Cinéma week-end. Adrien Mérigeau et son court métrage d’animation "Genius Loci" en lice pour les Oscars
Vous avez été notamment directeur artistique sur Le Chant de la mer, réalisateur de films courts désormais. La prochaine étape, c’est forcément de diriger un long métrage ?
J’ai vraiment pris goût à ce langage que j’ai développé sur Genius Loci, qui est langage un peu expérimental, qui allie le côté plus traditionnel, narratif de l’animation, et symbolique des contes de fées, avec un langage plus expérimental, moderne, un peu influencé par l’art contemporain. Et ce mariage-là, je l’aime beaucoup, et sous la forme de Genius Loci, j’ai l’impression de l’avoir juste commencé. Et si c’est possible de faire un long métrage avec ce langage-là, ça serait vraiment mon rêve.
Après, le long métrage c’est quand même une contrainte particulière, une contrainte financière, mais aussi une contrainte géographique : souvent, c’est quatre ou cinq studios européens qui s’allient pour faire un long métrage. Donc, c’est pas aussi évident de travailler sur une forme qui est libre comme celle-là, mais ce serait vraiment mon rêve.
La situation actuelle du cinéma, avec ces salles fermées, des films qui arrivent pour certains directement en ligne, elle vous affecte autant que les autres ? Ou le fait de faire du court métrage et de l’animation, ça vous en préserve un peu ?
On est très affectés par la fermeture des cinémas, surtout au niveau des festivals, parce que dans les courts métrages, notre principale manière d’être visible, c’est dans les festivals de courts métrages, de live, d’animation. C’est vraiment ça, notre visibilité. Et comme il y en a énormément qui se sont passés en ligne, ce n’est pas du tout la même dynamique. Après, c’est vraiment super que beaucoup de festivals aient pu s’arranger et quand même trouver un public. Après, ça remplace vraiment pas l’expérience d’accompagner le film en festival, mais par contre, on n’a pas la même contrainte financière, ça, c’est sûr. C’est moins de pression pour les auteurs de courts métrages, mais on est quand même très, très affectés. On a tous autant hâte que les cinémas rouvrent.
Enfin les deux derniers Pixar, Soul et Luca, qui sortent directement en ligne, qu’on ne peut pas découvrir en salles, ça vous fait un petit pincement au coeur ?
C’est vraiment dommage. Après, ça me fait moins un pincement au coeur que pour des films plus indépendants, qui sont faits par le milieu de l’animation que je connais, le milieu plutôt européen. Ça me fait d’autant plus mal, surtout que j’ai l’impression que les films de Pixar sont des films qui arrivent à s’adapter à une distribution en ligne, un peu plus que les films plus indépendants. C’est vraiment tragique.
Moi, ce qui m’intéresse plus, c’est la forme de l’animation qui est plus pour adultes. Les films de Pixar, finalement, je les consomme un peu comme le grand public. C’est quelque chose que j’adore voir. Je suis vraiment admiratif de ce qu’ils font là-bas, mais j’ai l’impression qu’il n’y a pas énormément de lien entre ce qu’on fait dans l’animation en 2D indépendante, et ce que font les équipes de Pixar sur leurs longs métrages.
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