6 actrices qui vont marquer l’année 2021 | Vogue Paris

Ces actrices, qui seront à l’affiche de West Side Story, Matrix 4, Zola et la deuxième saison de la série Mes premières fois sur Netflix, sont les stars de demain.

Qu’est-ce que les actrices montantes de 2021 ont en commun ? Avec talent et persévérance, elles ont traversé l’une des années les plus difficiles que l’industrie cinématographique ait jamais connues ; mais par la même occasion, elles ont identifié les points à améliorer. Dans le sillage d’une pandémie mondiale, de la reprise des manifestations du mouvement Black Lives Matter, de l’incertitude politique et d’un état d’urgence climatique, ces actrices sont franches et déterminées à pousser l’industrie du cinéma vers un avenir plus multiculturel, engagé et responsable.

Au cours des 12 prochains mois, leur visage va inonder le petit et le grand écran. En effet, il est prévu qu’elles participent à des superproductions, qu’elles collaborent avec des réalisateurs oscarisés et qu’elles fassent un tabac lors des cérémonies de remise de prix. Mais elles ne se contentent pas pour autant de rester sous le feu des caméras : certaines d’entre elles ont écrit des scénarios, d’autres se taillent des rôles de réalisatrices et productrices tant elles ont soif de raconter des histoires sur leur propre communauté et de créer les lieux sûrs dont elles n’ont pas forcément bénéficié à leurs débuts.

Alors qu’Hollywood entre dans une ère nouvelle, ces six femmes ouvrent la marche.

1. Odessa Young

Odessa Young

© David Raboy

Dans le thriller hallucinatoire de Josephine Decker, Shirley (2020), cette Australienne de 22 ans, enfant chérie du cinéma indépendant, livre une prestation époustouflante : un mélange envoûtant de naïveté et de malveillance qui n’a rien à envier au jeu de sa partenaire, Elisabeth Moss. Il n’est donc pas surprenant que Young ait décroché son premier rôle à l’âge de 11 ans avant de faire des vagues dans plusieurs drames bouleversants tels qu’Angelica (2015) et Looking for Grace (2015), puis de continuer à séduire les critiques avec l’exubérante satire sociale Assassination Nation (2018). En 2021, elle tiendra le rôle principal dans l’émouvante saga familiale Mothering Sunday. Mais avant cela, elle jouera dans Le fléau (2020-2021), une minisérie basée sur le roman du même nom écrit par Stephen King en 1978 et traitant d’une pandémie mondiale.  « Son travail est prémonitoire », indique Young en frémissant.

Vous venez de terminer le tournage de Mothering Sunday avec Olivia Colman, Colin Firth et Josh O’Connor. Comment s’est passée la collaboration avec ces acteurs formidables ?

« Ils sont extrêmement drôles ensemble. Nous étions très complices et faisions des jeux sur le plateau. Sans le savoir, le pauvre Colin s’est retrouvé au cœur d’un concours entre moi et Josh. Tout a commencé par un pari : qui de nous deux allait réussir à prendre une bière avec Colin en premier ? Ce pari a pris de l’ampleur, le défi étant de devenir son meilleur ami. J’ai gagné, mais Colin a fini par l’apprendre et il a eu l’impression d’avoir été manipulé. »

Sur le plan personnel, vous avez pris part aux manifestations du mouvement Black Lives Matter cette année. En juin, vous avez publié sur Instagram votre arrestation lors d’un rassemblement pacifique à New York. Comment l’avez-vous vécu ?

« Je n’imaginais pas être arrêtée et ne comptais pas l’être. En tant qu’habitante de New York, il m’a semblé qu’il était important de soutenir les personnes marginalisées qui sont les victimes éternelles d’un racisme systémique. Le but de la police était d’évacuer le plus grand nombre possible de personnes pour faire passer un message. Moi qui suis blanche, je suis contente d’avoir atterri dans une cellule de détention provisoire à la place d’une personne marginalisée qui aurait pu être traitée bien plus mal que moi. »

