Appel à la grève des salariés de « L'Equipe », pas de journal samedi

Le journal et le magazine l’Equipe ne seront pas diffusés samedi, leurs salariés étant appelés à la
grève ce vendredi contre un plan social qui prévoit la suppression d’une quarantaine d’emplois, a-t-on appris auprès de la direction du groupe et de l’intersyndicale à l’origine du mouvement.

L’appel à la grève, de 24 heures à partir de vendredi 16 heures, a été lancé par les syndicats SNJ – SNJ-CGT – UFICT-CGT – SGLCE-CGT, qui représentent « les journalistes, les cadres et les employés » du quotidien et du magazine L’Equipe, mais aussi de France Football, Vélo Mag et Sport & Style, également édités par le groupe. Cette grève « est susceptible d’être reconduite chaque jour à 16 heures » si la direction « n’accepte pas d’entamer de réelles négociations », précise l’intersyndicale dans son appel transmis à l’AFP.

Le retrait du plan social

« On veut le retrait du plan social ou alors un projet complètement différent, qui supprime beaucoup moins d’emplois, et des conditions de départ beaucoup plus importantes », a expliqué à l’AFP Stéphane Antoine, élu SNJ-CGT au CSE, qui a prédit « une très grosse mobilisation ». Contactée par l’AFP, la direction n’a pas souhaité réagir, mais a précisé que le quotidien et le magazine ne seraient pas diffusés samedi.

Confronté à des difficultés financières dues à l’arrêt des compétitions sportives au printemps 2020 avec la crise du coronavirus, le groupe est traversé par de vives tensions depuis juin. Il compte environ 700 employés. Les salariés s’étaient alors opposés au projet d’accord de performance collective présenté par la direction. Ce projet prévoit une baisse des rémunérations (-10 %) et du nombre de jours de RTT, en échange de la préservation des emplois sur la période 2020/2024.

La direction a riposté fin octobre par l’annonce d’une réorganisation et d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) au sein des publications. Celles-ci sont fragilisées par un marché publicitaire incertain et la baisse des ventes au numéro. Mais l’intersyndicale déplore des « conditions [de départ] bien inférieures à celles qui prévalaient lors des PSE » précédents, alors que « la situation financière du groupe ne s’est pourtant pas dégradée ».

Une « ambiance lourde, triste, morose »

Avant la grève, plus de 180 éditeurs, iconographes, correcteurs et journalistes avaient manifesté leur mécontentement dans des courriers adressés à la direction. Côté journalistes, 115 reporters de L’Equipe, L’Equipe Magazine et France Football s’indignent ainsi de la suppression de 13 % de leurs effectifs, soit 17 postes, dans une lettre consultée par l’AFP. Ils demandent l’abandon du PSE, dont ils disent ne pas comprendre « le timing, ni le contenu », et qui conduira selon eux « à une nouvelle dégradation de [leurs] conditions de travail ».

« Comment croire à un rebond si nous négligeons, peu avant des échéances olympiques (2021 et 2024), le suivi régulier de disciplines entières, prétendus « petits sports » individuels ou collectifs, qui ont pourtant fait l’histoire et la richesse de notre journal ? », s’interrogent-ils. Faisant part d’une ambiance « lourde, triste, morose » dans leurs rédactions, après avoir « encaissé les coups, les PSE, les réorganisations » depuis des années, les journalistes émettent « de sérieux doutes sur le cap choisi ».

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