Chaque année en France, 50 à 100 femmes décèdent d’une cause liée à la grossesse

C’est un phénomène rare mais dramatique : chaque année en France, 50 à 100 femmes meurent d’une cause liée à la grossesse, à l’accouchement ou à leurs suites, soit environ un décès tous les quatre jours.

C’est ce que révèle le 6ème rapport de l’Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles, menée entre 2013 et 2015 et publiée ce mercredi 6 janvier par l’Inserm en collaboration avec Santé Publique France. 

La mort maternelle, un phénomène rare 

Est considéré comme une mort maternelle, le décès d’une femme qui survient au cours de la grossesse ou jusqu’à un an après l’accouchement.

« En France cet évènement est devenu rare mais est reconnu comme un indicateur de surveillance de la santé maternelle et donne une information non seulement sur le risque attribuable à la grossesse et à l’accouchement, mais aussi sur la performance du système de soins », note le rapport.

Cette surveillance est confiée à un Comité national d’experts sur la mortalité maternelle, constitué de gynécologues-obstétriciens, anesthésistes-réanimateurs, sages-femmes, spécialiste de médecine interne et épidémiologistes.

Entre 2013 et 2015, 262 décès maternels ont été identifiés en France, ce qui représente 87 femmes décédées par an, soit une tous les quatre jours en moyenne.

Ce chiffre est considéré comme stable par Santé Publique France et l’Inserm, qui indiquent qu’il ne varie pas en comparaison avec les deux périodes de surveillance précédentes (2010-2012 et 2007-2009) et se situe dans la moyenne Européenne.

Néanmoins, « une amélioration est encore possible, car plus de la moitié des décès maternels sont considérés comme probablement ou possiblement évitables et dans deux tiers des cas, les soins dispensés n’ont pas été optimaux« , constate le rapport. 

Les principales causes de mortalité identifiées

Les maladies cardiovasculaires sont devenues la première cause de mortalité maternelle. Elles sont responsables de 36 décès sur la période 2013-2015, soit 13,7 % des décès maternels.

Vient ensuite le suicide qui a touché 35 femmes, soit 13,4 % des décès avec une moyenne d’une mort par mois.

L’embolie amniotique (passage du liquide amniotique dans la circulation sanguine maternelle lors de l’accouchement, ndlr) reste de son côté à un niveau stable par rapport à la dernière période et se place en 3ème place parmi les causes de mortalité sur cette période. Elle est responsable de 28 morts maternelles.

Le rapport révèle également que “pour la première fois depuis la première enquête confidentielle, les hémorragies obstétricales ne sont plus la première cause de mortalité maternelle et la fréquence de cette cause de décès a été diminuée par 2 en 15 ans”. Elles représentent 8 % des décès, soit 28 morts maternelles et révèlent “une mobilisation efficace de l’ensemble de la communauté obstétricale pour en améliorer la prise en charge”.

Des facteurs de risques marqués par les inégalités

  • L’âge

Le risque de mortalité maternelle augmente avec l’âge des femmes à partir de 30 ans. Il est même multiplié par quatre après 40 ans par rapport aux femmes de 25 à 29 ans.

  • L’obésité

La présence d’une obésité est aussi un facteur de risque notable. Parmi les morts maternelles, 24,2 % sont survenues chez des femmes obèses, soit une proportion deux fois plus grande que dans la population générale des parturientes.

  • Disparités sociales et territoriales

Le rapport souligne la persistance des disparités sociales et territoriales. Ainsi, la mortalité des femmes migrantes est plus élevée, notamment pour les femmes nées en Afrique subsaharienne dont le risque est 2,5 fois celui des femmes nées en France.

Deux zones se distinguent par un niveau de mortalité maternelle plus élevé : les DOM et l’Île-de-France. Les femmes résidant dans les DOM présentent un risque de mortalité maternelle multiplié par 4,0 par rapport à celles de métropole.

En France métropolitaine, l’Île-de-France se distingue avec un niveau de mortalité maternelle supérieur de 55 % à celui de l’ensemble des autres régions.

« 26,5 % des morts maternelles sont survenues chez des femmes présentant au moins un critère de vulnérabilité socio-économique« , indique également l’enquête. 

Améliorer la prévention et le suivi médical de la femme enceinte 

Santé Publique France et l’Inserm ont émis des recommandations à destination des professionnels, mais aussi des particuliers. Au total, ce sont 30 messages-clés qui concernent deux axes principaux.

D’une part, l’importance de “l’examen médical non strictement obstétrical de la femme enceinte” mais également l’évaluation des antécédents psychiatriques, addictologiques des parturientes ainsi qu’une évaluation de leur vulnérabilité sociale.

D’autre part, l’évaluation des risques de complications avant la conception et au début de la grossesse pour adapter une prise en charge individualisée de la grossesse.

Enfin, le rapport recommande la réalisation d’examens post-mortem systématiques en cas de mort maternelle sans cause identifiée.

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