Photographie David Raboy. Total look Miu Miu

2. Maitreyi Ramakrishnan

Maitreyi Ramakrishnan

© Brent Goldsmith

Battre 15 000 acteurs pour décrocher le rôle d’une vie n’a rien d’exceptionnel pour Ramakrishnan. Cette Canadienne d’origine tamoule âgée de 18 ans, qui n’avait jamais participé à un tournage, est devenue célèbre du jour au lendemain grâce à son rôle principal dans Mes premières fois, une série humoristique de Mindy Kaling et Lang Fisher sortie au printemps sur Netflix. Elle y incarne une charmante lycéenne qui navigue entre les amitiés, les amours et les relations tendues avec sa famille. Maintenant que la deuxième saison est en cours de tournage, elle a plus d’un million d’abonnés sur Instagram et met sa popularité au profit de nobles causes. En octobre, elle est même devenue ambassadrice de Plan International Canada, une organisation qui défend les droits de l’enfant et l’égalité des sexes. Que pouvons-nous attendre pour la suite ? « J’ai un faible pour les projets d’animation, et Mindy m’a dit que j’avais une voix cool et unique », répond-elle en rigolant. « Mais je ne sais pas. Mon frère trouve que c’est ennuyeux. »

La série Mes premières fois a remporté un franc succès. À l’approche de la deuxième saison, quelle influence espérez-vous qu’elle aura ?

« Il est insensé qu’il nous ait fallu autant de temps pour obtenir une série comme celle-ci. Si cela permettait d’encourager les filles de couleur à poursuivre leurs rêves artistiques, ce serait formidable. Mais j’espère aussi que les producteurs et les réalisateurs regardent la série et se rendent compte que le fait de miser sur la diversité et l’authenticité ne va pas leur porter préjudice. Nous ne sommes pas unidimensionnels. Nous avons plein d’histoires à raconter. »

Si vous pouviez changer une chose dans le fonctionnement de l’industrie cinématographique et télévisuelle, quelle serait-elle ?

« Nous devons réfléchir à la façon dont nous glamourisons les personnes qui se trouvent sous le feu des caméras. Je pense qu’il est temps de les humaniser et de les faire redescendre sur terre. »

Photographie, BRENT GOLDSMITH. Stylisme, SKYE KELTON. Coiffure et maquillage, SANDRA YANG. Chemise, COMME DES GARÇONS chez VSP CONSIGNMENT. Collier en or jaune à double tour, TIFFANY & CO. Bague personnalisée en jadéite et en or 18 carats sur la bague à l’index, VSP CONSIGNMENT. Bague au majeur gauche, CUCHARA. Bague à l’annulaire gauche, BEAUFILLE. Bagues à l’annulaire droit et anneau de nez appartenant à Maitreyi Ramakrishnan.

3. Talia Ryder

Talia Ryder

© Emily Soto

Talia Ryder est une jeune actrice de 18 ans originaire de Buffalo, dans l’état de New York. Lorsqu’elle avait 12 ans, elle a convaincu sa mère de la laisser auditionner pour Matilda the Musical après avoir assisté à une représentation de la comédie musicale à Broadway. Peu de temps après, elle enchaînait sept spectacles par semaine et espérait pouvoir s’en servir comme d’un tremplin vers le cinéma. Ryder a brillamment sauté le pas il y a quelques mois, en interprétant une adolescente douce et lucide dans Never Rarely Sometimes Always (2020). Ce drame subtil d’Eliza Hittman dresse le portrait d’une jeune femme qui décide de se faire avorter dans un autre état. Si cela ne suffisait pas, ses prochains films démontrent l’étendue de sa palette d’actrice : le film romantique Hello, Goodbye and Everything in Between et le rôle d’une Jet dans l’ambitieux remake de West Side Story, dont la sortie est prévue en décembre 2021. « Je suis impatiente de le voir », dit-elle en souriant.

Never Rarely Sometimes Always est un film saisissant. Quelle a été la réaction des spectateurs ?

« Beaucoup de mères m’ont abordée après avoir vu le film et m’ont dit : “Je vais appeler ma fille. Je veux être sûre qu’elle peut compter sur moi. ” De plus, ma participation à ce film a renforcé ma relation avec ma propre mère. À l’époque, j’étais mineure et elle m’accompagnait sur le tournage. Nous avons eu beaucoup de conversations que nous n’aurions peut-être pas eues avant. »

Vous serez à l’affiche de West Side Story, le prochain film de Steven Spielberg. Quel genre de réalisateur est-il ?

