Coline Berry, qui accuse Richard Berry d’inceste : "J’ai toujours eu très peur de mon père"
« Ce que je veux, c’est la reconnaissance. Cela ne m’apporterait rien qu’il soit condamné. » Dans un entretien accordé à franceinfo, publié ce lundi, Coline Berry-Rojtman revient sur la plainte qu’elle a déposée contre père, l’acteur Richard Berry, pour « viols et agressions sexuelles sur mineur de 15 ans par ascendant » et « corruption de mineur ». Elle l’accuse d’inceste, entre 1984 et 1986, lorsqu’il habitait avec sa compagne de l’époque, l’actrice Jeane Manson.
Auprès du site d’informations, Coline Berry-Rojtman, agente artistique âgée de 45 ans, explique pourquoi elle a porté plainte alors que les faits sont prescrits. Le 11 février, elle a été entendue pendant six heures comme témoin par la brigade des mineurs de Paris, dans le cadre d’une enquête préliminaire.
Obtenir « la reconnaissance des faits »
« J’ai besoin de la reconnaissance des faits. Je n’ai jamais eu besoin qu’elle s’effectue soit par un procès, soit par un rapport privé entre mon père et moi », explique-t-elle à franceinfo. « Ce que je veux, c’est la reconnaissance. Cela ne m’apporterait rien qu’il soit condamné. J’ai simplement besoin que la réalité, la vérité soient mises en face, que la loi soit mise en face de ce que j’ai vécu. »
Coline Berry-Rojtman révèle que la lecture de La familia grande, où Camille Kouchner accuse d’inceste son beau-père, le politologue Olivier Duhamel, l’a notamment encouragée à parler : « Je l’ai ressenti physiquement, c’est-à-dire que c’était ça ou j’en crève, en fait. »
Je l’ai ressenti physiquement, c’est-à-dire que c’était ça ou j’en crève, en fait.
Pour elle, le fait que Camille Kouchner ait parlé alors que les faits étaient aussi prescrits, rappelle que le « besoin » de parler, pour les victimes, « surtout dans des cas d’inceste, […] ne vient pas forcément au moment des faits. »
« Il n’y a pas de raison à un moment donné qu’on ne puisse pas se délester de ça sous prétexte que l’on n’est pas dans le bon nombre d’années parce que la loi n’est pas rétroactive », défend Coline Berry-Rojtman, parlant d’une « forme d’injustice ». « À un moment, il y a une révolte et une colère qui a été plus forte chez moi. »
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Peur de son père
Coline Berry-Rojtman accuse ensuite son père de l’avoir fait participer à des « jeux sexuels » avec Jeane Manson. Elle lui reproche de « minimiser les faits » : « Quelle que soit la posture qu’il avait, je n’arrivais jamais à la reconnaissance des faits », regrette-t-elle. « Ce déni, c’est encore une destruction qui vient s’ajouter à la déchirure que je vis depuis toutes ces années. » Un déni qui a été son deuxième déclencheur pour se décider à porter plainte.
Richard Berry nie, en effet, les accusations d’inceste portées par sa fille aînée. Il les qualifie de « mensonges et accusations immondes ».
J’ai toujours eu très peur de mon père, ça, c’est sûr, de sa violence, de beaucoup de choses.
Coline Berry-Rojtman raconte aussi la peur qu’elle ressent envers son père : « J’ai toujours eu très peur de mon père, ça, c’est sûr, de sa violence, de beaucoup de choses. » Auprès du Monde, Richard Berry a reconnu des faits de violences conjugales envers Jeane Manson, et Catherine Hiegel, la mère de Coline Berry-Rojtman.
Une peur souvent rejointe par d’autres émotions : « Quand je pense à mon père, il y a toujours… Ce sont des émotions bouleversantes à chaque fois. Il y a l’amour que je lui porte et il y a le dégoût, la colère. Tout est mêlé, en même temps, ce n’est pas noir ou blanc », relate cette mère de trois enfants à franceinfo.
Difficultés à porter plainte
Auprès du site d’informations, Coline Berry-Rojtman souligne en quoi l’inceste rend la prise de parole très difficile, à cause du lien intime à l’agresseur : « Quand on dit qu’on va dénoncer, on a l’impression, et c’est aussi ce que votre entourage vous renvoie, qu’on va faire du mal, en plus à une personne qu’on aime », explique-t-elle. « Ce n’est pas un étranger qui vous a agressé que vous dénoncez. »
Elle évoque « la peur de faire du mal à d’autres que soi » : « Pas qu’à mon père, à ma famille, à mes grands-parents. Ma grand-mère me disait d’attendre qu’il soit mort, parce que voilà, on fait tout exploser. »
« Peut-être, oui, que ça va lui faire du mal », déclare Coline Berry-Rojtman à propos de son père. « […] Mais c’est surtout que le mal que moi, ça m’a fait, est devenu plus fort que celui que j’avais peur de lui infliger. »
Ma grand-mère me disait d’attendre qu’il soit mort, parce que voilà, on fait tout exploser.
Une enquête du Monde a révélé que le clan Berry s’était surtout rallié à l’acteur lorsque sa fille aînée a formulé pour la première fois ses accusations d’inceste, en 2014. L’actrice Marilou Berry, cousine de Coline Berry-Rojtman, affirme qu’elle et son père, l’artiste Philippe Berry, frère du comédien, ont été les seuls à la soutenir.
Concernant la notoriété de son père, elle affirme avoir eu conscience que sa plainte n’allait « pas être passée sous silence » : « J’exposais aussi ma famille, mes enfants, à une médiatisation qui est lourde à porter. Mais les effets secondaires négatifs sont moins importants que le bénéfice que je pense être à l’issue de cette démarche. »
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