Violences sexuelles : Gérard Louvin et Daniel Moyne visés par 4 plaintes

Quatre nouvelles plaintes et un témoignage contre le couple Gérard Louvin et Daniel Moyne. Plusieurs hommes les accusent de viols et d’agressions sexuelles, dans les années 1980 et 1990, parfois lorsqu’ils étaient mineurs.

A propos de

  1. Gérard Louvin

  2. Daniel Moyne

Ce sont quatre nouvelles plaintes qui visent le couple Gérard Louvin-Daniel Moyne. Ce mardi 9 février, Le Monde révèle de nouveaux éléments et un autre témoignage venant conforter le récit d’Olivier A., 48 ans, qui a déposé plainte le 8 janvier contre Gérard Louvin, son oncle. Il accuse le producteur de télévision à succès de complicité dans les faits d’inceste commis sur lui par son mari, Daniel Moyne, également producteur.

Les différents témoignages et éléments évoqués par Le Monde, qui a pu les consulter par le biais de l’avocat Me Pierre Debuisson, décrivent le « même scénario de prédation ». Dans ce système au schéma répétitif, ayant concerné plusieurs jeunes garçons dont certains ont accepté de témoigner, le couple se serait servi à l’époque de son succès professionnel pour abuser de sa position. Des récits démentis par les avocats des deux producteurs. Toujours selon les informations de nos confrères, un autre homme a été entendu par la police en juin 2014. Thomas (le prénom a été modifié par Le Monde, NDLR) est un ami d’enfance du neveu de Gérard Louvin qui raconte avoir subi les mêmes actes qu’Olivier A..

« Tout était formulé sous forme de jeux »

Olivier A. avait déjà été entendu par la police en 2014, en qualité de témoin. Les enquêteurs l’avaient convoqué à la suite de la découverte d’une lettre anonyme, qui avait donné lieu à un signalement concernant le fils adoptif du couple. L’audition avait permis à Olivier A., depuis soutenu par sa mère, de relater les faits dont il dit avoir été victime. De son côté, Thomas décrit lui aussi aux enquêteurs des agressions sexuelles en nombre, lors de son audition en juin 2014.

Dans le récit de Thomas, on apprendrait que Daniel Moyne a été le premier à profiter de lui. Puis ce fut au tour de Gérard Louvin. Parfois, le couple et les deux ados participaient ensemble à des scènes sexuelles. Thomas, alors âgé de 13 ans, dit que dans ses souvenirs, il garde l’image que tout cela « était formulé sous forme de jeux« . Des « jeux » enrobés dans un tas de paillettes : entre cadeaux offerts par Gérard Louvin et Daniel Moyne, vacances à Saint-Tropez, arrivées en hélicoptère…

Lors de son audition, Thomas assure n’avoir jamais eu de désirs homosexuels. Ses seuls rapports avec des hommes auront été avec les deux producteurs, précisera-t-il aux policiers. Selon les informations du journal Le Monde, Thomas n’a pas porté plainte contre le couple. Gérard Louvin explique avoir « eu de brèves relations avec Thomas, le temps d’un été » consenties et voulues. De son côté, Daniel Moyne a fait savoir que depuis ces déclarations, Thomas leur « a affirmé à maintes reprises depuis qu’il avait mené les enquêteurs en bateau sur les dates, craignant à l’époque que ses parents découvrent qu’il avait pu avoir des relations homosexuelles consenties« .

« Je suis brisé »

Il y a aussi Grégory C.. Cet homme de 46 ans se dit « brisé« . La révélation de la démarche judiciaire d’Olivier A. a été pour lui un soulagement. Celui qui n’avait jamais osé jusqu’ici a donc contacté Me. Pierre Debuisson et porté plainte contre le couple de producteurs pour des « viols répétés ». Il dit n’avoir subi des violences sexuelles que de la part de Daniel Moyne, de ses 13 ans à sa majorité. Caresses, fellations et « scènes violentes de sodomie« , Grégory C. dit en conserver des tocs qui lui pourrissent encore la vie. Des faits totalement démentis par Daniel Moyne qui évoque « des rapports consentis » avec Grégory C..

Olivier L., comédien de 55 ans, a lui aussi porté plainte. Il avait entre 17 et 19 ans au moment des faits. Après lui avoir fait faire quelques photos de mannequinat, Daniel Moyne l’invite chez lui. « Il m’a allongé sur son lit, a voulu que je lui fasse une fellation, je n’ai pas voulu, il a insisté, j’ai commencé à m’exécuter et me suis arrêté par les haut-le-cœur que me donnait son odeur corporelle », raconte-t-il. Des faits à nouveau contestés par l’accusé.

Le petit frère d’Olivier A. porte plainte

Laurent A., le petit frère d’Olivier et neveu de Gérard Louvin est auteur de la troisième plainte. Daniel Moyne lui aurait « caressé le corps et particulièrement le sexe, alors qu’ils étaient au domicile [du producteur] à Sèvres, et qu’il se trouvait notamment dans la baignoire« . Il avait alors 11 ans. Devant la réprobation de l’enfant, le compagnon de son oncle ne serait pas allé plus loin, selon sa plainte. Par le biais de son Conseil, Daniel Moyne « conteste » ces accusations.

Enfin, la quatrième plainte, pour une agression sexuelle est celle d’Alexis (qui refuse que son nom soit publié). Il raconte avoir fait une demande de stage chez Glem à Daniel Moyne qui lui aurait demandé, en contrepartie, des faveurs sexuelles. Avant de subir, quelques jours plus tard, « une main au paquet alors que j’étais avec mes micros. Daniel Moyne a fait son geste, m’a souri, puis s’est barré. Trente ans après, ce geste me marque encore ».

Si d’éventuelles conséquences judiciaires sont plus qu’incertaines au vu de l’ancienneté des faits dénoncés, Grégory C., comme d’autres plaignants, vit sa plainte contre Gérard Louvin et Daniel Moyne « comme une libération ». « Si notre vie de merde, elle peut servir à des jeunes… J’ose croire que ce qu’on fait va servir la société », a-t-il confié.

Un chantage familial

Depuis la révélation de la plainte d’Olivier A., Me. Céline Bekerman et Me Christophe Aleya, les avocats de Gérard Louvin et Daniel Moyne ont fait le portrait d’un neveu mythomane, maître chanteur, et évoquaient la thèse d’un chantage familial à l’origine des accusations sur les plateaux télé. Olivier A., n’est aujourd’hui plus seul à avoir saisi la justice.

Crédits photos : Bruno Bebert / Bestimage

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