Ce que nous révèle des fossiles glacés de 4,6 milliards d'années sur notre système solaire

En 1990, une petite météorite s’écrasait dans le désert du Sahara, en Algérie. Vieille de 4,6 milliards d’années, elle a été surnommée Acfer 049. Une récente analyse du fragment nous donne de nouvelles informations sur la formation de notre système solaire : des “fossiles de glace” ont été retrouvés piégés à l’intérieur. Il s’agit ici de la première preuve directe que l’eau congelée est l’un des éléments constitutifs des premiers astéroïdes. Les résultats ont été publiés dans la revue Science Advances le 20 novembre 2019.

Une structure difficile à étudier

Les scientifiques savaient déjà que les astéroïdes pouvaient inclure de la glace dans leur structure, car ils observaient en leur sein une altération des minéraux liée à de l’eau. Mais ils souhaitaient savoir en quelle quantité elle était présente, la façon dont elle se distribuait dans le corps céleste ou à quel moment elle fondait.

Jusqu’alors, la matrice (ou structure) de la météorite elle-même rendait son étude difficile. Les chercheurs ne disposaient pas des technologies nécessaires pour scruter des grains très fins. Pour ces nouvelles recherches, ils ont utilisé des microscopes à haute définition spatiale. Et ils ont finalement observé à l’intérieur d’Acfer 049 de minuscules poches, appelées “trous microscopiques”, qui contenaient autrefois de la glace avant qu’elle ne fonde.

La glace, un matériau de départ

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Pour comprendre en quoi cette découverte est fondamentale, rappelons comment est créé un système solaire. Tout commence par la formation d’une étoile, le soleil, qui se constitue à partir d’un nuage de poussières et de gaz. Ce processus aplanit le “nuage” autour de l’étoile nouvellement formée, dans ce qui est appelé “disque planétaire”. Ce dernier comprend de l’hydrogène, de la glace, du fer et des silicates… Les restes de matériaux non utilisés deviennent les ingrédients de différents corps célestes : au fil du temps, la poussière et les éléments se collent, constituant notamment les astéroïdes.

Dans ces particules qui se lient, il y a la glace, flottant au-delà de la dénommée “ligne de neige”. Il s’agit du point du disque planétaire au-delà duquel l’eau sous forme solide peut exister. Plus proche, elle serait fondue par la chaleur de l’étoile en développement. La glace est ainsi “un matériau de départ d’où proviennent toutes les planètes, y compris la Terre”, explique dans un communiqué Epifanio Vaccaro, auteur de l’étude et conservateur de la pétrologie au Natural History Museum de Londres (Royaume-Uni). “On pense donc que la matrice de ces météorites est le matériau de départ à partir duquel toutes les planètes ont été formées.”

Des informations instructives

Mais les planètes étant issues du même processus de création, pourquoi ne cherche-t-on pas directement les réponses sur Terre ? Car lors de leur fusion, les ingrédients se modifient avec la chaleur : les métaux fondus forment le noyau de l’astre, tandis que les silicates le manteau et la croûte. Les roches trouvées sur la planète bleue sont donc très différentes de celles trouvées dans les astéroïdes. Les débris rocheux d’astéroïdes ont eux conservé un registre vierge des ingrédients qui les ont composé.

« Cela signifie que si nous voulons comprendre à quoi ressemblait la poussière au moment de la formation du système solaire, nous devions revenir en arrière et récupérer une partie des matériaux qui ne passaient pas par ce processus de différenciation, indique Epifanio Vaccaro. Dans certaines météorites, nous avons ce matériau de départ conservé. »

Et si les astéroïdes nous en apprennent tous les jours un peu plus sur la création de notre système solaire, elles nous instruisent aussi sur le commencement de la vie biologique sur la Terre. Deux jours avant cette nouvelle publication, des chercheurs annonçaient avoir identifié en leur sein un élément essentiel à la vie : le ribose, un sucre bio-essentiel.

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