"C'est une peur qui nous défoule" : malgré le Covid-19, le succès des livres et films d'horreur
Si ça saigne, le nouveau livre du romancier américain et maître de l’horreur Stephen King, est sorti le 10 février, et il s’est rapidement classé dans les meilleures ventes de romans. Un succès, conjugué à la belle santé des films fantastiques ou thrillers sur les plateformes de streaming, qui prouve que malgré des temps anxiogènes liés au Covid-19, les gens continuent à « se faire peur » en consommant de la fiction qui fait frissonner.
L’auteur de romans policiers et de thrillers à succès Franck Thilliez avait publié en 2015 le roman Pandémia. Un livre qui, en quelque sorte, anticipait de manière troublante ce virus qui est entré dans nos vies voilà un an et ses multiples conséquences. S’il reconnait qu’il aurait du mal à écrire le même ouvrage aujourd’hui, la nuance entre fiction et réalité n’existant plus, Franck Thilliez est certain que les gens veulent continuer à frissonner. « Il y a quand même la notion de plaisir, explique-t-il. C’est une ‘peur-plaisir’. C’est une peur qu’on s’inflige et qu’on maîtrise. C’est un peu le saut à l’élastique, si vous sauter dans le vide et que vous n’avez pas d’élastique, ce n’est pas du tout la même chose que si vous savez que vous avez un élastique. C’est une peur qui nous fait du bien, qui nous défoule, celle des romans. »
« Une peur un peu adolescente »
On pourrait imaginer que dans une période anxiogène et incertaine, les gens ne veuillent pas ou plus se changer les idées avec le genre fantastique ou horrifique, mais c’est donc souvent bien le contraire parce que, justement, l’horreur dans la fiction peut être comique ou humoristique. « Quand on regarde un film d’horreur, on le regarde pour se faire peur volontairement, explique Ludovic Boukherma, coréalisateur et coscénariste du film de loup-garou français Teddy. C’est une peur un peu adolescente, un peu comme des gamins qui se font peur. On s’amuse à se faire peur. Quand on allume la télé et qu’on regarde des documentaires sur le Covid, je pense qu’on a peur au premier degré. »
Une étude américaine a montré il y a quelques jours que les amateurs de fantastique et notamment de films de zombies avaient moins peur du Covid-19 et des risques de contagion et qu’ils prenaient davantage de recul. Ce qui ne surprend pas le psychiatre Serge Tisseron : « Ces personnes sont capables justement de supporter des films de fiction effrayants en prenant du recul, parce que c’est leur revanche sur la période de l’enfance où ils ne pouvaient pas prendre du recul. Ces personnes ont aussi la capacité de prendre du recul par rapport à des évènements effrayants de l’actualité. »
« On peut dire en quelque sorte, pardonnez-moi l’expression, qu’ils auraient été ‘vaccinés’. Ces personnes ont frayé le chemin à l’intérieur d’elles, à un mode de relation à la réalité dans laquelle il est toujours possible de faire un pas de côté. »
à franceinfo
Et comme pour Pandemia de Franck Thilliez, une autre œuvre a bénéficié d’un regain d’intérêt depuis un an, le film Contagion de Steven Soderbergh, pourtant pas un film fantastique, ni vraiment, désormais, une œuvre de fiction.
Se faire peur malgré le Covid-19, le succès des livres et films d'horreur–‘—-‘–
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