Chiquita : tout savoir sur le guépard de Joséphine Baker
Artiste libre, excentrique et engagée, l’égérie des Années folles a partagé sa vie, la scène et la célébrité avec son guépard.
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Le 12 avril 1975, Joséphine Baker s’éteint à Paris, juste après avoir célébré sur scène ses 50 ans de carrière. Lors de ses funérailles à l’église de la Madeleine un hommage unanime lui est rendu. Danseuse iconoclaste à son arrivée en France, l’Américaine de naissance est devenue une icône de son époque. Célébrée pour son engagement dans la Résistance et la défense des droits civiques, elle n’a jamais perdu sa vitalité ni son excentricité. Parmi les images qui restent d’elle, plusieurs la montrent avec son guépard Chiquita, comme un symbole de liberté.
L’exil contre le racisme
« Un jour, j’ai réalisé que j’habitais dans un pays où j’avais peur d’être noire. Je me suis sentie libérée à Paris. » C’est ainsi que Joséphine Baker parle de l’exil qui a changé sa vie. Née en 1906, à Saint-Louis (Missouri), d’un père blanc d’origine espagnole et d’une mère aux racines noires et amérindiennes, Freda Josephine McDonald souffre très tôt de la misère et du racisme. Elle commence à travailler à 8 ans, se marie à 13 ans, divorce puis se remarie à 15 ans, avec Willie Baker dont elle garde le nom. Attirée par le spectacle depuis son plus jeune âge, elle donne ses premières représentations dans une cave, sur une scène faite de caisses et de chiffons. A 16 ans, elle divorce une deuxième fois et part tenter sa chance à New York dans différentes troupes. Sa rencontre avec Caroline Dudley Reagan fera basculer son destin… Croyant dans le talent de Joséphine, cette mondaine l’emmène à Paris, où son mari monte le spectacle qui fera d’elle une star : la Revue nègre.
En 1925, deux jours après son arrivée en France, elle entre en scène au théâtre des Champs-Elysées, presque nue, se contorsionnant et roulant des yeux au rythme d’un charleston. De music-halls en cabarets, le triomphe est immédiat. « Ce n’est pas une femme, ce n’est pas une danseuse, c’est quelque chose d’extravagant et de fugitif. Les sons de l’orchestre ont l’air de sortir d’elle-même », écrit un critique de l’époque. Aux Folies-Bergère, en 1927, elle devient meneuse de revue, vêtue d’une ceinture de bananes.
Son guépard, Chiquita, l’accompagne partout
Séduisante, instinctive, Joséphine Baker est la coqueluche du Tout-Paris. Notamment grâce à Henri Varna, directeur du Casino de Paris, et au musicien Henri Scotto qui lui écrit son plus grand succès en 1930 : J’ai deux amours… Le même Varna lui offre un guépard, Chiquita, pour l’accompagner sur scène et dans le privé. Elle le promène en laisse à Deauville ou sur les Champs-Elysées, vêtue d’une robe à ocelles ou d’un manteau de fourrure. Avec lui, elle devient une « people » avant l’heure. Son affection pour les animaux est au demeurant profonde : carlins, chats, chèvre, cochon… gambadent dans sa maison du Vésinet. Elle raconte même que, dans sa jeunesse, les animaux d’un zoo ont été ses meilleurs professeurs de danse. Elle joue au cinéma avec Jean Gabin, les couturiers croquent sa silhouette, les femmes copient sa coiffure. De curiosité exotique, elle devient vedette.
Une militante engagée
Une longue tournée dans trente pays ne lui vaut pas le même succès. Aux Etats-Unis, notamment, elle est toujours victime de préjugés raciaux. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle s’engage comme infirmière pilote, puis dans les services secrets des Forces françaises libres. On l’envoie en mission en France, Afrique du Nord et Italie. Elle reçoit la Légion d’honneur, la Croix de guerre et la médaille de la Résistance pour son héroïsme. Par la suite, elle se consacre à la lutte contre le racisme, notamment dans son pays d’origine entre 1947 et 1964. Avec son cinquième mari, elle achète le château des Milandes (XVe siècle) en Dordogne. Ne pouvant pas avoir d’enfant, elle adopte symboliquement douze orphelins d’horizons et de religions différents. Plus tard, criblée de dettes, elle reprend sa carrière artistique, mais doit se résoudre à vendre sa propriété. La princesse Grace de Monaco, son amie, lui offre un logement à Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes). Sauvée de la ruine, c’est pour le plaisir qu’elle remonte sur scène en 1975, un demi-siècle après ses débuts. « J’aimerais mourir à bout de souffle, épuisée, à la fin d’une danse ou d’un refrain », avait-elle dit un jour. Son vœu sera exaucé.
De gros félins de compagnie…
Salvador Dali a possédé un ocelot et le boxeur Mike Tyson, un tigre blanc. Les guépards, eux, restent très à la mode aujourd’hui encore dans les pays du Golfe (Arabie saoudite, Qatar…). Et l’ONG internationale Cheetah Conservation Fund signale que 300 bébés guépards passent en contrebande chaque année dans la péninsule arabique. En un siècle, la population mondiale a chuté de 100.000 à quelque 7.500 individus.
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Article paru dans le numéro Femme Actuelle Jeux Animo n°6 de mars-avril 2021
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