"C'est une chanson que je chante à tous mes spectacles" : Louis Chedid évoque son hommage à Patrick Dewaere dans "Les absents ont toujours tort"
Le dernier album de Louis Chedid, En noires et blanches, revisite ses titres avec les doigts de fée du pianiste, chef d’orchestre et arrangeur Yvan Cassar. Un piano, une voix, de l’émotion à l’état pur et un répertoire que l’on prend le temps de redécouvrir. C’est d’ailleurs ce que nous faisons cette semaine puisqu’il est l’invité exceptionnel du Monde d’Élodie.
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franceinfo : Après la chanson Hold-up issue de votre deuxième album qui porte bien son nom, vont suivre un troisième album : Le jeu de l’oie (1975) et un quatrième Ver de terre (1976). Quand vous avez commencé ce métier, vous doutiez ?
Louis Chedid : J’étais beaucoup plus stressé que maintenant. Ça m’arrive encore de m’angoisser, je rassure tout le monde ! Au début oui parce qu’en fait, on est beaucoup sur le côté : réussite. L’éclairage, est-ce que ça va plaire ? Est-ce que ça va passer à la radio ? Et alors, moi, évidemment, et encore aujourd’hui, je préfère que ça passe à la radio et que ça plaise aux gens ! Mais c’est le travail qui est important. Je sais que c’est ça qui est important. C’est ce qu’on fait, ce qu’on est et après, ça passe ou pas. En tout cas, ce qui est important, c’est de le faire. Là, vraiment, j’ai compris ça à un moment donné, j’ai eu un déclic. Alors bon, si je sors un disque et me prends un bide, ce n’est pas agréable, ça, c’est clair, mais disons que je pense au prochain. Tant que je peux faire, tout va bien.
Vous allez prendre de plus en plus d’assurance au fil du temps. Je voudrais qu’on parle du 16 septembre 1976. Vous êtes à l’Olympia. Ça va être un énorme tournant pour vous. Vous êtes vedette anglaise de Nicole Croisille et il y a cette frustration de ne faire que trois titres. Vous prenez alors la décision que la scène va faire partie de votre vie.
À mon premier Olympia en tant que vedette anglaise de Nicole Croisille, je me suis dit : ‘tant que je ne pourrai pas faire un spectacle tout seul, je ne remonte pas sur scène’. Donc j’ai attendu quand même un moment !
à franceinfo
Oui, absolument. J’avais envie de faire de la scène, mais je n’avais pas envie de souffrir. Mais ça, c’est mon principe de base, je n’ai pas envie de souffrir. Moi, dans la vie, je n’ai pas envie de faire des émissions qui ne me plaisent pas. Quand je faisais l’Olympia en vedette anglaise, il y avait une vedette anglaise, une vedette américaine et puis après, il y avait Nicole Croisille. Et vraiment les gens venaient pour Nicole Croisille, c’était clair. Je pense que c’est important de se sentir bien dans ce qu’on fait avec les gens avec qui on travaille. Et alors, il y avait un truc qui était génial, c’est que c’était Pierre Desproges qui présentait le spectacle. Avec lui, j’ai vraiment des souvenirs inouïs et heureusement qu’il était là parce que sinon, je me serais senti vraiment très seul. J’arrivais sur scène. Et quand on sait qu’au bout de la troisième chanson, on commence à se sentir un peu bien quand on fait un spectacle, c’était vraiment coït interrompu, clac, cela s’arrêtait d’un coup et hop, il fallait rentrer chez soi. Ça durait trois semaines. J’aime beaucoup Nicole Croisille, elle a été vraiment mignonne, elle a voulu que je vienne.
Là, vous êtes en tournée dans toute la France. Est-ce que vous prenez davantage de plaisir à monter sur scène ?
Plus encore parce que moi, j’adore le spectacle. J’adore être sur scène. On joue dans les théâtres en plus, puisqu’il y a une intimité aussi qui se prête bien au travail qu’on a fait avec Yvan. Et puis vraiment, il y a un échange. Je vois les gens du public, je vois comment ils réagissent, comment ils bougent, comment ils dansent sur certains morceaux, comment ils sont émus sur d’autres. C’est la chose la plus importante de ce métier, je pense.
Yvan Cassar est vraiment une belle rencontre, une rencontre évidente. On l’entend avec En noires et blanches. Et il y a eu aussi Bruno Coquatrix, Jean-Michel Boris, Pierre Desproges et puis Patrick Dewaere. Je voudrais qu’on en parle parce que c’est vrai que cette fin dramatique, tragique, vous a donné envie d’écrire une chanson qui est rentrée dans la mémoire collective : Les absents ont toujours tort.
Je ne le connaissais pas Patrick, mais par contre, je connaissais son travail. Et surtout, j’avais été voir un film qui s’appelait La meilleure façon de marcher et lui jouait un peu salaud, un peu à beauf. J’avais été ébloui par ce mec incroyable. Comme je venais de voir le film et que je devais faire une émission de radio, j’ai dit : j’aimerais bien que vous invitiez Patrick Dewaere. Et lui, c’était déjà une star, vraiment, il était très connu. L’animateur m’a regardé en se disant : « Il délire le gars ! » 15 jours après, il y avait l’émission et personne ne me dit rien.
J’avais été ébloui par ce mec incroyable dans le film ‘La meilleure façon de marcher’. Et je vois Patrick Dewaere entrer dans le studio de radio. Je n’en revenais pas. Je n’arrivais même plus à parler. Il a été adorable. On s’est vu un petit peu après, on a bu des coups.
à franceinfo
Et puis on s’est vu de temps en temps, on se croisait dans un endroit, dans un autre. Parfois, il n’était pas très en forme, d’autres fois, ça allait mieux. Vraiment, c’est quelqu’un qui me touchait énormément. Et puis après, comme tout le monde, j’ai eu cette nouvelle. Je me souviens, j’étais en Corse, c’était au mois d’août et j’avoue que ça m’a… Et je suis remonté là où j’habitais à l’époque et le texte est venu comme ça, vraiment boum. C’était vraiment l’émotion, ça ressort comme si vous sortiez de vous quelque chose qui ne peut pas rester à l’intérieur. C’est une chanson que je chante à tous mes spectacles.
Louis Chedid sera en concert : le 27 janvier 2023 à Roche-la-Molière, le 28 à la Seyne-sur-Mer, le 3 février à Noyon, le 16 à Alfortville, le 17 à Vernouillet, le 18 à Tinchebray ou encore le 2 mars à Pace.
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