Ce qu’il se passe dans le corps quand on fait un coma éthylique

  • De l’ivresse à la perte de conscience
  • Un risque élevé d’asphyxie
  • Face à un coma éthylique : les gestes qui sauvent

« Je me souviens avoir reçu un massage cardiaque parce que je respirais mal », raconte Léna, 25 ans, victime d’un coma éthylique. « J’avais 3,95 g d’alcool dans le sang ».

Souvent minimisée – voire tournée en dérision – par les jeunes et adeptes du binge-drinking (hyperalcoolisation rapide), l’intoxication éthylique aiguë représente pourtant la majorité des passages aux urgences liés à la boisson, d’après Santé Publique France. Et elle peut être mortelle. « Assez régulièrement, on retrouve des personnes décédées d’asphyxie chez elles après un coma éthylique”, témoigne le Docteur Patrick Hertgen, médecin sapeur-pompier urgentiste.

Pour Marie Claire, il détaille tout ce qui se passe dans le corps lorsque l’on tombe dans un coma éthylique.

De l’ivresse à la perte de conscience

Tout le monde n’a pas la même tolérance face à l’alcool. Là où certain.e.s peuvent ressentir l’ivresse dès le premier verre, d’autres peuvent finir une bouteille sans se sentir trop mal. Et cela s’explique : « Selon nos facteurs innés ou notre accoutumance, nous n’avons pas tous la même façon de métaboliser l’alcool », précise le médecin. Du fait de son sexe et de sa corpulence, une femme de 60 kilos risque alors d’atteindre l’ivresse bien plus tôt qu’un homme qui en fait trente de plus. 

Lorsqu’on boit de l’alcool, celui-ci parcourt notre tube digestif de la bouche à l’estomac, jusqu’au foie. C’est là qu’il sera transformé puis éliminé. « Plus vite notre organisme transforme les molécules, plus l’alcoolémie va descendre rapidement », explique le Dr Hertgen. Le pic d’alcoolémie correspond au moment où le taux d’éthanol est le plus élevé dans le sang.

En état d’ivresse, on se sent joyeux.se, désinhibé.e, prêt.e à tout surmonter. Mais verre après verre, cette euphorie laisse place à des désagréments plus sérieux comme la perte de coordination motrice, les nausées, les diarrhées ou les vomissements

Et plus la consommation d’alcool est massive – notamment en épisode de binge-drinking – plus on se rapproche alors du dernier stade de l’intoxication, à savoir la perte de conscience jusqu’au coma éthylique. 

Un risque élevé d’asphyxie

S’il n’est pas possible de déterminer un seuil maximum avant le coma, les spécialistes suggèrent qu’on s’y expose – en moyenne – autour des 2 à 4 grammes d’alcool par litre de sang. « Chez les personnes moins tolérantes à l’alcool, les effets peuvent se faire ressentir dès 1 g dans le sang, soit environ 3 verres », souligne le médecin urgentiste. 

Le coma survient lorsque l’alcool atteint le cerveau et perturbe le système nerveux central. « D’une part, l’alcool facilite la transmission du GABA, neurotransmetteur inhibiteur, d’autre part il diminue la transmission du glutamate, neurotransmetteur excitateur. En conséquence le fonctionnement cérébral est ralenti », explique Bertrand Nalpas, directeur de recherche émérite à l’Inserm, à Maad Digital.

Et les premiers signes sont assez évocateurs : la personne passe de l’agitation au calme, sa tension baisse, son pouls ralentit, et son corps perd en chaleur. Puis, elle tombe en léthargie, et il devient impossible de la réveiller. « On pourrait croire qu’elle s’est endormie, mais non. Elle a perdu connaissance », explique notre expert. Si le coma est plus réactif que profond, le sujet pourra toutefois émettre des grognements à la stimulation, ce qui n’est pas moins inquiétant.

Si l’intoxication éthylique aiguë est grave, c’est parce qu’elle finit par contraindre la fonction respiratoire. « Quand on est dans le coma, la langue et le voile du palais s’avachissent et l’air ne peut plus passer correctement jusqu’aux poumons », détaille le Dr Hertgen. D’autre part, lorsqu’il est question de régurgiter ou de vomir, tout reste à l’arrière de la gorge et peut passer dans les bronches. De là, le risque de décès par asphyxie est réel.

Face à un coma éthylique : les gestes qui sauvent

Selon l’endroit où les personnes se trouvent (et si elles sont seules) lors de la perte de conscience, le risque de décès peut être accru. Elles sont, entre autres, particulièrement vulnérables à la déshydratation, aux chutes, à l’hypothermie ou à la noyade. « L’intoxication aiguë peut entraîner un AVC ischémique par thromboembolie d’origine cardiaque », alertent également les experts du Collège des enseignants de neurologie (CEN).

En adoptant les bons gestes, la gravité d’un coma éthylique peut toutefois être amoindrie par l’entourage, rassure le Dr Hertgen. « La première chose à faire, c’est de placer la personne en position latérale de sécurité pour l’empêcher de s’étouffer », souligne-t-il. Il convient ensuite de vérifier si le sujet répond et peut respirer, en posant une main sur son ventre. Si elle respire, « allongez-la sur le côté et appelez le 18 ou le 112« .

Si elle ne respire pas, que la personne n’est pas capable d’ouvrir les yeux et de comprendre ce qui lui est demandé, « appelez les secours, et engagez un massage cardiaque », recommande le médecin urgentiste. Une fois aux urgences et en fonction de la profondeur du coma, la personne pourra être admise en réanimation ou simplement mise sous surveillance.

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération. Si vous êtes concerné.e directement ou indirectement par une consommation d’alcool, n’hésitez pas à appeler Alcool info service au 0 980 980 930, de 8h à 2h, 7 jours sur 7 (appel anonyme et non surtaxé).

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