Annecy : l'impensable attaque autour du lac !

Le jeudi 8 juin vers 9 h 45, un homme, couteau à la main, s’est jeté sur les très jeunes enfants jouant dans l’aire de jeux d’un parc d’Annecy, blessant grièvement six innocents…

Sur l’aire de jeux des jardins de l’Europe, havre de paix arboré sur les rives du lac d’Annecy, en Haute-Savoie, des centaines de bouquets de fleurs, de petits mots et de bougies allumées ont été déposés pour rendre hommage aux victimes… Depuis le 8 juin, les habitants de cette ville paisible des Alpes sont encore sous le choc de l’impensable attaque qui a eu lieu ce jour-là, vers 9 h 45, alors que de jeunes enfants, accompagnés de leurs nounous ou de leurs parents, jouaient tranquillement, entre les toboggans et les balançoires…

Pour des raisons que les enquêteurs n’ont, à l’heure où nous écrivons ces lignes, pas encore pu déterminer, un homme armé d’un couteau a surgi et sauvagement frappé six personnes, dont quatre petits bouts de chou âgés de 22 mois à 3 ans ! Si cinq des victimes ont été hospitalisées dans un état grave, elles ne sont plus aujourd’hui en urgence vitale et leur état est stabilisé. Au grand soulagement de leurs familles dévorées par l’angoisse qui s’apprêtent désormais à panser les blessures psychologiques engendrées par cette épouvantable tragédie…

Qui est cet assaillant qui, au moment de son passage à l’acte, aurait, selon des témoins entendus par la police, évoqué sa femme, sa fille et prononcé le nom de Jésus-Christ ? Selon la procureure d’Annecy, madame Bonnet-Mathis, Abdelmassih H. qui, lors de sa garde à vue, se serait roulé par terre et aurait refusé de parler n’a pas été guidé par des motifs terroristes.

Demande d’asile refusée

Lorsqu’il a été finalement appréhendé, avec difficulté d’ailleurs, on a trouvé sur lui le couteau pliable ayant servi à l’agression, deux images pieuses, un permis de conduire suédois et 480 euros en espèces, ainsi qu’une croix qu’il portait autour du cou. Âgé de 31 ans, l’agresseur a quitté la Syrie après le déclenchement de la guerre civile dans son pays en 2011.

Mobilisé, il avait déserté l’armée et s’était enfui en Turquie où, aux dires de sa mère qui s’est confiée à l’AFP, il avait rencontré celle qui deviendrait son épouse, également syrienne. Le couple serait ensuite parti pour la Suède, où en 2013, il a pu obtenir l’asile politique. Si sa femme, dont il est désormais séparé, était parvenue à être naturalisée suédoise, ce n’était pas le cas d’Abdelmassih H.

Bénéficiant d’une « protection subsidiaire », il avait cependant été débouté plusieurs fois de sa demande de naturalisation. Il était toutefois détenteur d’un titre de séjour valable jusqu’en 2025 et avait par ailleurs déposé une demande d’asile en France en novembre dernier. Cette dernière venait de lui être refusée.

Père d’un enfant de 3 ans, l’homme a quitté la Suède en 2022, avant d’apprendre que la nationalité suédoise ne lui serait pas accordée. Lors d’un échange, il y a quatre mois, avec son ex-femme restée en Suède, Abdelmassih H. – prénom qui signifie en arabe le « serviteur du Messie » – lui aurait déclaré qu’il vivait dans une église en France.

Arrivé à Annecy, après être passé par l’Italie et la Suisse, il était sans domicile fixe et s’était installé, selon la procureure d’Annecy, dans les parties communes d’un immeuble du centre-ville. « Il bénéficiait de l’allocation pour demandeur d’asile depuis qu’il s’était enregistré comme tel, a expliqué le directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), Didier Leschi. Mais, faute de place, il n’a jamais été pris en charge au titre de l’hébergement dans le dispositif national d’accueil. »

Toujours d’après sa mère, Abdelmassih H. souffrait d’une grave dépression et son état se serait aggravé en raison de ses nombreuses tentatives infructueuses d’obtenir la nationalité suédoise : « C’est ma belle-fille qui m’a dit ça, a-t-elle aussi précisé à l’Agence France-Presse. Elle disait qu’il n’était jamais bien, toujours déprimé, avec des idées noires, il ne voulait pas quitter la maison, il ne voulait pas travailler… »

Mis en examen

Aussi incroyable que cela puisse paraître, celui qui affirme être un chrétien de Syrie avait été contrôlé par la police le dimanche précédent l’attaque, car il faisait sa toilette dans les eaux du lac d’Annecy, mais il avait été remis en liberté : « Il était inconnu des services de police et de justice en France », a affirmé la procureure.

Un double examen pratiqué par un médecin a établi qu’Abdelmassih H. n’avait pas agi sous l’influence de drogues ou de l’alcool. De plus, le psychiatre avec lequel il s’est entretenu n’a pas relevé « d’éléments délirants francs ». Une fois sa garde à vue terminée le samedi 10 juin, l’assaillant a été mis en examen pour « tentative d’assassinat » et « rébellion avec armes » et déféré devant deux juges d’instruction. Une affaire à suivre pour comprendre l’incompréhensible…

Henri et Marilyn, nos deux héros

Tandis que certains témoins se sont enfuis, choqués par cette scène d’une violence inouïe, d’autres ont simplement filmé l’attaque avec leur téléphone portable… Devant l’horreur du carnage, deux personnes ont fait preuve de bravoure pour venir en aide aux victimes. Le premier est ce jeune homme de 24 ans, prénommé Henri, devenu rapidement sur les réseaux sociaux, « le héros au sac à dos ». Diplômé en philosophie, ce fervent catholique avait entamé il y a deux mois et demi un tour de France des cathédrales.

Il n’a pas hésité à poursuivre l’agresseur au péril de sa vie, et à l’éloigner à coups de sac de l’aire de jeux pour l’empêcher de faire du mal à d’autres enfants. Le temps pour les forces de l’ordre d’appréhender le suspect…

De son côté, une assistante maternelle, par ailleurs réserviste de la gendarmerie, a fait preuve d’un sang-froid exemplaire en portant secours à deux des enfants blessés. Marilyn se trouvait alors dans l’aire de jeux avec trois petits dont elle avait la charge. Après avoir contacté le Samu, elle s’est tournée vers deux petits qui semblaient gravement touchés dans leur poussette : « Je m’occupe du petit garçon, a-t-elle expliqué. J’essaie de localiser les plaies, il est semi-conscient. […] Je lui ai dit à quel point il était merveilleux et courageux. […] Je voulais qu’il entende des mots rassurants et encourageants. »

Venu sur place à Annecy le 9 juin, Emmanuel Macron a félicité Henri et salué le courage de Marilyn…

Clara MARGAUX

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