Arno Klarsfeld, défenseur de la cause animale
L’avocat Arno Klarsfeld prend la défense des animaux dans un livre, alors que le sujet revient sur le devant de la scène politique.
Espérée depuis trois ans, la proposition de loi adoptée le 29 janvier à l’Assemblée, visant à renforcer la lutte contre la maltraitance des animaux domestiques et l’exploitation de la faune sauvage dans les cirques et delphinariums, signe une avancée certaine mais timide. Dans « Âmes et animaux », le journal qu’Arno Klarsfeld a écrit en plein confinement, l’avocat signe un tendre et singulier plaidoyer pour ces « âmes qui volent dans le foyer ».
ELLE. Vous réjouissez-vous de cette proposition de loi ?
ARNO KLARSFELD. Lutter contre la maltraitance des animaux domestiques ou interdire la vente en animalerie, tout ça va dans le bon sens. La France avait vingt ans de retard. Mais ce sont des domaines consensuels, on ne s’attaque pas à la corrida ou à la chasse à courre, défendues au titre de traditions par le code pénal, qui sont pourtant des pratiques barbares, incontestablement. Le droit des animaux devrait être inscrit dans la constitution pour que les tribunaux fassent évoluer la jurisprudence. La corrida est déjà interdite dans certaines régions en Espagne, et la chasse à courre en Grande-Bretagne. Ce qu’on perd en tradition, on le gagnera en humanité.
ELLE. L’élevage intensif n’est-il pas une question centrale oubliée par ce projet de loi ?
A.K. Ces récits d’agneaux qui tètent le doigt de leur bourreau me font pleurer… On mange de la viande depuis longtemps, et c’est naturel. Mais pourquoi autant ? De mon côté, je suis presque végétarien. Il existe d’autres sources de protéines. Les scientifiques ont pointé le brassage d’espèces comme source de contamination, le transport de la viande génère CO2 et gaz à effet de serre : tout cela milite pour un changement graduel d’alimentation.
ELLE. Comment expliquer une telle disparité de sensibilité vis-à-vis des animaux ? Tout se jouerait dans l’enfance ?
A.K. Oui, c’est là que les choses se forment. Les chasseurs sont souvent initiés par leurs parents. Les miens m’ont enseigné à considérer les animaux comme des membres de la famille à part entière, des consciences. La science elle-même le reconnaît. On se moquait de mon combat dans les années 1990… Aujourd’hui, en temps de paix, il y a une sensibilisation de l’opinion. Bien sûr, s’il y a une guerre nucléaire, on s’en souciera moins. Mais restons optimistes, c’est essentiel.
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Ames et animaux
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« ÂMES ET ANIMAUX », d’Arno Klarsfeld (éd. Fayard).
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