Comment fêter Noël autrement qu'en famille ?
Plus que quelques semaines avant le grand ramdam des fêtes de fin d’années et pour lancer les hostilités, le traditionnel réveillon de noël. Si cette année, il aura sans aucun doute quelques particularités, – crise sanitaire, économique et énergétique oblige – il y a des poncifs qui ne changent pas, comme le fait de se retrouver avec ses proches.
Toutefois, les récentes mutations sociétales et l’évolution des moeurs ont fait bougé les lignes et parfois, certain.es n’ont pas la possibilité, ou l’envie, de passer Noël avec leurs proches.
Seul.e, en aidant les autres, avec de parfaits inconnus au bout du monde… : elles ont décidé de fêter Noël autrement. Elles nous racontent leur réveillon loin des leurs.
Je fête Noël à l’étranger avec de parfaites inconnues
Alors que les températures baissent en France, et que la lumière se fait rare en ces jours raccourcis, une cure de soleil pendant les fêtes dans un pays chaud ne serait pas de refus. C’est ce qu’a décidé de faire Maeva, 31 ans, chargée de projet événementiel. Grâce au concept “Copines de voyage” [des voyages entre filles qui ne se connaissent], la trentenaire célébrera les fêtes de fin d’année 2022 à Marrakech, avec des inconnues.
“Je me suis séparée cette année et j’avais envie de faire ce voyage à Marrakech depuis des années. Aujourd’hui je n’ai plus de contraintes donc je me suis lancée. J’ai peu de famille proche et j’aurais d’autres moments à partager avec eux”, explique celle qui ne voit “rien de triste ni de péjoratif” dans ce Noël à l’étranger, loin des siens.
Une possibilité de réveillonner différemment et sans prise de tête, grâce à un séjour de quatre jours, au prix de 350€ (billets d’avion non compris) : “Aujourd’hui il existe des solutions pour fêter Noël autrement, c’est à notre portée, la vie est courte et il faut en profiter”, précise Maeva, impatiente, qui s’envolera pour le Maroc le 23 décembre 2022.
Je fête Noël auprès de celles et ceux qui en ont besoin, avec une association
La précarité ne s’arrête pas pendant les fêtes. Ainsi, certain.es ont décidé de consacrer leurs Noël à s’engager auprès de celles et ceux qui en ont le plus besoin. C’est le cas de Claude, 55 ans, bénévole aux restos du cœur depuis plus de 7 ans. Aujourd’hui secrétaire générale de l’association, elle avait donné de son temps un soir de fête, il y a des années : “j’en garde un très bon souvenir. Il y avait de la musique, des chants. C’était un temps de convivialité, d’échange et de partage entre bénévoles et usagers”.
Pour celles et ceux qui souhaitent s’engager pendant les fêtes, Claude prévient : “c’est un public fragilisé dans des moments forts comme Noël. Mais c’est un moment important pour aider, les fêtes peuvent être un déclic pour découvrir le bénévolat, et regarder différemment ces publics”. Alors pour se mobiliser à Noël, rien de plus simple : “pour participer à un réveillon, un repas ou à une maraude, il faut aller sur le site des Restos et voir selon les besoins des associations locales. Vous pouvez vous engager sous forme de don ou en faisant du bénévolat”.
Mais alors que la précarité sociale a explosé ces derniers mois en raison de l’augmentation du coût de la vie, le bénévolat est d’autant plus vital pour ces associations : “depuis le Covid-19, on a constaté que sans l’engagement bénévole, la société ne serait pas là où elle en est aujourd’hui. Et c’est pour ça qu’on demande au gouvernement la mise en place d’un crédit d’impôt pour pérenniser le bénévolat”, conclut celle qui s’engagera encore cette année pour les plus démunis.
Je fête Noël avec des ami.es
La famille, c’est aussi celle qu’on se crée au fil des années. Alors fêter Noël auprès des siens peut aussi signifier célébrer les fêtes avec ses ami.es.
Et c’est ce qu’a prévu Joanna, 25 ans, étudiante en journalisme à Montpellier. Elle passe son 5ème Noël loin de ses proches et de sa famille, actuellement en Nouvelle Calédonie, son pays natal. Partie en métropole pour faire ses études de journalisme, elle va célébrer les fêtes de fin d’année dans la famille d’un ami, en Corse.
“Je n’y suis jamais allée, ce sera l’occasion de découvrir et de m’évader un peu”. Alors qu’elle effectue sa dernière année de Master dans le sud, Joanna s’est décidée à rester une nouvelle fois en France pour les fêtes, pour des raisons purement pratiques : “Le voyage est très long, l’avion peut durer 30 heures en moyenne. Et il y a le prix du billet, un aller-retour peut-être autour de 3000 € si on s’y prend à l’avance. Je ne peux pas faire ça à mes parents”.
Désireuse de profiter de Noël malgré tout, Joanna n’en oublie pas ses parents et sa solitude : “C’est difficile pour moi, surtout pendant les fêtes, car je suis partie très loin de chez moi pour mes études, à l’autre bout de la Terre. Et même s’il y a tes ami.es, cela ne change pas la réalité”.
Heureusement, c’est le dernier Noël pour la jeune femme loin de ses terres et de sa famille : “On a tous.tes de la famille, même si elle est éloignée. On ne doit pas oublier que ça existe. On finira par les retrouver”, conclut-elle.
Je fête Noël toute seule
En 2019, 4% des Français.es fêtaient Noël seul, selon l’IFOP. En 2020, du fait de la pandémie mondiale de Covid-19, la proportion de personnes isolées pendant les fêtes doublait et atteignait 10%. Mais bien que la solitude pendant les fêtes soit subie pour de nombreux Français.es, d’autres ont appris à l’appréhender de façon positive. “Beaucoup de gens n’ont pas de famille parfaite qui se retrouve à Noël”, explique Anna, 29 ans, assistante d’éducation à Paris.
Habituée depuis plusieurs années à passer le soir du 24 décembre seule, elle est épuisée de cette pression sociale qui impose le modèle de la famille réunie autour d’un bon repas les soirs de fêtes : “pendant tout le mois de décembre, on te met la pression pour que ce soit la meilleure fête de l’année, la fête de la famille. Il faut penser à faire les cadeaux, à savoir où est-ce que je serai, aux gens qui veulent nous voir”, détaille-t-elle exaspérée.
Alors la jeune femme a décidé de passer une nouvelle fois son réveillon du 24 décembre seule, à faire des photos de Paris : “la nuit du 24, je vais me balader dans Paris parce qu’il n’y a personne. Le froid, l’humidité, les lumières, tout est beau pour la photo. Au début, c’est un petit choc tout ce silence et ce vide. Mais après tu te retrouves seule avec toi-même. C’est le soir où je me sens le plus tranquille ».
Une sérénité qu’elle n’échangerait pour rien au monde, heureuse de ne plus subir cette pression des fêtes en famille.
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