Anita Lane s’enfuit d’ici jusqu’à l’éternité

«C’était, de loin, la plus talentueuse et la plus intelligente d’entre nous», disait d’elle le musicien Nick Cave ce jeudi matin. La plus discrète et la plus injustement ignorée, aussi. Née à Melbourne à une date oubliée en chemin, quelque part en 1960, Anita Lane a d’abord été connue comme la collaboratrice et compagne du chanteur australien, qu’elle a rencontré en école d’art au milieu des années 70. Quittant l’Australie pour l’Europe où Cave s’établit début 80 avec son groupe The Birthday Party dans l’optique de conquérir un plus large public, elle signera plusieurs titres sur leurs deux albums, Prayers On Fire et Junkyard, et fera par la suite partie de la première mouture des Bad Seeds, qu’elle quittera rapidement, son histoire avec Cave prenant fin.

Elle continuera toutefois à écrire et jouer pour lui et sa bande – on lui doit quelques morceaux phares du groupe tels que Stranger Than Kindness ou From Here to Eternity, ainsi que nombreux titres et projets avec Blixa Bargeld, Kid Congo Powers, Barry Adamson et Mick Harvey. Qui, tous, lui rendront la politesse au moment où elle entamera sa malheureusement trop courte carrière solo, limitée, malgré le soutien indéfectible du label Mute, à deux albums : Dirty Pearl en 1993, version langoureuse, enfumée et ultra-sexuée des premiers Bad Seeds, et Sex O’Clock en 2001, disque plus accessible et orchestré, passé inaperçu par on ne sait quel navrant coup du sort. Après plusieurs années à naviguer entre Berlin, le Maroc et la Sicile, elle retournera définitivement s’installer en Australie en 2008, avec ses trois enfants, dans la banlieue de Melbourne. Elle est décédée mercredi, à l’âge de 61 ans.


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