Avec près de 4000 morts par jour au Brésil, le variant P1 inquiète le monde

« Nous constatons que la situation s’aggrave et nous avons donc décidé de suspendre jusqu’à nouvel ordre tous les vols entre le Brésil et la France », a annoncé Jean Castex devant l’Assemblée nationale ce mardi 13 avril. 

Et pour cause, le variant brésilien inquiète désormais le monde entier. 

Un variant brésilien très contagieux qui touche les plus jeunes

Pour l’heure, la France est épargnée par le variant brésilien (appelé Voc 3 ou P1), qui représente environ 0,5% des contaminations dans le pays.

Toutefois, les autorités sanitaires le surveillent de près puisqu’il serait entre 40 et 120% plus contagieux que la souche initiale du coronavirus et pourrait entraîner des formes plus graves de la maladie. Là-bas, 52% des patients en réanimation ont désormais moins de 40 ans.

À ce stade, aucune donnée n’établit en revanche formellement que le virus est plus mortelle. D’autres mutations originaires de la même souche (P2 et P4) sont apparues, mais peu de données sont disponibles sur leur dangerosité. 

Pour Benjamin Davido, infectiologue à l’ hôpital Raymond-Poincaré de Garches (AP-HP), il ne faut cependant pas faire de prévisions trop hâtives. « Le but n’est pas d’affoler les gens, explique le directeur médical de crise et référent sur les vaccins à 20 minutes. Il est évident que c’est très compliqué de comparer Rio et Paris. » La politique n’est effectivement pas la même, puisque le président brésilien, Jair Bolsonaro, ne met en place aucune mesure sanitaire stricte et le vaccin utilisé sur la population n’est pas disponible en France. 

Difficile pourtant de ne pas s’inquiéter lorsque l’on regarde ces derniers chiffres : le 6 avril, plus de 4 000 Brésiliens sont décédés de la Covid-19 en l’espace d’une journée et le pays dénombre près de 500  000 cas positifs hebdomadaires. Selon Santé Publique France, 21 094 personnes ont succombé à la maladie lors de la première semaine d’avril. Avec un total de 345  025 morts, le Brésil enregistre le second bilan le plus lourd après les États-Unis.

Au Brésil, la situation hors de contrôle, les cimetières ouverts jour et nuit

À Sao Paulo, ville la plus peuplée et capitale économique du pays, des bus normalement réservés au transport scolaire sont désormais utilisés pour déplacer les cadavres. Les cimetières sont ouverts jour et nuit, et 600 tombes sont creusées chaque jour.

Pour Miguel Nicolelis, neuroscientifique et ancien président du comité anto-Covid de la région Nordeste du Brésil, le pays est une bombe sanitaire à retardement. « Avec plus ou moins 100 000 nouveaux cas par jour, indique-t-il à RFI, le Brésil permet au virus de réaliser un nombre très important de mutations qui peuvent faire apparaître de nombreux variants, comme on l’a vu en Amazonie ou près de Sao Paulo la semaine dernière, ou d’autres encore que la Fondation Oswaldo Cruz a identifiés à Rio. » 

Et de poursuivre : « Le virus gènère de très nombreuses mutations. De nouveaux variants peuvent apparaître et ils peuvent se propager au-delà des frontières du Brésil et atteindre le reste du monde en quelques jours. Le Brésil pourrait ainsi se transformer en laboratoire de variants à ciel ouvert qui peuvent compromettre la lutte contre la pandémie dans le monde entier. C’est pourquoi le Brésil est considéré comme un paria au sein de la communauté internationale. »

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