Ces fourmis indiennes sont capables de rétrécir leur cerveau pour jouer les reines

ÉTRANGES CRÉATURES. Chaque semaine, GEO vous propose de partir à la découverte d’une espèce aux capacités étranges, insolites ou extraordinaires. Pour ce treizième épisode, focus sur une fourmi sauteuse indienne capable de rétrécir son cerveau pour jouer les reines.

Nom : fourmi sauteuse indienne ou Harpegnathos saltator

Localisation : Inde

Signe particulier : Est capable de rétrécir son cerveau et faire grossir ses ovaires pour remplacer sa reine disparue

Jusqu’à 10 billiards, c’est le nombre de fourmis qui existeraient actuellement sur Terre, selon une estimation publiée par des scientifiques. Mais ces insectes ne sont pas seulement extrêmement nombreux. Ils sont aussi dotés de dizaines de capacités extraordinaires.

La fourmi sauteuse indienne ou Harpegnathos saltator a récemment permis d’en ajouter une nouvelle à la liste. Comme son nom l’indique, cette espèce dotée de longues mandibules et de grands yeux noirs est originaire des forêts de l’Inde et possède la capacité de sauter sur une distance de quelques centimètres.

Elle évolue sous forme de colonies relativement réduites constituées d’ouvrières et de reines. Contrairement à chez la majorité des fourmis, les deux catégories montrent toutefois très peu de différences. A tel point que lorsque la reine meurt, les ouvrières s’engagent dans une compétition pour prendre sa place.

Un cerveau qui rétrécit de 20%

Toutes les H. saltator sont en effet capables de se reproduire. Lorsque la reine est en vie, elle sécrète des phéromones pour les empêcher de concevoir des oeufs. Lorsque celle-ci disparait, les ouvrières ressentent l’absence de ces substances et commencent à se battre.

Et elles n’hésitent pas à en venir aux antennes et aux mandibules pour savoir qui va siéger sur le trône. D’après les spécialistes qui ont étudié l’espèce, la moitié de la colonie peut se lancer dans des tournois de duels qui peuvent perdurer jusqu’à quarante jours.

A l’issue de la compétition, ne reste plus qu’une fourmi conquérante qui va alors se changer en reine. C’est ici que l’histoire prend une tournure intéressante. Car la prétendante ne se contente pas de s’emparer du siège royal. Elle subit aussi de profonds changements internes pour justifier sa position.

Une étude publiée en 2021 a montré que ces ouvrières reproductrices appelées « gamergates » cessent de produire du venin et modifient leur comportement. Plus étonnant, le volume de leur cerveau diminue de 20% et leurs ovaires se développent jusqu’à atteindre cinq fois leur taille initiale et remplir leur abdomen.

Selon les scientifiques, ce processus permettrait aux fourmis de détourner leurs ressources vers la production d’oeufs. En clair, de faire d’elles de parfaites reines reproductrices pour leur colonie. Sauf que le phénomène n’est pas irréversible, comme l’a révélé la récente étude.

Plasticité inédite

En isolant des pseudo-reines puis en les réintroduisant dans leur colonie, les auteurs ont constaté que les « gamergates » connaissaient une inversion du processus. Leur comportement redevenait normal, leur production de venin reprenait et surtout leurs organes retournaient aux proportions initiales.

Sans intervention humaine, ce sont apparemment les ouvrières elles-mêmes qui se chargent de remettre les pseudo-reines à leur place. Quand elles en détectent une, elles se mettent à la mordre et à la maintenir en place pendant plusieurs heures voire plus d’un jour. Ce qui finit par lui faire retrouver son état de simple ouvrière.

Cette réversibilité permettrait de limiter le nombre de membres reproducteurs dans les colonies. Mais H. saltator est semble-t-il le premier insecte à montrer une telle plasticité cérébrale. Quelques espèces notamment des oiseaux subissent des changements au niveau du cerveau, en fonction des saisons par exemple.

D’autres insectes sociaux connaissent aussi de telles adaptations. Généralement, elles sont en revanche irréversibles. La fourmi sauteuse indienne ferait ainsi figure de cas inédit. Même si les recherches demeurent à poursuivre pour percer les petits secrets biologiques de l’insecte.

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