« Il nous poussait sans cesse à poser des questions et à ne pas nous cantonner à notre rôle. Pendant les répétitions, il arpentait le studio avec un téléphone pour déterminer les plans et programmer le tournage. Je lui ai posé des questions à ce sujet. Il s’est assis, a sorti son téléphone et m’a expliqué la phase de storyboarding. Eliza et Steven m’ont donné envie de travailler aussi derrière la caméra. »

Photographie, EMILY SOTO. Stylisme, CECE LIU. Coiffure, AYUMI YAMAMOTO. Maquillage, AI YOKOMIZO. Look complet, MARYAM NASSIR ZADEH. Chaussettes, FALKE. Chaussures, CHRISTIAN LOUBOUTIN. Bijoux appartenant à Talia Ryder.

4. Tiffany Boone

Tiffany Boone

© Ben Simpson

C’est en 2020 que cette jeune femme de 33 ans originaire de Baltimore, dans le Maryland, a conquis les plateformes de streaming. Après avoir fait ses premières armes dans le film fantastique Sublimes créatures (2013) et la série policière Following (2013-2015), elle a décroché trois rôles de premier plan : celui d’une combattante redoutable démasquant les nazis aux côtés d’Al Pacino dans la série Hunters d’Amazon Prime ; celui d’une version plus jeune du personnage de Kerry Washington dans la série Little Fires Everywhere d’Hulu ; et celui d’une astronaute dans Minuit dans l’univers, le film de science-fiction de Netflix réalisé par George Clooney. En 2021, elle sera présente dans la deuxième saison de Hunters et elle relèvera un nouveau défi : un rôle dans Nine Perfect Strangers, une minisérie énigmatique avec Nicole Kidman et Melissa McCarthy. « J’ai l’impression d’être payée pour prendre des cours d’art dramatique », dit-elle à propos de ses partenaires. « Je suis obsédée. »

George Clooney vous a-t-il vraiment conseillé de créer votre propre boîte de production ?

« Lui et son associé parlaient de la façon dont ils ont commencé lorsque George s’est tourné vers moi pour me dire : “Tu dois commencer maintenant”. Je n’ai pas encore suivi son conseil, mais je ne manquerai pas de le faire. Cette envie s’est accentuée sur le tournage de Little Fires Everywhere. Un groupe de femmes d’horizons divers était aux commandes, et tout le monde s’est senti écouté, valorisé et en sécurité. J’aimerais créer ce genre d’atmosphère pour les gens. »

Pensez-vous que l’année 2020 sera considérée comme un tournant pour l’industrie cinématographique et télévisuelle ?

« Il ne peut pas en être autrement. Après l’émoi suscité cette année par le traitement réservé aux Noirs, l’industrie doit monter au créneau et améliorer la représentativité. Les disparités salariales doivent être palliées et certains sujets tels que la coiffure ou le maquillage ne doivent plus être passés sous silence. Sur les plateaux de tournage, il est fréquent que l’on nous détruise les cheveux. Les acteurs vont commencer à hausser le ton, et pour ma part, je n’ai pas l’intention de me taire. »

Photographie, BEN SIMPSON. Stylisme, CHARLOTTE AGNEW. Coiffure, CHRISSY ZEMURA. Maquillage, SIAN HOWARD. Boucle d’oreille et bague d’oreille sur l’oreille gauche, ANTI-MATTERMANE. Bague d’oreille portée comme une broche sur le col de la veste, ANTI-MATTERMANE. Broche portée au-dessus du bouton, DANIELLE KARLIKOFF. Veste, jupe et bottes (n’apparaissant pas sur la photo), DIOR

5. Jessica Henwick

Jessica Henwick

© Matt Berberi

Née dans le Surrey, au Royaume-Uni, de parents singapouriens et zambiens, cette star de films d’action âgée de 28 ans a toujours été attirée par les superproductions. À l’âge de 17 ans, elle a été retenue pour jouer dans Spirit Warriors (2010), une série de la BBC. Elle est entrée dans l’histoire en devenant la première femme d’origine asiatique à jouer le rôle principal dans une série télévisée britannique. Depuis, elle n’a cessé de repousser les limites et est apparue dans de nombreuses productions telles que Star Wars : le réveil de la force (2015) ou Game of Thrones (2011-2019). L’année 2020 a marqué un tournant décisif : Jessica a participé au film d’horreur Underwater, à la comédie On the Rocks, à l’aventure apocalyptique Love and Monsters et à la série animée Blood of Zeus ; mais le meilleur reste à venir. Elle devrait éblouir les spectateurs dans Matrix 4 aux côtés de Keanu Reeves et elle a coécrit Nancy Wu Done It, une série humoristique pour Amazon.

