Aviophobie : tout savoir sur la peur de l’avion

S’il est souvent synonyme de vacances, l’avion peut aussi devenir une source d’angoisse extrême. D’où vient l’aviophobie ? Comment vaincre sa peur de l’avion ? On fait le point.

L’avion est l’un des moyens de transports les plus fiables. Pourtant, bon nombre de voyageurs appréhendent leurs trajets dans ce moyen de transport. Selon une étude de 2018 du site « VoyagesPirates », 56 % des Français auraient ainsi peur de prendre l’avion. 

Qu’est-ce que l’aviophobie ?

Pour beaucoup de personnes phobiques de l’avion, la perspective d’un vol va entraîner de l’angoisse, un profond sentiment de peur et des techniques d’évitement. Certaines personnes peuvent même renoncer définitivement à voyager par les airs. « Toute phobie, quel qu’en soit l’objet, est une crainte irrationnelle, démesurée et persistante de certains objets ou situations, explique Maria Hejnar, psychologue clinicienne et psychanalyste. La phobie de l’avion est classée parmi les “phobies simples“ – comme celle des animaux – mais, elle est souvent liée à la phobie des endroits clos – appelée claustrophobie – ou, moins fréquemment, à la phobie des hauteurs. » 

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D’où vient l’aviophobie ?

Les origines de cette phobie sont nombreuses. Généralement, les anxieux appréhendent les situations dans lesquelles ils n’ont aucun contrôle. L’avion renvoie à ce manque de maîtrise. « Dans l’appareil, nous sommes passifs, notre vie dépend du pilote », souligne Maria Hejnar. 

Pour certains, la construction de cette phobie a été précipitée par un événement traumatique, comme de très fortes turbulences. Ambre, 26 ans, a peur de l’avion depuis qu’elle a vécu une mauvaise expérience. « En rentrant d’Egypte, à l’atterrissage, toutes les issues de secours se sont mises à clignoter, les lumières se sont éteintes, sans raison et tout le monde a crié, se souvient-elle. Depuis, j’ai toujours une forme d’appréhension en montant dans un avion. » Cette peur, en tant qu’expression de l’anxiété, peut également avoir des origines plus profondes. « De nombreuses recherches ont montré que les enfants ayant grandi dans les familles dysfonctionnelles, ayant été victimes ou même seulement témoin de violences familiales deviennent des adultes anxieux », révèle la psychologue clinicienne. 

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Symptômes et manifestations

L’expression de la phobie de l’avion est différente selon l’individu. Mais, les symptômes peuvent être plus ou moins intenses, pouvant même aller jusqu’à l’attaque de panique. « Classiquement, la phobie se manifeste par des poussées d’angoisse, déclare Maria Hejnar. Lors des crises peu intenses, le sujet peut rougir, être tendu, ressentir un engourdissement ou des picotements, ou encore des tremblements des mains ou de la voix. » 

Le phobique a tendance à anticiper d’éventuels scénarios catastrophes redoutés, comme un crash, de violentes turbulences ou une impossibilité d’atterrir. Des symptômes neurovégétatifs peuvent également se faire ressentir, comme des difficultés respiratoires, un sentiment d’oppression ou d’étouffements, une douleur thoracique, une accélération du rythme cardiaque (tachycardie, palpitations), de la transpiration ou des frissons, ou encore des nausées. « Ces symptômes s’accompagnent d’une peur de perdre le contrôle, de devenir fou ou de mourir », détaille la psychologue clinicienne.

Cette panique peut alors mener à éviter le plus possible de voyager par les airs, ce qui rend ce moyen de locomotion de moins en moins familier. « Lorsque la phobie de l’avion est très intense, elle peut devenir handicapante et peut restreindre considérablement la liberté de déplacement de la personne qui en souffre, explique Maria Hejnar. Cela peut rendre les voyages impossibles, ce qui peut, pour certains, provoquer des difficultés professionnelles ». D’ailleurs, après plus d’un an de crise sanitaire, durant laquelle les trajets aériens ont été interrompus, il faut, selon la psychologue clinicienne, s’attendre à voir une augmentation de la phobie de l’avion, causée par cette perte d’habitude de prendre l’avion. 

Comment gérer sa phobie de l’avion ? 

L’aviophobie n’est pas une fatalité car elle peut être se gérer et se soigner. Cela dépend d’abord de la sévérité de la phobie. Les personnes qui arrivent à tolérer leur peur et à passer outre ne vont pas forcément avoir besoin d’entreprendre un suivi pour lutter contre leur appréhension. 

Pour agir contre cette angoisse, Maria Hejnar conseille de réaliser des psychothérapies intégratives ou psychodynamiques. Puisque l’origine de la phobie peut venir d’une angoisse plus enfouie, ce travail psychothérapique permet de trouver « la signification profonde, parfois inconsciente, de l’objet (ou situation) phobogène » afin de mettre en lumière « les éléments qui ont conduit à la formation des symptômes ». Au cours de ce suivi, « le patient acquiert de la distance par rapport aux objets générant l’anxiété et peut, progressivement, reprendre confiance en ses capacités. Son angoisse baisse en conséquence », explique-t-elle. 

Lorsque les symptômes de la phobie sont handicapants, il est parfois nécessaire de prendre un traitement médicamenteux. « Les antidépresseurs servent dans certaines situations, souligne Maria Hejnar. Les anxiolytiques peuvent être utilisés ponctuellement pour gérer l’angoisse afin de pouvoir effectuer le voyage. » L’hypnose et les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) permettent également de contrôler l’anxiété. « Les TCC utilisent, entre autres, la technique de la confrontation dans un cadre rassurant, à l’objet ou à la situation phobogène, indique-t-elle. L’exposition régulière et progressive, grâce à un simulateur de vol par exemple, augmente la capacité du patient à se confronter au contexte en question, en réduisant la peur qu’il ressent. » L’approche psychothérapeutique et le traitement médicamenteux seront déterminés en fonction du contexte dans lequel s’inscrit le symptôme phobique. « Le travail de psychothérapie n’est pas le même selon l’intensité du symptôme ou selon qu’il s’agit d’une phobie isolée ou de phobies multiples », ajoute-t-elle. 

Les phobiques ont également la possibilité de suivre le stage chez Air France, dans lequel ils se retrouvent en immersion dans un simulateur de vol. Les participants sont ensuite signalés à l’équipage dès qu’ils prennent l’avion. Ils bénéficient alors d’un traitement spécial. 

Comment se rassurer avant de prendre l’avion ?

Les jours précédents un vol peuvent être mal vécus en raison de l’appréhension que génère ce voyage. Avant et pendant le vol, Maria Hejnar préconise de se relaxer brièvement, mais aussi d’utiliser des huiles essentielles apaisantes comme ylang-ylang, la lavande vraie, ou encore la marjolaine à coquilles. Pour rendre l’excursion aérienne plus agréable, le phobique peut prendre le temps de bien choisir son siège. « Certains préfèrent les places de hublot car cela leur permet de détourner leur attention de l’impression de l’enfermement, explique la psychologue clinicienne. D’autres au contraire, se sentent plus à l’aide côté couloir car ils peuvent bouger, se lever et se déplacer plus librement. » Maria Hejnar souligne également l’importance de pouvoir exprimer ses émotions à quelqu’un de compréhensif et rassurant. 

Si « les phobiques ont souvent honte de leur peur et préfèrent la dissimuler tant que possible », selon la psychologue clinicienne, il est toutefois préférable de prévenir l’équipage de bord. Ce dernier pourra ainsi mieux gérer une éventuelle crise.

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