Activités extrascolaires : à quel âge commencer et comment les choisir ?
L’activité extrascolaire est-elle indispensable ? Comment choisir la bonne discipline ? Une spécialiste en psychologie de l’éducation donne les clés pour occuper nos petits le mercredi après-midi.
Musique, danse classique, tennis, théâtre, natation, équitation… Le choix de l’activité extrascolaire commence dès l’entrée en maternelle, parfois même avant. Face à la pléthore de propositions, les parents sont souvent perdus. Faut-il à tout prix que les enfants se réalisent en dehors de l’école et de la famille ? À quel âge commencer la première activité ? Comment la choisir sans être influencé par ses propres envies ? Les réponses de Claire Leconte, professeure émérite de psychologie de l’éducation.
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Madame Figaro.- Quel est le rôle de l’activité extrascolaire dans le développement de l’enfant ?
Claire Leconte.- Une activité en dehors de l’école apporte à l’enfant une ouverture sur un autre groupe que celui de la classe ou de la famille. Il découvre qu’il possède certaines compétences qui ne sont pas forcément développées ailleurs. En découvrant son potentiel, l’enfant gagne confiance en lui.
L’activité extrascolaire est-elle indispensable pour son épanouissement ?
Non, il s’agit d’un plus par rapport à l’école, mais il ne faut surtout pas obliger un enfant à faire une activité sous prétexte que c’est bon pour lui. Si à la maison, il a la possibilité de faire de la pâtisserie avec ses parents, de jouer au ballon ou de faire des sorties, il n’a pas forcément besoin de pratiquer une autre activité. Toutefois, si les seules options sont de regarder la télévision ou de jouer aux jeux vidéo, il vaut mieux que l’enfant soit à l’extérieur de chez lui.
À l’heure de choisir l’activité, faut-il se diriger vers ses centres d’intérêt et aptitudes naturelles afin de les développer ?
Non, il est préférable d’éviter d’orienter l’enfant vers ce qu’il connaît déjà. Il ne faut pas l’emmener à se spécialiser trop tôt dans un domaine particulier. Le but de l’extrascolaire est de lui permettre de connaître un univers vers lequel il ne serait pas allé spontanément. Un enfant très physique peut s’épanouir dans autre chose qu’une activité sportive. Dans un cours de théâtre, il peut découvrir qu’indépendamment du défoulement physique, il existe un défoulement intellectuel.
Les parents s’imaginent parfois que l’enfant va se découvrir un talent grâce à son activité. Est-ce un leurre ?
En voyant leurs enfants en haut de la pyramide de cette activité-là, ces parents leur mettent une double pression, celle de l’école et de l’extrascolaire. Vers l’âge de 7 ans, après trois années de pratique, l’enfant peut se prendre de passion pour un domaine, mais ce sera son choix et non celui des parents.
À quel âge peut-on commencer ?
Il n’existe pas de règle. On peut commencer dès tout petit avec une activité comme les bébés nageurs, par exemple. Pratiqué en famille, ce type de loisir permet de lutter contre la peur de l’eau et de passer des moments avec les parents. Plus tard, ces petits auront plus tendance à aller vers des activités extérieures. On peut continuer avec d’autres activités à la maternelle, mais il faut avant tout écouter l’enfant. Certains préféreront rêvasser à la maison que de courir d’un cours à un autre et il faut respecter cette envie-là.
Comment fait-on si notre enfant ne se plaît pas dans une discipline dès le cours d’essai. Faut-il insister ?
Un seul cours ne suffit pas pour savoir si on va aimer ou non la discipline. L’idéal est de se diriger vers des associations qui proposent trois essais. Si au bout de trois fois, le petit traîne des pieds pour ne pas y aller, il ne faut pas insister. Il vaudrait mieux en parler avec lui pour comprendre ce qui ne lui plaît pas. Ce n’est pas forcément l’activité en elle-même, mais peut être l’enseignant, le contexte ou l’environnement.
À combien d’activités peut-on inscrire son enfant sans le surcharger ?
À l’école maternelle, une seule par semaine suffit largement. En élémentaire, il peut en faire deux, à condition de varier le type de disciplines. S’il fait déjà un sport collectif, je recommande que la deuxième activité soit plutôt individuelle. L’horaire est également important, on veillera à ne pas programmer de cours de sport après 18 heures.
Vous alertez sur la suractivité des enfants et prônez le droit à ne rien faire. Pourquoi est-ce important pour leur développement ?
Je milite pour que l’enfant ait des vrais moments de détente sans toujours devoir se dépêcher. Une activité extrascolaire ne se fait pas sans contrainte car on doit respecter un horaire. Or l’enfant a besoin de moments sans pression. Par exemple, quand il dit qu’il s’ennuie, cela signifie qu’il a du temps pour lui. On ne doit pas lui dire qu’on va lui trouver quelque chose à faire. Il se rendra compte petit à petit compte que c’est aussi un plaisir de regarder les mouches voler.
Initialement publié en août 2018, cet article a fait l’objet d’une mise à jour.
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