Arlo Parks nous montre "la lumière au bout du tunnel", avec son premier album "Collapsed in Sunbeams"

Vous avez vingt ans et c’est vrai que vous avez eu beaucoup de mal à vivre ce confinement, cette pandémie mondiale. D’ailleurs, vous faites partie de cette génération très impactée et pourtant, cela vous a donné envie d’écrire cet album. C’était important pour vous de poser ces maux ?

J’écris toujours dans les moments chaotiques, ou les moments où je ne me sens pas trop sûre de moi. C’est toujours l’écriture et la musique qui m’aident, alors la majorité de l’album a été écrite pendant le premier « lockdown » à Londres.

Au final, cet album est extrêmement lumineux. Il y a effectivement beaucoup de douleurs, puisque vous racontez le parcours d’une adolescente. C’est lié à un journal intime que vous tenez depuis que vous avez 13 ans, c’est ça ?

Mes journaux intimes sont très importants pour moi et je les ai tous amenés à Londres ainsi que beaucoup de livres de poésie écrits quand j’étais plus jeune. J’ai essayé de trouver les mots et les phrases qui m’ont émue. Les histoires dans l’album viennent de ces gens-là.

Vous êtes d’origine nigériane, tchadienne, française aussi. Votre maman est française, née à Paris et elle vous a appris le français, d’ailleurs vous le parlez parfaitement. Que vous ont transmis vos parents ?

Quand j’étais plus jeune, c’était le jazz et la littérature du côté de mon père. Et après ma mère, c’était plutôt la cuisine française et la chanson française.

Vous êtes née Anaïs Oluwatoyin Estelle Marinho. Pourquoi Arlo Parks ?

Il y a cet artiste qui s’appelle King Krule et j’avais mal compris un de ses textes. J’avais entendu « Arlo » et après, j’étais dans un parc avec mes copines et je stressais, j’essayais de trouver la deuxième partie du nom, parce que j’adorais les noms comme « Franck Ocean » ou « King Krule » et ma copine m’a dit: « Mais relax, on est au parc, il y a du soleil… ». Et après « Parks » est venu dans ma tête, alors c’est une petite histoire un peu « silly » (« bête »).

Le titre de cet album, Collapsed in Sunbeams, signifie Evanouie dans les rayons du soleil. Vous l’avez emprunté à l’écrivaine Zadie Smith, cela en dit long sur qui vous êtes ?

Je pense, oui. Dans la musique, j’ai toujours adoré les choses douces-amères, de parler de choses douloureuses, mais aussi d’essayer de prendre un peu d’espoir et de trouver la lumière au bout du tunnel.

Quand on vous écoute, vous avez cette douceur à la Shade, ce côté Janice Joplin dans la liberté d’écrire, la liberté de penser, dans la liberté sexuelle aussi. J’ai l’impression que rien ne vous fait peur.

Je pense qu’il y a beaucoup de choses qui me font peur, mais je préfère être ouverte et avoir un peu peur plutôt que d’être fermée et de me sentir « complaisant ».

C’est impossible d’être complaisante, pas Arlo Parks en tous cas. Vous écrivez tout le temps à l’instinct ?

Complètement. C’est l’instinct et l’intuition qui me guident quand j’écris et c’est pour cette raison que beaucoup de mes chansons, je les fais en une heure, deux heures peut-être. Je laisse l’émotion juste sortir et je ne reviens jamais après pour changer les choses. Je laisse vraiment comme ça.

Vous avez soutenu l’une de vos amies qui était totalement en dépression. C’est un de vos traits de caractère ?

Pour moi, l’empathie et essayer de soutenir mes amis et les personnes autour de moi, c’est quelque chose que j’essaie de faire tout le temps. La musique me permet aussi de mieux comprendre les situations qui m’ont fait mal et qui m’ont fait sourire et de ne pas oublier ces moments.

Est-ce que la chanson Hope est la plus représentative de l’album ?

La musique a beaucoup été inspirée par Portishead, Massive Attack et plutôt le trip-hop. Elle parle d’une amie qui traversait un moment très difficile et je voulais montrer l’idée de sa douleur, de sa confusion et le fait qu’elle ne pouvait pas quitter sa maison alors qu’elle se sentait très seule. Je voulais aussi montrer aux gens qu’en fait, on est tous ensemble et que même si dans ces moments, on se sent complètement seul, il y a toujours quelqu’un avec de l’amour. C’est vraiment l’essence de qui je suis en tant qu’artiste et en tant que personne aussi.

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