici toutes les indications pour les traiter.
Le plus souvent, l’apnée du sommeil est due à l’obstruction du pharynx qui empêche l’air de passer avec, à la clé, la survenue de ronflements. Si près de 3 millions de personnes en souffrent en France, 7 sur 10 ne le savent pas encore.
L’apnée du sommeil, ou plus précisément le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS), est une maladie chronique fréquente qui se caractérise par des pauses respiratoires ou une respiration superficielle – on retient son souffle de manière inconsciente et involontaire – pendant le sommeil.
Le syndrome d’apnées du sommeil se définit scientifiquement par un arrêt de la respiration la nuit d’au moins 10 secondes, répété au moins 5 fois par heure. Ses apnées, qui peuvent hélas se produire jusqu’à une centaine de fois par nuit, entraînent un manque d’oxygénation du cerveau, lequel réagit et occasionne des microréveils dont nous n’avons pas vraiment conscience. Dans la journée, cela entraîne de la fatigue, une somnolence, un abattement qui doit alerter.
Entre 5 et 8 % de la population adulte en France est touchée par l’apnée du sommeil, selon l’Assurance Maladie. Si 1,5 million de personnes sont traitées, 3 millions seraient atteintes par ce trouble grave.
Plusieurs degrés de sévérité
Aujourd’hui, il est plus facile – après une consultation chez votre généraliste – de procéder à un bilan du sommeil pour évaluer le nombre d’apnées faites pendant la nuit. Mesuré entre cinq et quinze, le syndrome est léger. Entre seize et trente, il est modéré et au-delà de trente, il est considéré comme sévère. C’est alors qu’il faut le traiter, soit avec l’utilisation d’un appareil respiratoire VPPC (Ventilation à pression positive continue, le plus utilisé) la nuit, soit grâce à la chirurgie, soit avec un dispositif sur mesure, réalisé par votre chirurgien-dentiste et porté dans la bouche pendant le sommeil.
Êtes-vous concerné ?
Voici les 8 signes les plus courants de l’apnée du sommeil :
- Ronflements sonores remarqués par votre conjoint
- Arrêts respiratoires pendant la nuit
- Réveils à répétition
- Sensation d’étouffer en respirant
- Maux de tête, fatigue au réveil
- Fatigue chronique
- Forte transpiration en dormant
- Levers nocturnes pour uriner
Parole d’expert : Dr Kelly Guichard, Médecin spécialiste du sommeil* à la clinique Bel-Air de Bordeaux.
“Trop de personnes en France ne sont pas détectées !”
France Dimanche : Comment détecte-t-on une apnée du sommeil ?
Kelly Guichard : D’abord par les symptômes connus, dont les plus fréquents sont l’absence de sommeil réparateur, la fatigue dès le réveil et une somnolence dans la journée. Pour confirmer ce diagnostic, le médecin enregistre le sommeil du patient pendant une nuit (grâce à la pose d’électrodes), ce qui permet d’établir l’architecture du sommeil du patient et d’évaluer le degré de sévérité de l’apnée.
FD : Quels sont les facteurs de risques ?
KG : L’âge, le surpoids – en perdant du poids, on peut alors faire disparaître les symptômes –, la morphologie – lorsque la mâchoire inférieure est trop reculée, lorsque le tour de cou dépasse les 41 cm –, une mauvaise respiration chronique due à un nez bouché, sans oublier l’alcool et les somnifères.
FD : À partir de quel âge peut-on être atteint ?
KG : L’apnée du sommeil se déclare souvent chez les femmes après la ménopause, et chez les hommes, à partir de 45 ans. Aujourd’hui, on détecte aussi des apnées chez les jeunes.
FD : Si l’on ne porte pas le masque facial la nuit, quels risques cela entraîne-t-il ?
KG : Le port du masque facial ou nasal reste le traitement de référence, mais il existe des alternatives comme la chirurgie ou le port de gouttières pendant le sommeil – orthèses d’avancée mandibulaire – qui permettent de libérer les voies respiratoires. Si l’on ne se soigne pas, on augmente le risque d’avoir des troubles du rythme cardiaque, de subir un AVC, de développer de l’hypertension… À noter que depuis trois ans, les masques sont plus silencieux, plus fins, moins encombrants et les machines sont mieux supportées par les patients et assèchent moins les voies respiratoires.
FD : Que faire pour mieux dépister cette affection ?
KG : Il ne faut pas hésiter à consulter un médecin du sommeil quand on éprouve une grande fatigue au cours de la journée. Il est aussi nécessaire que les conjoints soient informés pour mieux détecter ce trouble chez leur partenaire.
* et autrice de Faire face aux ronflements et apnées du sommeil (éd. Ellipses)
Témoignage
Jean-Charles, 76 ans, Ajaccio : “Rassurant, mais contraignant aussi !”
Depuis sept ans, je suis équipé d’un appareil respiratoire avec masque facial qui, selon ma compagne, est bruyant… Je le porte toutes les nuits, et c’est rassurant car je dors mieux et me sens plus reposé le matin, mais c’est aussi extrêmement contraignant, puisque je dois bien sûr dormir sur le côté… »
Pour en savoir plus…
Infos sur la 23e journée du sommeil, ce vendredi 17 mars sur www.journeedusommeil.org
Consulter le site Alliance Apnées du sommeil sur www.allianceapnees.org
Alicia COMET
Source: Lire L’Article Complet