8 questions à se poser avant de faire tomber une cloison
Ouvrir les pièces pour agrandir l’espace, c’est tentant. Mais avant le premier coup de masse, on vérifie que le projet tient la route.
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1. Pourquoi ouvrir ?
Envie d’une grande pièce comme dans les magazines de déco ? « Au-delà de l’aspect esthétique, il faut que ça ait du sens », prévient l’architecte d’intérieur Valérie Laporte-Volatier (lesmursontdesoreilles.com). Abattre une cloison agrandit les volumes, fluidifie la circulation et redistribue l’espace. Salon, salle à manger, cuisine : plutôt qu’une enfilade de pièces, on crée un grand séjour où les activités cohabitent. En bonus, on peut gagner en luminosité en récupérant des fenêtres. Une entrée trop vaste, un couloir extra-large… ? Pour exploiter ces mètres carrés mal placés, casser les cloisons est aussi une solution.
2. Quel bénéfice ?
Imaginer la façon dont on va vivre dans un lieu décloisonné est essentiel. Une cuisine ouverte est conviviale, mais va-t-on supporter les odeurs de cuisson dans le séjour ? Et la vue sur l’électroménager depuis le canapé, acceptable ou pas ? Autre exemple, la cloison que l’on souhaite supprimer entre le séjour et l’entrée élimine aussi les rangements pour les manteaux, les chaussures… Et le bazar risque d’atterrir au salon. Si on rêve d’une suite parentale avec salle de bains ouverte sur la chambre, on se pose la question du confort et du manque d’intimité. Et si, en couple, on n’a pas les mêmes horaires, cela peut générer quelques crispations…
3. Et mes meubles ?
« Quand on perd des murs, disposer des meubles devient plus complexe », constate Valérie Laporte-Volatier. Alors, on anticipe en dessinant un plan en 3D de la future pièce avec un logiciel gratuit (home.by.me, par exemple). On peut aussi demander une étude à un architecte d’intérieur. « Il est mieux parfois d’ouvrir seulement la partie haute et de laisser un soubassement pour y placer les meubles. »
4. C’est sans risque ?
On s’assure que le mur n’est pas porteur en examinant son épaisseur et en « toquant » dessus. Moins de 10 cm et un son creux ? C’est une simple cloison. On regarde également les plans de l’habitation : les murs porteurs y sont dessinés. « Attention, dans les immeubles anciens, les cloisons peuvent devenir porteuses avec le temps », avertit Valérie Laporte-Volatier. En cause, un affaiblissement de la structure due aux mouvements du terrain ou des murs cassés dans d’autres appartements. Dans le doute, on fait appel à un bureau d’études qui vérifiera que le projet est possible.
5. Quelle autorisation ?
Si on est locataire, il faut demander l’accord écrit du propriétaire. Et on prévient les voisins pour le bruit et la poussière.
6. Qui peut le faire ?
Le faire soi-même n’est pas compliqué. On s’assure juste que la cloison ne cache ni câble ni canalisation. S’il y a un interrupteur, une prise ou un radiateur, il y a un réseau d’électricité ou de plomberie ; il faut alors faire intervenir un pro. En cas d’hésitation, on passe un détecteur de métaux sur la paroi.
7. Comment procéder ?
On recouvre le sol et les meubles d’une bâche et on la double de couvertures pour amortir le choc des gravats. On calfeutre les portes avec des chiffons humides et on se protège : casque, gants, lunettes, masque antipoussière, chaussures de sécurité. Si la cloison est maçonnée (parpaings, briques, béton cellulaire), on découpe la partie haute à la tronçonneuse à disque puis on abat à la masse. S’il s’agit de carreaux ou de plaques de plâtre, on tranche des blocs à la scie sabre et on termine à la masse, toujours de haut en bas. Et on évacue les gravats à la déchetterie dans des sacs spéciaux (« big bag »).
8. Et les raccords ?
La cloison abattue, plafond et murs adjacents nécessitent une retouche. Pour conserver les moulures, il faut laisser une retombée de plafond. Au sol, on ajoute du parquet, du carrelage ou de l’enduit coloré autolissant. Pour camoufler une différence de niveau, une barre de seuil de rattrapage fera l’affaire
Ouvrir mais pas trop
Pour décloisonner tout en délimitant l’espace, des solutions intermédiaires existent en kit ou sur mesure.
- La cloison coulissante. Translucide ou opaque, composée d’un ou de plusieurs panneaux, elle est suspendue à des rails fixés au plafond ou au mur.
- La cloison amovible. Grâce à ses pieds ajustables, elle se fixe en moins d’une heure sans perçage. Fixe ou pivotante, elle peut être vitrée, opaque ou à lames orientables pour filtrer la lumière.
- La verrière. Elle offre un éclairage en second jour aux pièces dépourvues de fenêtres. On peut la choisir avec un soubassement en métal ou la monter sur un muret. Attention, elle n’a aucune propriété phonique.
- Le claustra. Cette paroi ajourée graphique, généralement composée de lattes de bois blond, délimite les espaces avec style sans occulter la lumière.
Si le mur est porteur
Contrairement à la cloison, le mur porteur soutient la structure du bâtiment. Avant de l’ouvrir ou l’abattre, le projet doit être validé par un architecte (architectes.org) ou un ingénieur de bureau d’études « structures » qui détermine la technique d’ouverture et les renforts nécessaires. On confie le chantier à une entreprise de maçonnerie spécialisée, après avoir obtenu son attestation d’assurance décennale. En copropriété, il faut l’accord de l’architecte de l’immeuble et de l’AG. Le syndic vous demandera d’établir un constat d’huissier et de souscrire à une assurance dommage-ouvrage. Au total, le budget moyen est de 3 000 à 9 000 €.
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