Co-allaitement : quelle est cette pratique d'allaitement peu connue ?

Après la naissance d’un deuxième bébé, certaines mamans continuent d’allaiter leur premier enfant en plus du nouveau-né. Cette pratique dont on parle peu est appelée « co-allaitement ». Quels sont ses bienfaits ? En pratique, comment ça se déroule ? Les consultantes en lactation certifiées IBCLC, Marion Guerin et Aubrey Richardson-Biais, nous éclairent.

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On le sait : il est possible d’allaiter des jumeaux séparément ou en tandem. Cette pratique ne se limite pas uniquement aux bébés nés d’un même accouchement. Certaines mères allaitent en même temps plusieurs enfants d’âge différents. Selon les consultantes en lactation certifiées IBCLC, Marion Guerin et Aubrey Richardson-Biais, ces enfants peuvent téter ensemble ou l’un après l’autre. C’est ce que l’on appelle le co-allaitement.

Cette pratique est peu connue du grand public. Pourtant, certaines femmes le font naturellement, sans forcément en parler à un professionnel de santé, car elles ne désirent pas sevrer leur enfant. En général, cette situation se présente lorsqu’une maman allaitante, qui a déjà un premier enfant, tombe de nouveau enceinte pendant que l’aîné tète toujours au sein. « Bien souvent, l’allaitement d’un enfant se poursuit après que le bébé suivant soit né », indique la consultante en lactation Marion Guerin.

Quels sont les avantages et les inconvénients du co-allaitement ?

Co-allaiter deux enfants d’âge différents peut avoir de nombreux bienfaits à la fois pour la mère et les enfants. Marion Guerin indique que la montée de lait survient en principe plus rapidement lorsqu’une naissance a lieu. Dans ce cas, l’aîné pourra assurer un drainage optimal du sein. Le co-allaitement peut aussi soulager l’engorgement des seins. D’après Aubrey Richardson-Biais, certains parents estiment que cette pratique permet de renforcer l’immunité de l’aîné, ce qui lui évite de développer certaines maladies. Le co-allaitement permet également aux enfants de partager ensemble des tétées et des siestes.

En ce qui concerne les inconvénients, certains parents signalent qu’il est parfois difficile de trouver un rythme de tétées qui puisse convenir aux deux enfants. Les mamelons de la mère peuvent aussi être plus sensibles pendant la grossesse. « Certaines mamans peuvent ressentir une aversion à un moment donné pendant le co-allaitement. Cela est tout à fait normal. Les facteurs qui peuvent déclencher ce phénomène sont par exemple le manque de sommeil ou encore la difficulté à supporter le contact physique induit par l’allaitement », développe Aubrey Richardson-Biais. Dans ce cas, elle recommande aux mamans de discuter avec l’aîné afin d’établir des limites autour de la tétée.

Comment pratiquer le co-allaitement ?

D’après Marion Guerin, il n’existe pas de règles dans le cadre du co-allaitement. Il convient d’être motivée et organisée pour le pratiquer. La mère peut décider d’allaiter l’aîné durant la grossesse et de poursuivre l’allaitement après la naissance du nouveau-né. Elle doit veiller à toujours donner la priorité au plus jeune, en particulier pendant les premiers jours qui suivent l’accouchement, lors de la phase colostrale. Cette phase correspond à la période durant laquelle le colostrum, à savoir un liquide translucide riche en protéines et en anticorps, est sécrété par la glande mammaire avant la montée de lait.

Un sevrage est aussi possible durant la grossesse. Plusieurs raisons peuvent amener la maman à sevrer l’aîné durant cette période. Elle peut décider de le faire car elle a une sensibilité accrue et ne souhaite pas poursuivre l’allaitement. L’enfant peut aussi refuser le sein car les quantités de lait produites diminuent ou le lait mature devient plus salé à l’approche de la naissance. L’aîné pourra demander à téter de nouveau lorsque la montée de lait se produira et partager les tétées avec son frère ou sa sœur.

« Chaque enfant doit trouver son rythme pendant la grossesse et après la naissance du nouveau-né », spécifie la consultante en lactation.

Co-allaitement : pendant la grossesse, cette pratique est-elle dangereuse pour le fœtus ?

« Aucune étude ne prouve qu’allaiter un enfant durant la grossesse est dangereux pour le fœtus. Le cas des mamans en menace d’accouchement prématuré, ayant eu des antécédents de fausse couche ou les grossesses de multiples sont à prendre au cas par cas, sous la vigilance des spécialistes encadrant la grossesse », explique Marion Guerin.

Co-allaitement : le nouveau-né aura-t-il assez de lait si l’aîné tète aussi ?

Les deux consultantes en lactation affirment que le deuxième enfant aura suffisamment de lait et que le co-allaitement n’aura aucun impact sur la croissance des deux enfants car la lactation s’adapte aux besoins nutritionnels des deux bébés. Selon Aubrey Richardson-Biais, cela a été prouvé par une étude publiée le 19 janvier dernier dans la revue scientifique Nutrients. « De plus, les chercheurs ont constaté que la concentration de graisses, de protéines et de valeurs énergétiques étaient plus élevée durant le co-allaitement », détaille-t-elle.

Co-allaitement : comment la mère peut-elle vivre cette situation particulière ?

« La période du post-partum demande de nombreux ajustements et la mère pourrait ressentir des émotions ambivalentes vis-à-vis de l’allaitement de l’aîné. Elle pourrait avoir spontanément envie de répondre plus favorablement aux besoins du nouveau-né. Cela est parfaitement normal car il faut parfois du temps pour trouver son rythme », développe Marion Guerin. Elle conseille aux mamans qui souhaitent co-allaiter d’accueillir leurs émotions car il s’agit de la meilleure solution pour que chacun trouve sa place et son équilibre.

Merci à Marion Guerin et Aubrey Richardson-Biais, consultantes en lactation

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