A Milan, "La Cène" de Léonard de Vinci se déconfine

Une des fresques les plus célèbres au monde, « La Cène » de Léonard de Vinci, est enfin sortie cette semaine de son confinement pour cause de Covid. Loin des foules habituelles de touristes,  le couvent dominicain de Milan qui l’abrite accueille désormais des amateurs d’art venus de la capitale lombarde et ses alentours.

« Pour moi c’est une renaissance, je revis. Après cette terrible pandémie, ça me permet de m’évader, d’élever mon âme, de ressentir à nouveau des émotions », confie Alessandra Fabbri, 37 ans, qui travaille dans le secteur de la publicité numérique. Cette habitante de Milan est originaire d’Urbino, ville natale de Raphaël dans le centre de l’Italie, « jadis capitale de la Renaissance italienne avec laquelle Léonard de Vinci avait des liens très forts », explique-t-elle.

A l’entrée du couvent Santa Maria delle Grazie, après la prise de température obligatoire, de petits groupes limités à 12 personnes se relaient en silence toutes les quinze minutes devant la fresque peinte par le génie de la Renaissance.

Le chef-oeuvre, qui représente le dernier repas du Christ avec ses douze apôtres à qui il vient d’annoncer que l’un d’eux allait le trahir, a été peint à la détrempe entre 1494 et 1498 sur le mur du réfectoire du couvent dominicain.

Nous misons sur un tourisme de proximité, avec des Milanais qui se réapproprient ces lieux qui étaient dominés par le tourisme international. Le couvent fait partie de leur culture, leur histoire.

« C’est la plus belle oeuvre d’art que j’ai jamais vue de ma vie, un mélange d’art et de spiritualité, c’est magique », s’extasie Anna Oganisyan, 50 ans, une pianiste française qui vit à Milan. Elle est venue à l’improviste avec sa fille Anne-Charlotte pour décrocher un billet à la dernière minute, ce qui aurait été inimaginable avant l’épidémie de Covid-19, lorsque le temps d’attente pour voir « La Cène » atteignait jusqu’à trois mois.

Avant la pandémie qui a mis à l’arrêt le tourisme, 60 à 70% des visiteurs venaient de l’étranger, surtout des Américains, des Chinois et des Coréens. Désormais, « nous misons sur un tourisme de proximité, avec des Milanais qui se réapproprient ces lieux qui étaient dominés par le tourisme international. Le couvent fait partie de leur culture, leur histoire », estime Michela Palazzo, directrice du Musée du Cénacle Léonard de Vinci.

Le musée, qui a rouvert ses portes mardi, avait dû fermer lors du premier confinement fin février. Il avait rouvert le 10 juin avant de baisser à nouveau le rideau le 5 novembre. Le chiffre d’affaires, d’environ 1,2 million d’euros par an, en a pris un coup, chutant de 80% en 2020. La fréquentation avait signé un record en 2019, avec plus de 445.000 visiteurs venus à l’occasion des commémorations pour les 500 ans de la mort de Léonard de Vinci.

« Désormais, il n’y a plus de files d’attente, c’est le silence qui prédomine, des conditions optimales pour admirer ce chef-d’oeuvre extraordinaire et s’échapper de la pandémie », fait valoir Michela Palazzo. A contre-courant de ses voisins européens, l’Italie a assoupli début février les restrictions anti-Covid en vigueur dans la plupart de ses régions, permettant notamment la réouverture au public des bars et restaurants. Les musées aussi ont pu rouvrir, mais seulement en semaine pour éviter les foules.

« Ca fait très longtemps que je voulais voir +La Cène+ qui est d’une beauté extrême », raconte Davide Palano, un lycéen de 17 ans, qui avait réservé son billet en ligne la veille au soir. « Là, c’est le moment, il y a moins de monde, c’est tranquille ».

A lire aussi :

⋙ Pourquoi la mort de Léonard de Vinci a-t-elle alimenté les fantasmes ?

⋙ De Vinci au Louvre : pourquoi Léonard aurait-il peint deux versions de la Vierge au fuseau ?

⋙ Léonard de Vinci, l’artiste universel

Source: Lire L’Article Complet