Bénabar : "Il y a une volonté, depuis mes débuts, de ne pas se complaire dans une déprime facile"

SME (au nom de RCA Group)

A travers cet album, on vous retrouve enfant. C’est aussi une façon de parler de vous de façon détournée, de votre enfance, de cette adolescence. Enfance heureuse placée sous le signe circassien qui vous a attiré tout de suite, et ça on le ressent dans cet album.

L’album d’avant, on n’avait mis aucun cuivre par choix. Sur cet album-là, on a fait l’inverse et on s’est dit : « Pas de cordes ». Puis j’adore ça, j’adore les cuivres, les fanfares, ça me bouleverse toujours autant.

Ça, c’est le côté trompette et effectivement Barnabé qui est devenu Bénabar après. Cet album est un condensé de tout ce que vous avez vécu mais il y a un amusement qu’on n’avait jamais autant entendu dans tout ce que vous avez pu faire, je pense notamment à William et Jack.

Ça a été une belle période l’enregistrement de ce travail-là.

C’est un travail d’acteur ?

Oui, c’est vrai, il y a ce travail d’interprète et la chanson William et Jack essayait de les aborder avec du recul, essayait de mettre de l’humour un peu tout le temps.

On parle des Dalton mais ceux qui ne sont pas forcément connus.

Ça faisait un moment que je tournais autour de la chanson sur la classe moyenne dont je viens. Je voulais en parler depuis longtemps mais à chaque fois c’était un peu simpliste ou un peu vaguement sociologique et très ennuyeux. Chez Les Dalton, on ne connaît que le petit et le grand, en revanche on ne connaît pas les noms de ceux du milieu, et pour moi ça symbolise la classe moyenne. On les aime surtout pour payer les impôts, pour voter tous les cinq ans sinon le reste du temps, ils sont souvent un peu délaissés, dénigrés.

Une âme de poète, c’est une chanson que vous aviez déjà écrite depuis longtemps ?

Oui, et j’ai aussi sur cet album, pour la première fois, travaillé avec un autre auteur, le parolier Pierre-Yves Lebert.

Il est venu vous chercher. Le directeur artistique Bertrand Lamblot aussi ?

Oui, il a fait un vrai travail de directeur artistique à l’ancienne, vraiment de direction artistique permanente sur tout l’album.

Le titre de l’album c’est Indocile Heureux. C’est quoi un indocile ?

L’indocilité, j’y tiens beaucoup parce que ce n’est pas de la rébellion. La rébellion, en soi, on a le sentiment que c’est quelque chose de bien, mais c’est très surcoté. Moi, j’ai toujours été comme ça et je le ressens vraiment de plus en plus, ce besoin de résister.

L’indocilité, c’est moins de postures déjà et puis c’est surtout la volonté de ne pas être docile, de ne pas être un mouton, de conserver son indépendance y compris intellectuelle, quitte à se tromper, dire des bêtises, se planter

à franceinfo

L’idée, c’est de ne pas ressembler aux autres ? D’être vous ?

Oui, d’essayer de conserver en tout cas son libre arbitre même si on y parvient plus ou moins. En tout cas, avoir ça en tête.

Je voudrais qu’on aborde une chanson, c’est Au nom du temps perdu. On est vraiment entre Serge Lama et Jacques Brel. Est-ce que ce sont deux artistes qui vous ont beaucoup apporté ou accompagné ?

Oui, c’est-à-dire que Brel, Renaud, Brassens, Serge Gainsbourg sont des gens que j’écoute vraiment. J’adore plein d’artistes de cette génération-là et on ne peut pas s’en défaire. On a tous en tête Renaud, Souchon… Dès qu’on essaie d’écrire trois lignes, de toute façon, ils les ont déjà écrites en beaucoup mieux donc il faut vivre avec.

SME (au nom de RCA Group)

Bertrand Lamblot a été directeur artistique de Johnny Hallyday pendant très longtemps. Cette chanson à la base avait été proposée à Johnny Hallyday il y a 15 ans, et à Michel Delpech aussi.

Oui, je l’avais d’abord envoyée à l’époque à Johnny et elle m’était revenue et après, je l’avais proposé aussi à Michel parce que je ne me sentais pas du tout de la chanter, je la trouvais pour quelqu’un de beaucoup plus installé que moi, beaucoup plus viril, mature. Et puis au final, j’avais l’âge, « l’âge du rôle » comme on dit dans le cinéma.

La chanson qui représente le plus cet album, c’est Un Lego dans la poche. C’est un clin d’œil à votre fiston ?

Oui, c’est que je continue à l’exploiter éhontément lui et sa frangine. Quand il est né, j’ai fait une berceuse. Maintenant, il est adolescent et cette période-là, transitoire, on est entre l’enfance et l’adolescence où il y a, à juste titre, un Lego dans la poche encore, un Playmobil qui traîne mais on a aussi des problématiques et une vie d’adolescent. C’était pour dire à mon fils et à tous les gamins qui vivent cette période-là qu’ils ont le droit d’aimer le rap le plus sordide et en même temps d’avoir des Lego Harry Potter. On n’est pas obligé de choisir et il ne faut pas se mettre cette pression-là.   

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