Affaire Duhamel : Frédéric Mion, directeur de Sciences Po Paris, démissionne
L’onde de choc de l’affaire Duhamel se poursuit. Ce mardi 9 février, Frédéric Mion a annoncé démissionner de son poste de directeur de Sciences Po Paris, dans un mail adressé aux étudiants, et à la communauté éducative, a d’abord révélé BFM TV. Information ensuite confirmée par l’AFP.
Sa démission était réclamée par de nombreux étudiants, dans le cadre des révélations sur Olivier Duhamel, constitutionnaliste et figure de l’Institut d’Études Politiques de Paris. Le Monde avait révélé que Frédéric Mion était au courant des accusations d’inceste envers Olivier Duhamel depuis 2018.
Début janvier, Camille Kouchner, spécialiste du droit, a accusé son beau-père d’avoir violé son frère jumeau lorsqu’ils étaient adolescents, dans les années 80, dénonçant au passage l’omerta de leur entourage, dans le récit La familia grande. Dans la foulée, Olivier Duhamel a démissionné de toutes ses fonctions, dont à la tête de la Fondation nationale des Sciences Politiques, qui chapeaute Sciences Po Paris. Une enquête pour « viols sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité » a été ouverte, et « Victor » Kouchner a porté plainte contre son beau-père.
Des « incohérences »
À Sciences Po, une enquête a été diligentée par l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la jeunesse.
« Le rapport provisoire de cette inspection […] confirme qu’aucun système de silence concerté ou de complaisance n’a existé au sein de notre établissement », écrit Frédéric Mion dans son communiqué, repris par franceinfo.
« Le rapport pointe toutefois de ma part des erreurs de jugement, dans le traitement des allégations dont j’avais eu communication en 2018, ainsi que des incohérences dans la manière dont je me suis exprimé sur le déroulement de cette affaire après qu’elle a éclaté », reconnaît-il. « Je mesure le trouble qui en résulte et j’en assume l’entière responsabilité. »
Les revirements de Frédéric Mion
À la publication de La familia grande, Frédéric Mion avait fait part de sa « stupeur », assurant découvrir alors les accusations d’inceste envers Olivier Duhamel. II « nous a confirmé qu’il n’était pas au courant et qu’il trouvait infamant qu’un membre du conseil puisse dire le contraire », avait rapporté le président de l’Unef Sciences Po, et l’un des deux représentants des étudiants, au Monde.
« Je prends toute la responsabilité de ce manque de prudence, mais la faute s’arrête à moi. J’ai été inconséquent et j’ai manqué de discernement. Je suis prêt à l’entendre et à en subir les conséquences », avait alors réagi le directeur de Sciences Po.
Il ne faut pas qu’on puisse penser qu’on savait.
Mais face aux révélations du Monde, le 6 janvier, Frédéric Mion a finalement reconnu avoir été mis au courant de ces accusations par Aurélie Filippetti, ancienne ministre et enseignante à Sciences Po, en 2018.
Ce mardi 9 février, une enquête de Marianne révèle qu’après la publication de La familia grande, Frédéric Mion a appelé deux fois Aurélie Filippetti, pour lui demander « de ne pas davantage partager l’information ». « Il ne faut pas qu’on puisse penser qu’on savait », lui aurait-il dit.
L’hebdomadaire a aussi révélé que Marc Guillaume, ancien secrétaire général du gouvernement et actuel préfet d’Île-de-France, a été informé une première fois des accusations d’inceste envers Olivier Duhamel par Frédéric Mion, au printemps 2018.
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