Ces signes qui prouvent que vous entretenez une amitié toxique

Certaines amitiés, qu’elles soient récentes ou vieilles de dizaines d’années, ne sont pas toujours bienfaisantes et bienveillantes. Une psychologue et une psychanalyste aident à identifier une amitié qui nuit.

Des amis qui envoient des piques, des remarques désobligeantes, à qui l’on doit rendre des comptes, qui brillent par leur absence lorsqu’on a besoin d’eux mais exigent de nous une entière disponibilité… S’il peut évidemment arriver de manquer à ses devoirs d’ami(e), de commettre des erreurs ou de blesser l’autre, la répétition de certains comportements peut poser question. Un déséquilibre dans la relation peut même prouver une amitié dite «toxique».

Le terme peut effrayer mais en réalité, il résume simplement un lien avec l’autre qui ne nous satisfait plus voire nous fait souffrir. Elle peut être source d’un mal-être, d’un inconfort ou d’une emprise, ressentis par l’une des deux personnes. Certains signes évidents ou insidieux permettent d’y voir plus clair et de faire le point avec soi-même.

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Une inégalité dans la relation

Donner beaucoup à l’autre en recevant moins en retour, voire sans rien recevoir du tout, prouve que la relation entretenue avec l’autre n’est pas saine et ce déséquilibre mène les deux protagonistes à leur perte. «La réciprocité, la mutualité, est essentielle dans une amitié, explique Marion Blique, psychologue clinicienne et auteure de J’arrête les relations toxiques (1). Il faut se sentir respecté et soutenu autant qu’on respecte et soutient l’autre. Si l’amitié est trop déséquilibrée, cela devient rapidement un poids.»

Un changement de comportement

Par mimétisme, au gré d’expériences ou simplement parce que l’on apprend de l’autre, il est bien normal que certaines de nos attitudes ou notre mode de fonctionnement changent. Si ces modifications sont positives, tant mieux. Attention en revanche aux paroles ou actions contraires à nos valeurs. «Certaines personnes peuvent pousser l’autre vers des chemins dangereux, commente Danièle Brun (2), psychanalyste et professeure émérite de l’Université de Paris. On peut les suivre parce qu’on a l’impression de prendre de la distance avec ce que l’on connaissait avant, l’impression de se détacher de ce à quoi on était habitué, mais il faut prendre garde à ne pas transformer l’image que l’on a de soi à n’importe quel prix.»

Sur-investir la relation

Beau geste de défendre l’un ou l’une de ses amis. Mais en prendre constamment la défense même face à des critiques constructives venant de l’entourage, ou la mettre sur un piédestal, doivent alerter. «Dans une relation amicale, il y a toujours de l’affect qui entre en jeu et parfois même de la passion, rebondit la psychanalyste Danièle Brun. C’est très difficile de se détacher, de prendre du recul et de voir que l’on idéalise l’autre sans concession.» L’idéalisation de l’autre pose problème. «Il est important de voir les gens tels qu’ils sont, avec leurs qualités mais également leurs défauts et de ne pas dénier ou minimiser les choses blessantes qu’ils peuvent faire, souligne Marion Blique. Les personnes toxiques ont souvent l’art de comprendre ce que l’on a envie d’entendre pour pouvoir exercer ensuite leur emprise.»

Un excès de négativité

Sans parler d’ami toxique, certains, parce qu’ils ne vont jamais bien, dégagent une onde de négativité et tirent l’autre vers le bas. «Ce n’est pas parce qu’on est amis qu’on doit absorber toute la négativité de l’autre. Agir constamment en paratonnerre peut être extrêmement pesant et mener du mal-être à la véritable dépression», indique la psychologue Marion Blique.

D’autant plus que ce genre de profil a tendance à ne pas tenir compte des conseils que l’on tente de leur prodiguer. «Une vraie amitié est un partage de réalité. Un ami toxique fait entrer l’autre dans une réalité où l’on ne partage, où l’on ne peut pas agir à moins que l’autre ne le décide», poursuit la professionnelle.

Des critiques constantes

«Tu ne devrais pas faire ça», «tu aurais dû dire ça», «pourquoi est-ce que tu ne fais pas ça ?»… De nombreuses remarques peuvent être présentées comme des conseils amicaux mais sont en réalité des critiques intempestives qui sapent toute confiance et rabaissent constamment. Pour la psychologue clinicienne, «ces remarques, souvent désobligeantes même si elles ne semblent pas l’être de prime abord, sont toxiques car envahissantes et jugeantes. Cela mène à se sentir de moins en moins libre et heureux avec l’autre et peut pousser à se renfermer complètement sur soi-même».

Une peur du jugement de l’autre

Quelles qu’en soient les raisons, la peur du manque de confidentialité quand on se confie, la peur que l’autre se moque, ou la peur d’apparaître vulnérable, peuvent être des signes d’une amitié délétère. Il est important de se sentir respecté, vu et compris. «Dans l’amitié, il y a une véritable relation de confiance qui est établie. À partir du moment où celle-ci est rompue, la relation n’est pas saine. Le principe est le même dans l’échange. Si l’on ne peut pas parler sans être attaqué ou se sentir vulnérable, l’amitié n’est pas bénéfique», rappelle Marion Blique.

Le ressenti d’un sentiment d’inconfort

Se sentir mal à l’aise avec l’un de ses amis, énervé, animé ou déprimé après l’avoir vu, prouve que la relation ne fonctionne plus, voire même qu’elle est toxique. En amitié, on est censé se sentir libre, vivre cette relation avec l’autre doit nous faire nous sentir bien, nous aider à aller mieux si besoin. Dans le cas contraire, «cela signifie que quelque chose ne va pas, rebondit la psychologue Marion Blique. On ne le perçoit pas forcément mentalement, mais quelque chose dans notre corps nous indique que cette relation ne nous correspond pas, et il faut l’écouter.»

Un sentiment de culpabilité

La notion de liberté de mouvement et d’esprit est essentielle au sein d’une amitié. «Quand on se sent obligé de voir l’autre, qu’on se force et qu’on se sent coupable de ne pas le faire, il faut faire attention : c’est le début de l’emprise, le début de la non-liberté», avertit la psychologue Marion Blique. L’amitié saine demande de savoir accepter que les gens n’évoluent pas à la même vitesse ni de la même façon, et que certains amis ne nous correspondent plus au fil du temps…

(1) J’arrête les relations toxiques, 200p., 11,90 €, et J’arrête les croyances limitantes, 200p., 14,90 €, (Ed. Eyrolles).
(2) Danièle Brun est également présidente de la Société Médecine et Psychanalyse.

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