Cataracte, glaucome, DMLA… La science y voit plus clair

La recherche planche pour nos beaux yeux. Et déjà, des résultats encourageants nous invitent à regarder l’avenir plus sereinement.

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Alors que les troubles de la vision et les maladies oculaires – cataracte, dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), glaucome… – peuvent sérieusement nous compliquer la vie, notamment pour lire ou nous déplacer, les chercheurs ne cessent de faire des progrès pour mieux les traiter et nous conserver plus longtemps un œil de lynx.

Des larmes de crocodile contre les yeux secs

En vieillissant, la sécheresse oculaire risque de s’installer, et c’est encore pire si on passe beaucoup de temps sur son ordinateur, son smartphone ou sa tablette puisque devant les écrans, on « oublie » de cligner des yeux ! Cerise sur le gâteau, une étude a montré que le port du masque – coronavirus oblige – tend à l’accentuer : l’air expiré se répand sur la surface de l’œil et accélère l’évaporation du film lacrymal. De nombreux collyres existent bien sûr, mais on cherche toujours la solution du futur pour améliorer le confort. Peut-être viendra-t-elle d’une piste proposée par des chercheurs brésiliens qui étudient de près les larmes de caïmans ! Alors que nous clignons des yeux environ quinze fois par minute, ces animaux peuvent passer deux heures sans battre des paupières et sans que leurs yeux ne s’assèchent grâce aux particularités de leurs larmes, qui ont notamment une structure interne en flocon de neige lorsqu’elles cristallisent. On pourrait s’en inspirer, les imiter pour concevoir des traitements anti-sécheresse.

Un espoir dans la DMLA sèche

Chez les patients qui souffrent de DMLA, les photorécepteurs qui tapissent la partie centrale de la rétine s’atrophient progressivement. Résultat : le champ de vision périphérique se maintient mais on ne distingue plus grand-chose, voire plus rien du tout au centre. Une tache noire apparaît, empêchant notamment de lire ou d’effectuer certains gestes précis comme enfiler une aiguille. Or, contrairement à la forme humide, il n’existe pas de traitement pour la variante sèche de la DMLA (75 % des cas), et on ne sait pas encore stopper l’évolution de la maladie. D’où l’intérêt des rétines artificielles comme l’implant Prima, développé par la start-up Pixium Vision, si la vision devient inférieure à un dixième. « Il s’agit d’une petite puce photovoltaïque de deux millimètres sur deux, facile à implanter sous la rétine. Elle vient remplacer les photorécepteurs. Le patient porte des lunettes qui émettent (sur commande) une lumière infrarouge destinée à stimuler la puce. Cette lumière est alors transformée en signal électrique, transmis au cerveau par le nerf optique pour lui permettre de voir l’image », explique le Dr Yannick Le Mer, ophtalmologiste à la Fondation Rothschild. Il a participé à une étude de faisabilité et de sécurité sur cinq patients qui ont reçu l’implant Prima. Il faut un peu d’entraînement pour utiliser ces lunettes (zoom, contraste…) mais le dispositif permet bien d’augmenter l’acuité visuelle centrale, par exemple pour lire un texte. « Une nouvelle étude sera lancée en 2021 sur des dizaines de patients dans plusieurs centres en France pour évaluer l’amélioration de la qualité de vie et voir si le dispositif est vraiment utile au quotidien », indique le médecin. Le même type de rétine artificielle est déjà utilisé pour aider à retrouver une vision partielle en cas de cécité due à une rétinopathie pigmentaire.

Un implant biodégradable pour traiter le glaucome

L’agence américaine du médicament vient de donner le feu vert au premier implant local biodégradable, Dyrusta, du laboratoire Allergan. Le dispositif a pour mission de réduire la pression intraoculaire chez les patients touchés par le glaucome à angle ouvert. Cet implant qui peut être posé facilement par un ophtalmologiste, délivre localement et progressivement du bimatoprost, un médicament déjà utilisé en collyre. L’idée : venir en remplacement de ces produits liquides à utiliser chaque jour mais que l’on oublie souvent. Par rapport au traitement classique (des gouttes locales de timolol, administrées deux fois par jour), l’implant a réduit la pression intraoculaire d’environ 30 %. « Cela pourrait être intéressant car dans le glaucome, le pire ennemi, c’est la mauvaise observance. Ce genre de dispositif permet d’être sûr de bien administrer le traitement », estime le Dr Le Mer. Bémol : la durée de vie de l’implant n’excède pas quatre à six mois et on ne peut pas en poser un second pour ne pas risquer d’endommager les cellules de la cornée…

Un robot qui simplifie les opérations de la rétine

Lorsqu’ils opèrent la rétine, les chirurgiens doivent manipuler des structures de la taille d’un dixième de cheveu. Autant dire que ça demande beaucoup de précision et de dextérité, pas question de trembler ! « Aujourd’hui, certaines chirurgies sont réservées à une poignée de chirurgiens d’élite, mais même les plus doués sont limités par des tremblements physiologiques », explique Christoph Spuhler, cofondateur de la start-up AcuSurgical. Avec le Laboratoire d’Informatique, de Robotique et de Microélectronique de Montpellier, il a développé l’appareil qui a reçu le grand prix de l’innovation i-Lab 2020. Ce robot, piloté par le chirurgien, sait notamment pratiquer une injection sans bouger pendant une à deux minutes. « Il ne remplace pas le chirurgien, mais lui permet d’être dix à vingt fois plus précis. Cela sera très utile notamment pour injecter dans la rétine les thérapies géniques en cours de développement pour traiter la DMLA ou la rétinopathie diabétique », estime Christophe Spuhler. On pourra l’employer dans des opérations courantes en cas de trou maculaire (il faut réparer la rétine déchirée) ou de membrane épirétinienne (pour retirer une fine pellicule qui tapisse la rétine et gêne la vision). Les premiers tests in vivo sur des lapins ont été convaincants et les premiers essais sur l’homme sont prévus début 2022. Autant dire demain…

Merci au Dr Yannick Le Mer, ophtalmologiste à la Fondation Adolphe de Rothschild, à Paris.

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