Comment cohabiter avec un animal auquel on est allergique ?

  • D’où vient cette allergie ?
  • Quels sont les symptômes d’une allergie aux animaux ?
  • Comment est établi le diagnostic ?
  • Quels traitements peuvent être proposés ?
  • Quels sont les moyens de prévention ?
  • Existe-t-il des allergies croisées ?

Les réactions allergiques aux animaux sont de plus en plus fréquentes puisqu’elle concernent 3% de la population et arrivent en troisième position après les allergies aux acariens et aux pollens.

Quelques minutes après le contact avec l’animal, peuvent apparaître écoulement nasal, rougeurs des yeux, toux ou signes cutanés. Comment s’explique cette allergie ? Quels en sont les symptômes et comment la traiter ? Réponses avec la Docteure Noémie Gest, allergologue au Groupe Hospitalier Paris Saint-Joseph.

D’où vient cette allergie ?

Les allergènes des animaux se trouvent dans leurs poils, mais aussi dans leur salive, leurs urines, leurs squames et leurs glandes sébacées. « Comme ils sont très largement éparpillés par leurs propriétaires, on les retrouve partout, du canapé de la maison aux bancs des écoles en passant par les fauteuils du cinéma, des transports public et même à l’hôpital », explique l’allergologue.

À la suite du premier contact avec l’allergène, celui-ci pénètre par voie respiratoire et sensibilise le système immunitaire qui se retrouve déréglé et se défend vis-à-vis d’une substance a priori inoffensive. Les contacts suivants sont responsables de symptômes plus ou moins sévères liés aux réactions inappropriées des cellules du système immunitaire.

La réaction peut survenir plusieurs mois voire plusieurs années après le premier contact avec l’animal (de 6 mois à 4 ans). Mais elle peut aussi se manifester sans contact avec l’animal, la présence de poils, de déjections dans l’environnement ou sur des vêtements étant suffisante. Aussi, il semblerait que les contacts occasionnels soient plus « sensibilisants » que les contacts permanents.

« Par ailleurs, l’allergie peut persister six mois après le départ de l’animal du domicile », remarque l’allergologue.

Quels sont les symptômes d’une allergie aux animaux ?

« Les symptômes les plus courants de l’allergie aux animaux se traduisent par des réactions au niveau du nez et des yeux : rhinite, conjonctivite, irritation du nez, picotements, crises d’éternuements, nez qui coule, nez bouché, larmoiements, rougeurs, picotements, impression d’avoir une poussière dans l’œil », indique l’allergologue.

« Des manifestations cutanées comme de l’eczéma ou une urticaire peuvent également apparaître, ainsi que des manifestations respiratoires comme de la toux, une sensation d’étouffement et respiration sifflante qui font évoquer un asthme », détaille-t-elle.

Les relations de cause à effet sont faciles à établir lorsque l’apparition des symptômes est immédiate après le contact avec un animal. Dans d’autres cas, les symptômes ne surviennent qu’après un séjour prolongé dans un habitat abritant des animaux.

Comment est établi le diagnostic ?

  • Des tests cutanés

« Pour confirmer une allergie aux animaux, le médecin allergologue mène un interrogatoire poussé pour vérifier ce qui peut expliquer les symptômes d’allergie. Il va ensuite confronter son hypothèse aux résultats de tests cutanés rapides et peu douloureux qui se font dans son cabinet », ajoute la Docteure Noémie Gest.

L’allergologue dépose une goutte des extraits allergéniques sur l’avant-bras ou le dos. Il traverse ensuite l’allergène avec une fine aiguille pour le faire pénétrer dans la couche superficielle de la peau. C’est là que se trouvent les cellules qui vont libérer les substances responsables de la réaction allergique. Un quart d’heure plus tard, une papule apparaît si le test est positif.

  • Une prise de sang

Le dosage des anticorps  ou immunoglobulines E spécifiques d’allergènes peut également être réalisée lors d’une prise de sang. Ils permettent de confirmer l’identité d’allergènes détectés lors des tests cutanés ou lorsque ces derniers sont impossibles à effectuer.

Quels traitements peuvent être proposés ? 

Le traitement repose sur l’éloignement de l’animal responsable en le tenant à distance de la personne allergique. « Mais cela est souvent compliqué, voire inimaginable pour certains propriétaires », remarque la Docteure Noémie Gest.

« Lorsque l’éviction est impossible, la désensibilisation par un allergologue est alors envisageable : il s’agit d’habituer progressivement l’organisme en administrant des doses croissantes de l’allergène en cause par voie buccale, avec des gouttes d’allergènes », nous explique-t-elle.  L’effet protecteur de la désensibilisation se prolonge généralement plusieurs années après l’arrêt du traitement. 

« Des médicaments symptomatiques, c’est-à-dire traitant les symptômes de l’allergie, peuvent également être prescrits, comme : des gouttes pour les yeux, des sprays nasaux, ou des antihistaminiques, détaille la docteure. La biothérapie est aussi envisageable. »

Quels sont les moyens de prévention ? 

Plusieurs conseils sont donnés afin d’éviter une réaction allergique :

  • Choisir un animal à poils courts ou sans poils.
  • Laver son animal au moins deux fois par semaine en utilisant un produit de nettoyage contre les allergènes et le brosser tous les jours à l’extérieur du domicile. Demander à son vétérinaire quelle nourriture hydratera le mieux la peau de l’animal.
  • Laver ses mains après avoir touché, caressé et manipulé l’animal ou ses affaires (jouets, coussins).
  • Ne pas laisser l’animal nous lécher.
  • Passer l’aspirateur au moins deux fois par semaine dans le domicile et dépoussiérer les meubles et objets.
  • Éviter les tapis et autres tissus qui pourraient accumuler les allergènes et préférer le cuir, le plastique et le bois pour les meubles.
  • Aérer le domicile régulièrement.
  • Faire nettoyer deux fois ou plus chaque semaine les cages, bacs à litière et lits pour animaux par une personne (un proche, un voisin, un conjoint, un enfant) qui n’est pas allergique.
  • Isoler la litière du chat en la plaçant dans un placard, un coin de la maison ou à l’extérieur.
  • Laver les vêtements et tissus à l’eau chaude : elle est plus efficace pour faire disparaître les éléments allergènes.

Adopter un animal à plumes ou à poils est déconseillé lorsqu’une personne souffre d’asthme. D’une manière générale, l’animal entraine plus de saletés et de poussières dans le logement, ce qui peut avoir des conséquences négatives sur la fonction pulmonaire des personnes. Les poils d’animaux en soi sont une source d’irritation supplémentaire pour les voies respiratoires.

« Si une personne allergique souhaite adopter un chat, on lui recommande d’opter pour une femelle stérilisée, car selon les études, elles sont moins allergisantes que les mâles non castrés », nous explique l’allergologue. L’allergie aux chats venant des glandes de la peau régies par des hormones mâles, un chat mâle serait en effet 5 fois plus allergisant qu’une femelle. Les chatons seraient également moins allergisants d’où l’apparition des premiers symptômes seulement une fois l’âge adulte atteint.

Existe-t-il des allergies croisées ?

Il existe une allergie croisée porc-chat : certaines personnes allergiques aux chats ont également une allergie alimentaire à la viande de porc.

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