8 conseils de nutritionniste pour renouer facilement avec une alimentation saine
Sûr que notre vie serait plus joyeuse si on oubliait les injonctions qui envahissent nos assiettes, en osant manger ce qui nous fait plaisir. Alors oublions les comptages caloriques, glucidiques ou autres pour miser sur un véritable équilibre alimentaire. Mise à plat avec le médecin nutritionniste, Arnaud Cocaul.
Restez informée
« Il ne faut rien manger entre les repas, dîner léger en oubliant les féculents, manger ceci et pas cela… » Selon l’enquête Nielsen Global Health and Ingredient d’août 2015, deux tiers de la population mondiale suit un régime, limitant sa consommation d’au moins un aliment. « Nous sommes abreuvés d’informations nutritionnelles et, pour tout dire, noyés sous les données contradictoires, s’alarme Arnaud Cocaul. Résultat, nous muselons notre appétit, nous n’écoutons plus nos signaux internes, nous identifions mal notre satiété, nous mangeons sans faim et sans fin… nous sommes complètement perdus ! » Les clés pour renouer avec soi, et retrouver le fil d’une alimentation équilibrée, les voici !
Bouger, souffler, buller
« Trop de personnes oublient que manger est une expérience corporelle », explique le nutritionniste. Mais pour être en phase avec ses sensations, il faut d’abord réinvestir son corps, lâcher prise et apaiser ses tensions. Trois exercices tout simples préparent le terrain.
- Marcher. Là, on ne parle pas de sport, mais d’activité physique pour lutter contre la sédentarité : on zappe l’ascenseur et la voiture, on marche à son rythme le plus souvent possible pour prendre conscience de son corps.
- Respirer. Chaque jour, on inspire-expire quelques minutes, deux ou trois fois dans la journée, en ne pensant à rien d’autre.
- Prendre son temps. Une étape incontournable quand on est sous tension 24 heures sur 24, et qu’on n’a jamais une seconde à soi. On s’oblige à aller au cinéma, à s’asseoir sur un banc et à regarder les oiseaux, à lire, à rêvasser ou à ne rien faire du tout au moins 1 h 30 par jour.
Écouter, humer, regarder
Prête pour un test maintenant ? A la prochaine occasion, on on tend l’oreille pour écouter le bruit d’une côte d’agneau qui grésille dans la poêle, on se délecte de l’odeur d’une tarte aux pommes qui caramélise dans le four, on se laisse émerveiller par un étal de fraises sur le marché, on saisit à pleines mains une brassée de feuilles d’épinards craquantes et fraîches… Des sensations dont on est de plus en plus souvent coupé avec les barquettes préemballées qui remplissent nos Caddies ! Remettre ces signaux en alerte va nous aider à discerner nos véritables envies, « à réapprendre à savoir ce qu’est la faim, précise Arnaud Cocaul. Aujourd’hui, nos cinq sens ne sont plus mobilisés, noyés qu’ils sont sous la tyrannie de la culpabilité. Le cortex frontal, où se niche la volonté, supplante tout et empêche notre hypothalamus (centre de la faim et de la satiété) d’exercer son rôle. »
Renoncer aux injonctions alimentaires rigides
Il y a quelque temps, tout le monde ou presque se croyait intolérant au gluten, s’amuse le nutritionniste, mais c’est un peu passé de mode. Aujourd’hui, on a plutôt peur des féculents, on prend le sucre pour du poison ou on ne jure que par la détox. Et ces croyances nutritionnelles véhiculent pas mal d’idées fausses ! Sait-on que les féculents justement sont la première source d’énergie pour notre organisme ? Que s’en priver le soir ne repose absolument sur rien et qu’ils nous aideraient plutôt à mieux dormir ? On a tous aussi besoin de glucides pour vivre et nourrir nos organes, à doses variables bien sûr selon les individus. Plutôt qu’une détox, une alimentation équilibrée qui inclut tous les légumes et fruits fait parfaitement le travail ! A remettre en question aussi les habitudes familiales bien ancrées, comme celle de finir son assiette ou de sauter un repas pour rattraper des excès. Elles aussi vont totalement à l’encontre de nos sensations de faim ou de satiété.
