Comment bien faire la sieste ? Entretien avec un spécialiste du sommeil

On sait que le manque de sommeil a des répercussions sur notre santé. D’où l’intérêt de dormir – un peu – dans la journée. Une pratique dont certains ne peuvent plus se passer.

« Il faut l’adapter en fonction de sa dette de sommeil », Entretien avec Brice Faraut, chercheur en neurosciences et spécialiste du sommeil, auteur de Sauvés par la sieste, petits sommes et grandes victoires sur la dette de sommeil (Actes Sud).

La sieste correspond-elle à un vrai besoin ? 

Brice Faraut – Oui, c’est un besoin physiologique naturel et essentiel. Elle est inscrite depuis l’enfance dans notre horloge biologique, qui contrôle l’ensemble de nos rythmes, dont celui de la vigilance, plus faible en début d’après-midi. En réalité, nous disposons de plusieurs fenêtres de sommeil, toutes les deux heures. Mais celle située entre 12 heures et 16 heures, modulable selon notre chronotype (couche-tard ou lève-tôt), est particulièrement propice à l’endormissement. En moyenne, les Français se lèvent entre 6h30 et 7 heures. Et, après sept heures de veille, les individus sont naturellement soumis à une pression du sommeil qui s’accompagne d’une baisse de la température centrale. Ce n’est donc pas le déjeuner qui déclenche la sieste, même si le repas va accentuer le creux de vigilance ressenti. 

Quelle est sa durée idéale ? 

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Brice Faraut – Tout dépend, en définitive, de notre dette de sommeil et du bénéfice recherché. La sieste de dix minutes ou « power nap » (sieste éclair), à laquelle on devra ajouter dix minutes supplémentaires pour le temps d’endormissement, a un effet sur nos performances cognitives diminuées par une nuit trop courte. Elle possède l’avantage de ne produire qu’un sommeil lent, léger et garantit un réveil énergique.

Celle de vingt à trente minutes, dite thérapeutique, qui requiert donc entre trente et quarante minutes de disponibilité, s’adresse à ceux qui ne dorment pas assez depuis plusieurs nuits. A l’inverse de la sieste courte, elle produit quelques minutes de sommeil lent, profond et procure des effets plus durables sur notre vigilance mais aussi plus profonds sur notre organisme : elle renforce l’immunité, réduit les risques de maladies ou d’accidents cardio-vasculaires, atténue le stress et les douleurs. En revanche, on a plus de mal à émerger. Pour y remédier, on pourra prendre un café avant de s’endormir, qui agira à notre réveil.

Enfin, la sieste d’une heure et demie, qui correspond à un cycle de sommeil entier et qui peut se composer de trente à quarante minutes de sommeil lent profond, est la plus régénératrice. Elle permet de récupérer et s’adresse, par exemple, aux travailleurs de nuit ou aux personnes en grosse dette de sommeil. 

Et si l’on n’arrive pas à dormir, ces pauses sont-elles malgré tout bénéfiques ? 

Brice Faraut – En fermant les yeux, on isole le cerveau des stimuli extérieurs. Cette relaxation mentale, qui peut s’accompagner d’un relâchement de la posture, nous plonge dans un état à la frontière entre la veille et le sommeil. Cependant, elle n’a aucun effet sur le remboursement de la dette de sommeil. 

Y a-t-il des limites à l’exercice ? 

Brice Faraut – Il y a surtout quelques règles de bon sens. Par exemple, quelqu’un qui ne souffre pas de problèmes de sommeil devra éviter de faire une sieste trop tard afin de ne pas retarder son endormissement le soir venu. Par ailleurs, les personnes âgées dont l’état de santé est dégradé devraient éviter les siestes trop longues qui perturberont encore plus leur rythme biologique entre le jour et la nuit.

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