Comment la présidence de Donald Trump a affecté le système alimentaire américain

Après un mandat tumultueux, Donald Trump laisse une Amérique en proie à de nombreuses problématiques liées notamment à l’alimentation. Inflation des prix, assouplissement des restrictions nutritionnelles dans les cantines scolaires… Zoom sur ce bilan troublant et les défis que devra surmonter Joe Biden.

Depuis sa prise de pouvoir en 2017, Donald Trump a opéré de nombreux changements dans le paysage alimentaire américain, au détriment bien souvent de l’équilibre nutritionnel et du budget de ses concitoyens. À l’heure de la passation de pouvoir, il lègue à son successeur Joe Biden une Amérique dont les chiffres dressent «un tableau plus sombre dans la fabrication des aliments, leur coût et l’accès à la nutrition par rapport à il y a quatre ans», dépeint le site américain Foodbeast dans un article publié jeudi 21 janvier. Retour sur un bilan plutôt difficile à digérer.

Inflation des prix

Premier impact non négligeable, le coût des denrées alimentaires. Tout au long du mandat de Donald Trump, ce coût n’a cessé de croître, rendant problématique l’accès à la nourriture pour les familles les plus modestes. En témoigne la courbe des prix alimentaires qui affiche une hausse de «4% en 2020 et des augmentations supplémentaires allant de 1,6% à 1,8% chaque année de la présidence de Donald Trump», relève Foodbeast, s’appuyant sur les dernières données du Bureau of Labor Statistics (BLS). Et les conditions particulières de la crise sanitaire accentuent doublement ce phénomène d’insécurité alimentaire dans les foyers américains, voire triplement chez les familles ayant des enfants, ajoute le site CBS News.

L’accès aux bons alimentaires considérablement restreint

En 2019, plus de 35 millions d’Américains bénéficiaient du programme d’aide alimentaire SNAP, aussi appelé Food Stamps (bons alimentaires en anglais). Ce programme fédéral fournit à ses allocataires des bons échangeables contre de la nourriture. Lors de son élection, Donald Trump avait mis un point d’honneur à le réformer et à le restreindre pour diminuer les dépenses. Entre 2018 et 2019, l’ex-secrétaire à l’Agriculture, Sonny Perdue, a ainsi proposé des règles limitant le nombre de personnes éligibles aux SNAP. Parmi elles, l’éviction des adultes valides sans personne à charge.

Seulement face à l’impact du Covid-19, le récent plan de relance du Congrès a décidé de faire marche arrière avec un plan de relance destiné à assouplir ces conditions d’admission et élargir leurs avantages, de telle sorte qu’à partir du 1er janvier 2021, «les prestation seront augmentées de 15% par mois pour tous les bénéficiaires», détaille le site CNBC.

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Report et annulation des mesures destinées à lutter contre l’obésité

Au pays de l’oncle Sam, la proportion de personnes en surpoids est l’une des plus importantes au monde, avec 31,8% des adultes concernés et 14% des enfants de 2 à 5 ans souffrant d’obésité selon les études épidémiologiques. Pour tenter de freiner ce fléau, le clan Obama et notamment l’ancienne première dame Michelle Obama, avaient mis en place une série de mesures destinées à aider les Américains à faire des choix plus sains. Parmi les initiatives notables, une loi sur l’étiquetage alimentaire obligeant les industriels à signaler toute présence d’OGM, de sucres et le nombre de calories par portion.

Ces mentions devaient à l’origine entrer en vigueur le 26 juillet 2018. Mais au mois de juin de la même année, Donald Trump et l’Agence des produits alimentaires et des médicaments (FDA) ont accordé un délai supplémentaire aux grandes sociétés jusqu’au 1er janvier 2020, rapporte Business Insider, et jusqu’au 1er janvier 2021 pour les petites entreprises alimentaires «dont les ventes annuelles sont inférieures à 10 millions de dollars». La raison de ce sursis ? Une vive pression exercée par les groupes commerciaux, avance de son côté FoodBeast.

Et le détricotage ne s’arrête pas là. En 2017, le gouvernement de Donald Trump a mis un frein au programme de nutrition initié en 2012 par Michelle Obama dont l’objectif était de promouvoir des repas plus sains dans les cantines scolaires avec moins de sel, de graisses et de sucre. Une initiative jugée trop chère – 1,2 milliard de dollars – par l’ex-locataire de la Maison Blanche. Un an après sa prise de pouvoir, ce dernier a ensuite relâché du lest sur les quantités de sodium autorisés, la consommation de laits aromatisés et diminuer la quantité de fruits et de légumes des menus.

La baisse d’inspection sanitaire aggrave les cas de contamination

La menace plane également sur la sécurité alimentaire. Selon un article du Guardian publié en en juillet 2019, l’Agence des produits alimentaires et des médicaments (FDA), chargée de contrôler la commercialisation des aliments sur le territoire américain, a diminué, sous l’administration Trump, de 33% les avertissements et les mises en garde dédiées à réduire les taux de contamination. De quoi favoriser d’après le site spécialisé Food Safety News une progression des infections d’origine alimentaire, surtout à l’heure du Covid-19. «En comparant les données de 2016 à 2018 avec l’année 2019, on constate que chacun des huit agents pathogènes les plus courants ont connu une augmentation des cas signalés», analyse le média. Toujours selon cette enquête, il semblerait que les contaminations proviendraient principalement des légumes-feuilles et des produits frais comme le poulet.

Les fermes familiales en difficulté

L’agriculture américaine a aussi fait les frais d’une guerre commerciale avec d’autres pays, notamment la Chine, le Canada ou encore la Turquie. En réaction aux nouveaux droits de douane sur les importations étrangères, ces derniers ont riposté en surtaxant les exportations agricoles américaines. Celles envoyées vers la Chine par exemple ont diminué de 63% entre 2017 et 2018, passant de 15,8 milliards de dollars à 5,9 milliards de dollars, relate mi-janvier le média Econofact.

Pour pallier cette baisse, le ministère américain de l’Agriculture (USDA) avait promis de couvrir 40% les revenus des agriculteurs en 2019 et 2020. Cependant, ces paiements ont davantage profité aux grandes exploitations et entreprises agricoles plutôt qu’aux petites structures en difficulté, à l’instar de la filiale du géant brésilien du conditionnement de la viande JBS USA qui aurait reçu un versement de 67 millions de dollars, rapporte le site américain Civileats à partir des informations d’une enquête du New York Times.

Cette gestion de l’économie a ainsi conduit à la faillite de nombreuses fermes familiales laitières. À lui seul, «le Wisconsin en a perdu 500 en 2017, près de 700 en 2018 et plus 800 en 2019», indique Civileats. Pour l’heure, la tâche de revenir sur toutes ces décisions est confiée au nouveau chef d’État américain, Joe Biden.

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