"Chemins de liberté" : une autobiographie et un coffret signés Yves Duteil
Lorsque Prendre un enfant a été sacrée « Plus belle chanson du vingtième siècle » par le public en 1988, vous dites : « Elle symbolisait un engagement dont je n’avais pas appréhendé l’importance. Faire l’apologie de la douceur peut être le combat d’une vie« . C’est la base de votre vie ?
Oui. cela a agi comme un révélateur. À partir du moment où on vous dit que vous êtes l’auteur qui a écrit la plus belle chanson du vingtième siècle, c’est un choc. Vous vous dites, mais pourquoi pas Souchon ? Pourquoi pas Julien Clerc ? Pourquoi pas Barbara, Brel, Piaf, Trenet, Brassens ? Je passais devant tous ces gens-là. Imaginez ce qu’on peut ressentir quand on a l’âge que j’avais à ce moment-là !
Ça a été un vrai traumatisme et j’ai mis du temps à m’en remettre et j’ai fini par émerger en me disant « mais tout ce que je décris dans ces chansons jusqu’à maintenant, est-ce que je suis l’homme de ça ? » Et quand un engagement est passé à portée de main, je l’ai attrapé et suis passé à l’acte. C’est là que je me suis vraiment engagé dans l’existence comme un citoyen responsable, en me disant que cette notoriété que le public vient de me donner, je vais essayer de la mettre à son service et de lui renvoyer la lumière qu’il a dirigé sur moi comme si j’étais un miroir et pas simplement un trou noir dans l’espace qui absorbe la lumière.
Quelle place occupe Prendre un enfant dans votre vie alors ?
C’est elle qui m’a permis de rencontrer le grand public. C’est un des arbres remarquables que j’ai eu la chance d’avoir dans ma forêt et donc les fruits qu’il apporte sont toujours innombrables : Joan Baez chante cette chanson, puis, elle devient la chanson du combat pour la défense des enfants, des marches blanches pendant l’affaire Dutroux en Belgique. Elle sera aussi chantée à Beyrouth après l’attentat contre la force d’interposition française.
C’est comme si la douceur venait en soin de la douleur, c’est ça que représente cette chanson. Je suis devenu malgré moi un militant de la douceur.
à franceinfo
Comment vous définissez-vous ?
Dans ce qui compte le plus pour moi, je crois que c’est la création artistique et j’aime bien quand les Québécois vous disent que vous êtes un chanteur-poète.
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