AstraZeneca, Janssen : qu'est-ce qu’un vaccin à adénovirus et comment cela fonctionne ?

Les sérums anti-Covid AstraZeneca et Janssen ont un point commun : ils s’agit de vaccins à vecteur viral qui utilisent des adénovirus. Cette particularité pourrait être à l’origine des cas de thrombose survenus chez des patients ayant reçu ces sérums, selon certains experts. Mais qu’est-ce qu’un vaccin à adénovirus ?

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En mars dernier, le vaccin AstraZeneca avait été suspendu dans plusieurs pays européens après des cas de thrombose. La France avait également pris cette décision en attendant l’avis de l’Agence européenne des médicaments (EMA), qui avait finalement indiqué que « les bénéfices du vaccin AstraZeneca dépassent largement les risques d’effets secondaires ». La vaccination avait donc repris quelques jours plus tard dans l’Hexagone.

Depuis, un autre vaccin est également dans la tourmente : le sérum Janssen du laboratoire Johnson & Johnson. Lundi 12 avril, 200.000 doses ont été livrées en France. Le lendemain, les autorités sanitaires américaines ont annoncé « mettre en pause » temporairement l’utilisation du vaccin Janssen par mesure de précaution. En cause ? Comme pour l’AstraZeneca, plusieurs cas de thromboses ont été observés chez des patients ayant reçu le vaccin Janssen.

Ces deux sérums ont un point commun : il s’agit de vaccins à vecteur viral, qui utilisent un adénovirus dans le but de déclencher une réponse immunitaire contre la Covid-19. Une technologie qui pourrait, selon certains experts, expliquer les cas de thromboses survenus après l’administration des sérums AstraZeneca et Janssen.

Covid-19 et vaccin à vecteur viral : une technologie qui utilise des adénovirus modifiés

Pour l’heure, le lien entre ces caillots sanguins et ces deux sérums n’a pas été établi. Mais certains spécialistes suggèrent que ces cas de thromboses pourraient être associés à la technologie utilisée par ces vaccins.

Les vaccins à vecteurs viraux contre la Covid-19 utilisent un adénovirus inoffensif modifié afin de limiter sa réplication dans l’organisme et pour exprimer la protéine Spike du Sars-CoV-2. Cette protéine située à la surface du coronavirus constitue sa porte d’entrée dans l’organisme. L’adénovirus modifié ainsi pénètre dans les cellules de la personne vaccinée : elles fabriquent alors la fameuse protéine Spike, qui apparaît à la surface des cellules. « Le système immunitaire remarque alors ces protéines étrangères et réagit en fabriquant des anticorps. Ce sont ces anticorps qui protégeront le sujet en cas d’exposition au Sars-CoV-2″, explique sur The Conversation Maureen Ferran, virologiste à l’Institut Technologique de Rochester de New-York (Etats-Unis).

Si certains experts font un lien entre les adénovirus utilisés dans les vaccins AstraZeneca et Janssen, c’est parce les cas de thromboses « n’existent pas à ce jour avec les vaccins ARN. Tout laisse penser que c’est lié au vecteur adénovirus », a expliqué sur Twitter Mathieu Molimard, chef du service de pharmacologie du CHU de Bordeaux (Nouvelle-Aquitaine).

Mauvaise nouvelle ! ?
Le CDC et FDA suspendent le vaccin Janssen pour des cas de thrombose atypique (1 cas/million) chez des femmes <50 ans
Ces cas n’existent pas à ce jour avec les vaccins ARN.

Tout laisse penser que c’est lié au vecteur adenovirus donc quid de spoutnik ? https://t.co/3LQ6pmDCXu

Un avis partagé par David Fisman, épidémiologiste à l’université de Toronto (Canada). Selon lui, ces cas de thrombose peuvent « suggérer que c’est le vecteur adénovirus (commun à J&J et AZ) qui est en cause », a-t-il indiqué sur Twitter.

Vaccin à adénovirus : comment expliquer le potentiel lien avec les cas de thrombose ?

Comment expliquer ce potentiel phénomène ? Une étude allemande parue dans le New England Journal of Medicine révèle que les personnes vaccinées avec AstraZeneca suivies pour les besoins de ces travaux présentaient des taux plus élevés d’anticorps dirigés contre leurs propres plaquettes sanguines et plus précisément contre « le facteur plaquettaire 4 ». « Ces anticorps activés induisent une stimulation massive des plaquettes ainsi qu’une activation de la coagulation pouvant aboutir à des thromboses veineuses et/ou artérielles », a expliqué à Medscape le Pr Philippe Nguyen, président du Groupe Français d’études sur l’Hémostase et la Thrombose (GFHT).

Or « nous savons également que les adénovirus eux-mêmes peuvent provoquer l’activation et la fixation des plaquettes », a précisé sur NBC News le Dr Greg Poland, directeur du Groupe de recherche sur les vaccins de la Mayo Clinic à Rochester (Etats-Unis) et consultant pour plusieurs fabricants de vaccins Covid-19, dont Johnson & Johnson.

Pour l’heure, le lien entre les vaccins à vecteur viral et les cas de thrombose n’a pas été établi, mais les investigations se poursuivent aux Etats-Unis concernant le vaccin Janssen. En dépit de la situation, le sérum de Johnson & Johnson devrait bientôt être administré en France. « Nous ne sommes pas aveugles aux alertes, mais tant qu’on n’a pas de message concret de nos autorités sanitaires, on ne suspend pas la vaccination avec le produit de Janssen. Ils seront livrés comme prévue la semaine prochaine aux médecins et aux officines, les premières injections commenceront le lendemain », a indiqué le ministère de la Santé à L’Usine Nouvelle.

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