Fuir les régimes et les restrictions
Non seulement on ne peut pas vivre toujours sous contrôle, mais, en soi, aucun aliment ne devrait être supprimé de notre alimentation. Régimes, éviction d’un groupe d’aliments comme les fruits, les fromages, les viandes, déclenchent toujours à terme des frustrations, des carences, et des phénomènes de compensation. « Le corps ne peut pas fonctionner sur le principe du tout ou rien qui altère le métabolisme et l’assimilation des nutriments. Il faut un juste équilibre, pour que tous nos organes (cœur, foie, reins…) soient correctement nourris, sinon on tombe malade, explique Arnaud Cocaul. De plus, lorsque les prises alimentaires se raréfient ou s’appauvrissent, l’organisme fait des stocks (de gras). C’est la faute de cette mémoire ancestrale qui date du temps où l’opulence alimentaire n’existait pas. »
Improviser, retrouver le plaisir de manger
Il est urgent d’injecter une bonne dose de spontanéité dans son Caddie ! Avoir un coup de cœur pour un chou romanesco, c’est permis, et même recommandé. Dans la foulée, on cesse d’établir des menus à l’avance pour la semaine, on fait place à l’improvisation et aux nouvelles expériences. On ne juge plus les aliments, on ne se censure plus, on ne fait plus ses courses « à l’américaine », l’œil rivé sur la « bonne » appli destinée à nous aiguiller sur les « bons » aliments et à nous écarter des « mauvais ». Le conseil du nutritionniste ? « Acheter le produit dont la liste des ingrédients est la plus courte possible ! »
On se laisse séduire par tout ce qui nous attire au gré des étals et des saisons ; on explore de nouvelles saveurs, on laisse parler ses sens, on ose, on cuisine, on devient un aventurier de l’alimentation pour retrouver le plaisir de manger. « Une part de responsabilité incombe aux médecins français qui, encore aujourd’hui, ont tendance à fonder leur discours nutritionnel sur le contexte biologique et pathologique, explique Arnaud Cocaul. Ils continuent à raisonner en termes de calories, d’apport énergétique, d’index glycémique et de maladies déclenchées par les désordres de la balance énergétique. Mais en cherchant à trop expliquer, on ne fait qu’entretenir un climat d’anxiété et de suspicion, source de potentiels troubles majeurs du comportement alimentaire. En outre, je pense qu’il existe un fossé entre les cuisiniers, détenteurs de l’art culinaire, et les médecins, parfois coupés de la notion de simple plaisir alimentaire et dispensant des régimes déconnectés de l’harmonie de la table. Trop de mangeurs en arrivent à perdre le plaisir de manger, à avoir peur de ce qu’ils avalent, anticipant d’hypothétiques retombées médicales. »
Accueillir ses envies avec bienveillance
Oui, il faut faire confiance à son corps, croquer des fraises Tagada ou un kouign-amann si on en meurt d’envie ! « L’important, explique Arnaud Cocaul, c’est de les déguster en pleine conscience. On éteint la télé, on quitte l’ordi, on hume ses bonbons ou ses gâteaux avec délice, on ne les gobe pas tout rond mais on les laisse fondre sur la langue, on éprouve leur saveur, on apprécie leur consistance, bref on en profite à fond… C’est bien meilleur, cela va mieux nous contenter et nous mettre en plus à l’abri d’en dévorer une tonne. On ne supprime pas un aliment qui n’entre pas dans le cadre nutritionnel tant qu’il reste exceptionnel. Le plaisir doit être là, lui aussi, c’est très important. Il a d’ailleurs une fonction normalisatrice qui permet d’éviter les compulsions. »
A noter, certaines envies peuvent aussi correspondre à un besoin de l’organisme. On est alors attiré par les aliments qui contiennent des nutriments dont le corps a besoin (fromage, viandes, épices, féculents). C’est ce qu’on appelle les « appétits spécifiques » et il est important de les satisfaire eux aussi. Tant qu’on est à l’écoute de ses sensations alimentaires (faim, envies, appétits spécifiques, rassasiement), on peut manger ce que l’on veut sans prendre vraiment de poids.
Miser sur l’équilibre
« Si le comportement alimentaire de certaines déraille, note Arnaud Cocaul, et parfois violemment, c’est qu’elles ont malmené ce plaisir de manger, simple et basique, qu’elles en ont ébranlé la nature et l’équilibre en se soumettant à des restrictions alimentaires souvent très sévères. Ces personnes déboussolées par les régimes ne ressentent plus les signaux habituels de rassasiement. » Avec une attitude sereine, les limites se posent naturellement, intuitivement. Le vrai secret, c’est d’apprendre à retrouver ses sensations et le plaisir de manger, tout en combinant les aliments entre eux de manière à couvrir ses besoins essentiels.
S’écouter, ça vous parle ? Ça veut dire quoi au juste, s’écouter ? Accorder une importance excessive à tout ce qui nous touche ? Faire ce qui nous passe par la tête ? Eh bien non. S’écouter, en psychologie, c’est entendre sa propre voix pour savoir qui on est. Comme l’écrit le philosophe Blaise Pascal : « Il faut se connaître soi-même : quand cela ne servirait pas à trouver le vrai, cela au moins sert à régler sa vie, et il n’y a rien de plus juste. » Parce que chaque individu a son histoire et son identité propre, lui seul peut distinguer ce qui en lui est authentique. Alors on cesse de se comparer aux autres et de s’identifier aux normes, on se met à l’écoute de ce que réclament son corps et son esprit. C’est aussi la leçon de vie de Pindare (518-438 avant J.-C.), le poète grec qui conseillait déjà : « Deviens ce que tu es. »
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