Amérique du Sud : notre itinéraire coup de cœur pour découvrir le détroit de Magellan
Traversé pour la première fois il y a 500 ans, le passage qui relie l’Atlantique au Pacifique demeure une expédition.
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Le goût des épices, à l’origine d’une révolution
La pointe sud de l’Amérique n’est encore qu’une grande page blanche lorsque Fernand de Magellan quitte l’Europe le 20 septembre 1519, les cales chargées de provisions. Il le sait, il le sent, il existe bien un passage pour rejoindre l’Asie dans cette zone du monde qui n’existe sur aucune carte. Magellan est portugais mais c’est pour le compte du roi d’Espagne qu’il s’engage dans cette incroyable aventure. Son but : ramener à la couronne espagnole de précieuses épices, comme le clou de girofle qu’on trouve seulement aux îles Moluques, dans l’actuelle Indonésie. En partant vers le continent américain et non vers le cap de Bonne Espérance, au sud de l’Afrique, il compte contourner par l’Ouest le monopole portugais institué par le traité de Tordesillas en 1494. Ce voyage strictement commercial entrepris par les cinq navires qui composent la flotte va être à l’origine d’une découverte majeure : tous les océans communiquent entre eux. Une véritable révolution ! Le périple n’est pourtant pas de tout repos pour le commandant Magellan qui doit faire face au climat de défiance régnant parmi les 237 hommes embarqués sous ses ordres, principalement des Espagnols, mais aussi des Portugais, des Italiens, des Français ou encore des Flamands.
La quête obstinée d’une improbable voie
Arrivé au Brésil, l’équipage longe la côte vers le sud, explorant toutes les baies. L’hiver austral s’installe bientôt, forçant les hommes à se mettre à l’abri dans un estuaire de Patagonie. Maltraités par les éléments qui s’abattent sur eux, le vent glacial, la neige, ils sont découragés. La quête leur semble vaine. Une mutinerie éclate sur trois des cinq bateaux. Magellan condamne à mort deux des meneurs en les abandonnant sur le rivage inhabité. L’été revenu, le Santiago part en reconnaissance visiter une baie voisine et fait naufrage. C’est dans ce décor désolé que les marins aperçoivent leurs premiers guanacos et des empreintes humaines gigantesques appartenant aux amérindiens Tehuelches qu’ils appellent Patagons, littéralement les hommes aux grands pieds. Un peu plus au sud, les quatre navires restants finissent par trouver la bonne embouchure. Ils s’aventurent dans un dédale de canaux et d’îles, plongé dans un brouillard mêlé de pluie. Le paysage est terrifiant mais Magellan persiste. Le San Antonio ayant déserté, seuls trois vaisseaux atteignent l’autre côté du détroit. Il leur aura fallu plus d’un mois pour parcourir 611 kilomètres. Le 28 novembre 1520, le découvreur exulte. Devant lui se déploie un grand océan très calme qu’il baptise Pacifique.
Punta Arenas : vers le continent blanc
Fondée en 1848, la ville la plus méridionale du Chili a assez peu de charme sous ses atours modernes. Plus grand peuplement européen le long du détroit, elle est le principal point de départ des croisières vers l’Antarctique.
L’île Magadalena : une aire protégée
Ce confetti posé au milieu du canal passerait presque inaperçu, s’il n’abritait pas la plus importante colonie de manchots de Magellan du Chili. Plus de 60 000 couples de ces drôles d’oiseaux en costume noir et blanc s’y retrouvent pendant la période de reproduction, attirant de nombreux touristes.
Cap Froward : au sud du sud
Il s’agit de la pointe la plus australe du continent américain. En 1587, le navigateur britannique Thomas Cavendish la baptise d’un terme anglais qui signifie « pénible ». Il avait affronté une météo particulièrement difficile : vents forts et pluie parfois glaciale.
Port Famine : l’échec de la colonisation
Déclaré monument national, ce site abrite les ruines d’un fort construit en 1584. C’est ici que les Espagnols ont tenté d’implanter leur première colonie. Mais dans un environnement si inhospitalier, impossible de cultiver la terre. Il n’y aura qu’un seul survivant pour témoigner de ce fiasco.
Stefan Zweig et Magellan
Si l’expédition fascine toujours autant cinq cents ans après, c’est grâce à Antonio Pigafetta, un jeune lieutenant italien embarqué aux côtés de Magellan. Il fait partie des 18 survivants de cette première circumnavigation de l’histoire. Son journal de bord est considéré comme l’un des plus beaux récits de voyage de l’époque. A partir de ce témoignage, Stefan Zweig déroule, en 1938, une biographie passionnante. L’auteur du Joueur d’échecs et de Vingt-quatre heures de la vie d’une femme se glisse dans la peau du navigateur pour nous faire revivre les temps forts de son exploit. Ce grand texte ressort sous deux formes. Une version illustrée, qui réunit près de 200 cartes, gravures et dessins historiques. Et une nouvelle traduction, soixante ans après la dernière, accompagnée d’un podcast interprété par Charles Berling (sur majelan.com). Magellan par Stefan Zweig, éd. Paulsen, 39,50 €.
Magellan-L’homme et son exploit, Stefan Zweig, éd. Robert Laffont, 19 €.
Article paru dans le numéro Femme Actuelle Jeux Voyages n°43 octobre-novembre 2020
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