« Chui vraiment arrivé au max »… Le rappeur Lorenzo prend sa retraite
- Le rappeur Lorenzo sort son quatrième et dernier album Légende vivante ce vendredi.
- L’artiste a démarré une carrière éclair il y a six ans et va mettre un terme à son personnage déjanté.
- Pour son dernier disque, le rappeur de Rennes a lancé 100 éditions différentes et propose même un featuring avec Jean Dujardin où il étrille son père.
L’empereur du sale s’apprête à rendre sa couronne. Six ans après la sortie de son Freestyle du sale qui l’avait fait connaître sur la Toile, Lorenzo s’apprête à livrer son quatrième album intitulé Légende vivante ce vendredi. Son meilleur, selon lui. Mais aussi le dernier, qu’il bouclera avec une grosse tournée en 2023. « Ouai c’est finit jpense que chui vraiment arrivé au max de mes capacités j’ai enfin passer le niveau 100 tu vois. Si j’en refaisais un autre après il serait moins bien que celui la, c’est la fin du film tout les bonne chose on une fin. Sauf la weed mdr », nous a répondu le rappeur pour expliquer ce départ précipité à la retraite.
Toujours difficile à cerner derrière son personnage provocateur, misogyne et « foncedé », Lorenzo n’a jamais donné une interview « sérieuse », préférant se ranger derrière son bob Game Boy Color, ses grosses lunettes et sa moustache. Mais tous ceux que nous avons interrogés le disent : le garçon est un type bien. C’est surtout un artiste brillant qui a renversé la scène rap française par ses idées. Pour cet album, il a sorti 100 éditions différentes, dont une fournissant un kit complet pour rouler des joints. « Il est super innovant, il casse les codes. Il pousse les délires au maximum et surtout, il va au bout », explique Emmanuel Lebarbier, patron de Difyd2c qui gère le merchandising du prodige rennais.
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Avant de sortir de sa lampe, le génie Lorenzo en a pourtant bien bavé. S’il n’a jamais parlé de son enfance, le rappeur en dit beaucoup dans son titre Le Daron où il fait intervenir Jean Dujardin (eh ouai mamène). « Mon père buvait tout son RSA. Il trompait ma mère, la frappait. Mon père n’était qu’une merde. J’ai jamais revu ce gars, même pas de message, pas un appel. J’ai grandi seul avec un ballon sur un parking donc c’était pas la teuf. » Dans ce morceau monstrueux, on apprend que c’est son père qui lui a offert le fameux bob Pikachu avant de se barrer quand il avait 5 ans. Lorenzo ne l’a jamais revu. Né à Brest il y a vingt-huit ans sous le prénom Jérémie, le gamin avait rapidement échoué à Rennes. C’est dans les salles de cours de l’immense lycée Bréquigny qu’il se fait pote avec plusieurs membres de ce qui deviendra le collectif Columbine. Doué avec la caméra, il met en scène les clips de ses potes avec brio. « Quand il commence, il n’y a rien, il fait tout très vite. Et la première fois qu’il joue, il remplit L’Étage [1.000 places] pour son premier concert. Il est excellent, il a toujours su gérer son image », témoigne Matthieu Gervais, programmateur des Trans Musicales de Rennes.
« On s’est promis de faire du sale toute notre vie »
Depuis ses débuts en 2016, Lorenzo partage sa vie avec son « poto Rico » avec qui il tourne tous ses clips. Un improbable duo qui oscille entre le rap vénère et la dance dans un style inclassable. « On s’est rencontré à l’école quand on était petit, j’étais en train de goumé [frapper] un mec qui cassait les couilles et il m’a demandé s’il pouvait jouer avec moi, j’ai dit oui et on l’a éclaté à deux. De là, on s’est promis de faire du sale toute notre vie », explique le fameux Rico. A-t-il pris la grosse tête ? « Ouais la plus grosse que j’ai vu, mais j’ai kiffé. »
En six ans, « Lolo » a tout renversé, s’invitant sur les plus grosses scènes françaises pour tout retourner. « On n’avait jamais vu ça », se souvient Jeanne Rucet. En 2018, la programmatrice des Vieilles Charrues avait vu le phénomène faire exploser la scène Grall. « C’était noir de monde, les retours étaient incroyables. » Elle aussi loue les qualités professionnelles du garçon et de sa troupe.
« Rien n’est laissé au hasard, contrairement à ce qu’on pourrait croire ». Mais comment expliquer le succès d’un type qui ne parle que d’herbe et de sexe ? « Lorenzo, tu as l’impression que c’est ton pote, le gars avec qui tu passes tes soirées », avance la programmatrice. Il est tellement fort qu’il a même injecté l’expression « mamène » dans le vocabulaire des moins de 30 ans.
L’album dont il est le plus fier
A l’aube de la sortie de son quatrième album, le rappeur est tout sauf inquiet. Les préventes lancées depuis quelques semaines ont explosé et il est déjà certain que le disque sera de platine. « Déja moi au début je pensais que c’était le meilleur. Et puis on l’a envoyé à plein de pote et tout le monde disait que c’était mon meilleur tu vois. Du coup ca m’a donné la rage pour le finir bien propre. En tout cas c’est mon album dont je suis le plus fier ca c’est sur », explique l’artiste dans son style caractéristique. Avant de tirer sa révérence, l’empereur du sale ne s’est pas privé pour régler les comptes de la planète rap. Dans le titre Légende vivante qui a donné son titre à l’album, Lorenzo étrille la concurrence. « C’est clairement mon meilleur son de « rap ». Y’a autant de punchline dans ce son que dans la plupart des discographie des autres rappeur », tacle le Rennais.
La question à laquelle nous n’avons pas vraiment eu de réponse, c’est de comprendre pourquoi il s’arrêtait. Beaucoup murmurent que le personnage est lourd à porter tant il demande de l’énergie. Lorenzo voudrait-il se reposer ? Lui refuse de s’en expliquer. « J’veux pas tourner la page en fait j’veux juste bien finir le livre. La c’est le dernier chapitre et comme dans toute les bonne histoire c’est surement le plus important. » La fin du bouquin s’écrira sur les plus grandes scènes françaises en janvier, février et mars pour une tournée d’adieu que Lorenzo et Rico ont déjà bien bossé. Alors, ce sera comment ? « Légendaire ». Éternelle modestie.
« 20 secondes » de contexte
Vous avez mal aux yeux après la lecture de cet article ? C’est normal. Dans son personnage, Lorenzo ne répond que dans son langage version texto, sans ponctuation ni orthographe. Il l’a toujours fait ainsi. L’artiste ne prend jamais d’interview par téléphone et ne répond que par mail ou parfois en vidéo. Comme à chaque fois que nous l’avons interrogé, 20 Minutes a choisi de garder la syntaxe d’origine, plus respectueuse de l’oeuvre de Lorenzo. Et désolé Bernard Pivot.
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