Charlotte Le Bon flirte fait planer des fantômes sur son « Falcon Lake »
- Des adolescents en vacances au Canada se sentent visités par une étrange présence.
- « Falcon Lake » évolue aux frontières du fantastique de façon envoûtante.
- Charlotte Le Bon signe un premier long métrage aussi réussi que fascinant.
Charlotte Le Bon signe un petit bijou avec le sensible Falcon Lake, son premier long métrage présenté à la Quinzaine des réalisateurs cannoise puis au Festival de Deauville. Les amours timides de deux adolescents (la débutante Sara Montpetit et Joseph Engel, découvert chez Louis Garrel) se mêlent à une histoire de fantôme au bord d’un lac canadien.
« Mon film flirte avec le Fantastique, explique Charlotte Le Bon à 20 Minutes. J’adore le monde du paranormal qui offre un puits inépuisable pour l’imagination. » Celle de ses jeunes héros s’emballe tandis qu’ils vivent leurs premiers émois d’adultes en se laissant happer par un univers envoûtant qui évoque encore des contes enfantins.
Entre « Take Shelter » et « Ghost Story »
Ce premier long métrage est très librement inspiré d’Une sœur, bande dessinée de Bastien Vivès parue chez Casterman. Il fait naviguer le spectateur entre la réalité et l’imaginaire jusqu’à brouiller les lignes de sa perception. L’atmosphère « habitée » du paysage lacustre renvoie au moment délicat entre l’enfance et l’âge adulte où tout est encore porteur de mystères et de dangers. « J’ai connu la mort très tôt dans ma vie parce que je n’avais que 10 ans quand j’ai perdu mon père, confie Charlotte Le Bon. Je pense que cela explique pourquoi j’ai ressenti le besoin d’en faire quelque chose de joli. » L’angoisse d’une présence inexpliquée, qui pourrait être celle d’un noyé, pèse sur les cœurs de protagonistes touchants jusqu’à un dénouement surprenant.
« Pendant tout le film, il y a une légende de fantôme qui plane autour des personnages, insiste Charlotte Le Bon. Ils sentent sa présence sans pouvoir expliquer le phénomène. » Ce spectre qu’on ne voit jamais vraiment hante les vacances de ces jeunes au cours d’un été qui changera leur destin. « Je vois les fantômes comme des gens qui ne sont pas tout à fait passés de l’autre côté », explique Charlotte Le Bon. Cette impression de destinée suspendue et de drame que le public attend de voir exploser en un coup de tonnerre le tient constamment en haleine. « Pour mon film, j’ai pensé à Take Shelter de Jeff Nichols et à A Ghost Story de David Lowery, deux œuvres qui font entrer le Fantastique dans le quotidien, » insiste-t-elle.
Avec Falcon Lake, Charlotte Le Bon révèle une belle nature de cinéaste aussi à l’aise pour décrire les fêtes que vivent ses héros que pour les plonger dans une tragédie poignante. Les amoureux de l’univers de la réalisatrice pourront prolonger l’expérience avec une superbe exposition à la galerie Item dans le 14e arrondissement de Paris.
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