Bordeaux : une femme insultée et giflée pour avoir allaité son bébé
« Vous n’avez pas honte ? » Elle hurle en posant cette question, qu’elle répète à Maÿlis, mère de Nino, six mois. Dans la file d’attente d’un point relais à Bordeaux, cette dame crie et insulte la jeune mère, parce celle-ci allaite son bébé, qui avait « vraiment très faim ».
Maÿlis porte « des vêtements adaptés, qui s’ouvrent sur le côté, pour faire ça en toute discrétion », tient-elle à préciser. Ce jour-là, elle cachait, en plus, son sein avec sa veste.
Des cris, des insultes et une gifle… dans l’indifférence générale
La femme qui l’invective enchaîne les commentaires virulents et culpabilisant : « il y a un feu rouge, des voitures qui s’arrêtent, des enfants qui peuvent vous voir », « la nouvelle génération est là pour s’exhiber », ou encore, « vous êtes une maman, vous devez prévoir les repas de votre fils. Vous auriez dû faire ça chez vous ». La dame affirme, juge, alors que Maÿlis, qui ne « réalise pas ce qu’il se passait », n’a eu d’autres choix que la lactation. L’allaitement, solution pour que Nino, né prématurément, prenne rapidement du poids.
Je me suis pris une gifle en pleine poire, avec bébé dans les bras
Des insultes au coup : « Je me suis pris une gifle en pleine poire, avec bébé dans les bras », témoigne non sans émotion Maÿlis, dans une vidéo face caméra à Doctissimo, le 11 mai dernier.
Choquée de son agression, elle l’est aussi de l’indifférence de ceux qui ont assisté à la scène, et qui ont « baissé la tête ». « Personne ne m’a défendue, personne n’a réprimandé la dame », dénonce-t-elle, dans ce témoignage d’une rare violence. Une autre femme de la file a même félicité son agresseuse.
Un seul soutien : son amie, à qui elle était en train de téléphoner, juste avant d’être prise à partie et frappée. Cette dernière, en appel vidéo, a assisté à la scène choquante. Elle a alors réalisé une capture vidéo de l’agression, puis a posté son enregistrement sur les réseaux sociaux, dans un groupe réunissant des habitants de Bordeaux.
Un policier culpabilisateur au moment de déposer plainte
Des milliers d’entre eux ont commenté sa publication et apporté leur soutien à la maman de Nino. Celle-ci trouve grâce à eux la force d’aller déposer plainte. Sauf qu’arrivée au commissariat, Maÿlis sera de nouveau culpabilisée. « À quel pourcentage voyait-on votre poitrine ? », ose lui demander le policier qui reçoit sa plainte.
L’allaitement pense encore problème aujourd’hui parce que la femme est tellement sexualisée
« Je ne me suis clairement pas sentie à l’aise parce qu’il m’a gentiment fait comprendre que c’était aussi de ma faute, que je l’avais cherché », ressent la victime. Elle déplore : « l’allaitement pose encore problème aujourd’hui parce que la femme est tellement sexualisée. »
Un choc pour la mère et le bébé, qui éponge ses émotions
Cette agression est un traumatisme pour celle qui est restée muette sur l’instant mais s’est effondrée en larmes en rentrant chez elle. Pas une goutte de lait ne sort de son sein depuis le choc de l’évènement. Son fils a, d’après elle, ressenti son angoisse. Nino est lui aussi stressé depuis. Elle le sent contracté, sa nuque est bloquée.
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