Vous avez dit que vous aimeriez faire un spin-off féminin, intitulé Jess Wick, de la franchise d’action de Keanu Reeves, John Wick. Est-ce que cette idée lui plaît ?

« Il adore, mais je ne sais pas à qui je dois m’adresser maintenant. Ce qui est drôle, c’est qu’il n’a compris que récemment le jeu de mot avec mon nom de famille, Henwick. Mais c’est peut-être le truc en plus dont j’avais besoin pour le convaincre. Après tout, ce nom était d’abord le mien. Il me l’a volé (rires). »

La représentativité est un sujet qui vous tient à cœur. D’après vous, comment Hollywood peut-il devenir vraiment inclusif ?

« Cela doit commencer en coulisses. Je me suis mise à l’écriture parce que j’ai senti que je devais cesser d’attendre que quelqu’un d’autre raconte mon histoire. Si je veux créer une représentation authentique d’une jeune femme asiatique moderne, je suis la mieux placée pour le faire. Je conseille à toutes les personnes sous-représentées de prendre la plume. »

Photographie, MATT BERBERI. Stylisme, OLGA TIMOFEJEVA @ THE ONLY AGENCY. Coiffure, SASKIA KRAUSE. Maquillage, JAZZ MANG. Robe, PREEN BY THORNTON BREGAZZI. Boucle d’oreille, EERA.

6. Taylour Paige

Taylour Paige

© Blair Caldwell

Dotée d’une énergie communicative et d’une sensualité débordante, cette Californienne de 30 ans crève l’écran depuis plus de dix ans. Elle a fait ses débuts en tant que danseuse dans la série Hit the Floor (2013-2016), diffusée sur VH1, avant d’interpréter un rôle mémorable dans le film Undercover : une histoire vraie (2018). Néanmoins, ce sont les deux performances les plus récentes de Paige qui devraient la propulser au sommet : dans Le blues de Ma Rainey (2020), un film de Netflix, elle donne la réplique à Chadwick Boseman pour la dernière prestation de l’acteur décédé le 28 août 2020 ; et dans le film révélation du festival de Sundance, Zola (2020) elle incarne une strip-teaseuse qui se lance dans une virée folle sur les routes de Floride. Ce dernier devrait sortir au cinéma en 2021, après quoi Page rejoindra la distribution de Boogie, le nouveau film d’Eddie Huang dont le tournage se déroule à New York. « J’ai également des projets secrets dont je ne peux pas encore parler », nous confie-t-elle. « Je suis ravie. »

Est-il vrai que vous avez travaillé en secret dans un club de strip-tease pendant un mois pour préparer Zola ?

« Après avoir été choisie pour jouer dans Zola, le tournage a été repoussé. Je squattais le canapé de mes amis, je faisais du baby-sitting et du ménage. Je me suis dit : “Je vais faire du strip-tease. J’ai besoin d’argent. Je suis danseuse, mais je ne connais pas ce milieu.” Au début, je n’étais pas dans mon élément, mais lorsque je suis arrivée en Floride pour tourner le film, j’étais prête. C’était marrant d’apprendre les différentes nuances : le langage, les vétérans, ne pas passer à côté de certaines personnes parce qu’elles vous feront un croche-pied, ce qu’il se passe lorsqu’un rappeur fait son entrée. »

Qu’avez-vous appris de cette année tumultueuse et quels sont vos espoirs pour l’année 2021 ?

« Cette année, nous avons tous été contraints de passer du temps avec nous-mêmes et de réfléchir à certaines choses. J’ai appris que j’avais tout ce dont j’ai besoin. La situation reviendra à la normale, j’ai hâte de travailler davantage et d’interagir à nouveau avec les gens. J’ai l’impression de le dire chaque année, mais 2021 sera certainement mon année. »

Photographie, BLAIR CALDWELL. Stylisme, TRUDY NELSON. Coiffure, CYNTHIA ALVAREZ. Maquillage, DANA DELANEY. Manucure, CARLA KAY. Body, COPERNI. Pantalon, ECKHAUS LATTA. Boucles d’oreilles appartenant à Taylour Paige.

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