Blandine Lenoir donne les traits de son « Annie colère » à Laure Calamy
- En 1974, une ouvrière incarnée par Laure Calamy souhaite avorter.
- Elle rejoint le MLAC (Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et la Contraception) qui aide les femmes dans sa situation.
- Dans « Annie colère », Blandine Lenoir redonne la parole à des militantes oubliées.
Vous avez entendu parler du MLAC (Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et la Contraception) ? Non ? « C’est normal », déclare Blandine Lenoir, la réalisatrice d’Annie Colère, découvert au Festival du film francophone d’Angoulême. Epaulée par Laure Calamy dans le rôle-titre, elle fait revivre cette organisation oubliée, fondée en 1973, deux ans avant l’adoption de la loi Veil qui légalisait l’IVG.
« Le MLAC a disparu des radars parce que cette organisation n’avait pas de figure centrale charismatique, confie la cinéaste à 20 Minutes. Simone Veil n’a pas tout fait toute seule : ces femmes lui ont ouvert la voie et il était temps de leur rendre hommage. Sa coscénariste Axelle Ropert (qui a réalisé, entre autres, l’excellent Petite Solange) et elles se sont appuyées sur une thèse de Lucille Ruault pour bâtir ce film passionnant.
Un film féministe et fier de l’être
D’anciennes militantes sont venues leur donner des conseils notamment pour les scènes d’avortements. « Je tenais à ce que ces séquences soient douces, insiste Blandine Lenoir. Je trouve qu’on montre trop les séquences d’avortements de façon atroce au cinéma. C’est une façon de stigmatiser un acte qui est reçu comme un soulagement par les femmes. » C’est notamment le cas pour l’héroïne ouvrière et mère de famille qui va s’engager à fond dans la lutte pour les droits des femmes.
Annie Colère est un film féministe et fier de l’être. « Le droit à l’avortement est fragile, même en France, précise Blandine Lenoir. De plus en plus de médecins font jouer la clause de conscience et la désertification médicale dans certaines régions ne facilite pas l’accès à l’IVG. » La cinéaste se veut néanmoins optimiste pour l’avenir. « Le féminisme a perdu une génération, explique-t-elle, celle qui a profité de ces droits sans avoir à lutter pour les obtenir ! Mais les jeunes sont dynamiques et elles ne s’en laisseront pas déposséder. C’est rassurant. »
Cette force combative déteint sur Annie Colère qu’elle galvanise d’une énergie positive fort dynamisante. « J’ai voulu faire un film populaire pour les femmes certes mais aussi pour les hommes qui me semblent également concernés », martèle Blandine Lenoir. La colère d’Annie a traversé les décennies pour toucher au plus profond du cœur le public d’aujourd’hui.
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