Valérie Damidot se confie sur sa fille Roxanne : “Sa ténacité m’épate”

L’animatrice est retombée en enfance sous la plume attendrie de son aînée, illustratrice. Une manière de prolonger leur lien privilégié alors que Roxane vient de quitter le nid familial pour prendre son envol.

A propos de


  1. Valérie Damidot


  2. Roxane Damidot

Elles sont inséparables. Pas des copines, mais des fusionnelles. Entre Valérie Damidot, la mère, 56 ans, et Roxane, sa fille aînée, 28 ans, la complicité est totale malgré leurs caractères bien affirmés. Et si Roxane vient de quitter le nid familial, la séparation est de courte durée puisque mère et fille se retrouvent « à la maison » pour Gala. C’est ici au sud de la capitale qu’elles ont d’ailleurs pour habitude de regarder Mariés au premier regard ou Confessions intimes qu’elles commentent avec jubilation, ou d’expérimenter de nouveaux plats de lasagnes végétariennes. Aujourd’hui, Valérie a décidé de raconter son enfance, Roxane, illustratrice de profession, de la croquer dans une bande dessinée tendre et hilarante La terrible époque des sous-pulls acrylique, chez Michel Lafon. Une délicieuse immersion dans les années 70 et la découverte d’une Valérie Damidot qui ne peut que faire écho avec l’ado qui sommeille en nous. Souvenirs, souvenirs.

GALA : Comment vous est venue l’idée de cette bande dessinée ?

VALÉRIE DAMIDOT : Le jour de la mort de Johnny, nous étions en deuil toutes les deux. J’avais le sentiment d’avoir perdu mon père. Elle nous a dessinées en train de chialer devant la télé, elle croque bien les gens, les expressions. Je me suis dit que ce serait tellement bien qu’elle fasse pareil avec mon enfance.

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GALA : Vous êtes nostalgique de cette période ?

V. D. : J’habitais à Argenteuil, ce n’était pas comme on dit « une banlieue facile ». Mais il y avait une vraie liberté, une vraie spontanéité. Nous faisions du vélo avec les potes, personne ne nous disait à quelle heure rentrer, il fallait juste être là pour le dîner. Les enfants étaient vraiment des enfants.

GALA : Vos parents – qui ne sont plus là aujourd’hui – occupent une place importante dans votre récit…

V. D. : Pour mes enfants aussi. Ils partaient en vacances avec eux un mois l’été, pendant que je travaillais. Tous les mardis soir, ma mère venait les chercher à l’école à 16 h 30 et elle les ramenait le mercredi soir. Quand elle est décédée, mon père est venu vivre chez nous, les trois dernières années de sa vie.

ROXANE DAMIDOT : Ma grand-mère était comme ma mère. Quand elle nous ramenait avec mon frère à la maison le mercredi soir, on pleurait tellement, il fallait qu’elle nous laisse un objet à elle pour nous consoler. Quand elle est morte, ç’a été horrible.

V. D. : Mon fils Norman adorait mon père… Il avait fait de la boxe, il peignait, il avait été flic.

R. D. : C’est lui qui m’a appris à dessiner et à peindre.

V. D. : C’était des grands-parents cool et des parents tout sauf traditionnels. Mon père, c’était un personnage de film à la Lino Ventura ! Il a travaillé comme sertisseur chez Van Cleef & Arpels, c’est lui qui a serti l’épée du roi George, portée par le prince Philip ! Puis il a passé le concours d’inspecteur de police. C’était un flic atypique. De toute sa carrière, il n’a jamais utilisé son arme ou fait usage de la force. Il était ami avec tous les Gitans, son pote, c’était Vidal (Edmond, le chef du gang des Lyonnais dans les années 70, ndlr), on mangeait avec eux dans leur campement. Tous les week-ends, il y avait du monde à la maison.

GALA : Valérie, dans la BD, on vous découvre timide !

V. D. : Je le suis toujours, mais je donne bien le change. Petite, quand je rentrais dans les magasins, je n’arrivais pas à articuler un mot. C’était un vrai combat, je faisais des crises d’angoisse. Et puis, à 15 ans, j’ai eu la chance d’intégrer le lycée privé hors contrat Des Petits Champs, à Paris. On était quinze par classe, on fumait en cours. Des professeurs formidables m’ont appris à m’exprimer mieux, à affirmer mes choix.

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GALA : Roxane, qu’est-ce qui vous épate le plus chez votre mère ?

R. D. : Elle arrive à être aussi pote avec la boulangère du coin qu’avec des gens en costard. Elle décoince tout le monde sans jamais être vulgaire.

GALA : Valérie, votre mère était croyante ?

V. D. : Elle a été élevée dans une institution catholique, ça lui a sauvé la vie. Elle a vécu l’enfer, la misère sociale, la Ddass. C’était une petite fille maltraitée. Elle avait tellement honte de sa famille qu’elle m’a longtemps dit qu’ils étaient morts.

GALA : Si vous comparez vos relations mère-fille à toutes deux ?

V. D. : Je disais beaucoup moins de choses à ma mère, même si je l’aimais profondément. Ce n’était pas la même génération. Je suis partie de chez moi à 17 ans. J’allais à l’école à Paris et mes parents vivaient à Argenteuil, c’était compliqué. Et puis, je sortais beaucoup, ma mère ne comprenait pas. Moi, j’ai dit très tôt à mes enfants de ne pas avoir de secrets pour moi. Je voulais qu’ils sachent que, quoi qu’il arrive, même des choses graves, je suis là pour eux, je gère.

GALA : Comment avez-vous vécu le départ de Roxane ?

V. D. : C’était bizarre. J’ai eu besoin de refaire très vite la déco de sa chambre, j’avais l’impression qu’elle était abandonnée. Après les choses se mettent en place.

R. D. : Au bout de trois jours, elle est venue faire une pyjama party chez moi !

GALA : Comment lui avez-vous annoncé votre départ ?

R. D. : J’ai commencé à lui en parler il y a deux ans. J’ai économisé pour avoir un an de loyer. Elle a encore essayé de grappiller un peu de temps avec les confinements. Mais je ne voulais plus attendre.

GALA : Valérie est intervenue pour votre déco ?

R. D. : Elle m’a donné quelques sites. J’ai été à bonne école, je savais quoi mettre, comment utiliser l’espace. Elle est venue avec moi chez Ikea, on a monté les meubles ensemble.

GALA : La prochaine étape serait l’arrivée d’un bébé… et de vous voir devenir grand-mère, Valérie !

V. D. : J’adorerais ! Je n’ai aucune angoisse à l’idée de devenir grand-mère, j’adore les gamins.

GALA : Roxane, qu’est-ce que cette bande dessinée vous a appris sur votre mère ?

R. D. : En regardant des vidéos d’elle, j’ai découvert la petite fille qu’elle était. Elle aurait pu être ma copine. Cela la rend plus vulnérable à mes yeux.

GALA : Roxane, vous faites le métier que rêvait de faire votre grand-père ?

R. D. : Oui, je suis illustratrice. J’ai suivi des cours à Penninghen. Deux années, très formatrices, où j’ai appris la rigueur. Mais je suis un peu fofolle, un peu bordélique, j’avais le sentiment d’être nulle, de m’être trompée de voie. Alors j’ai changé d’école. C’est là que j’ai rencontré mon chéri, Simon, illustrateur lui aussi. Le regard qu’il a porté sur mon travail m’a décomplexée. J’ai fait des livres pour enfants notamment avec Agathe Lecaron, travaillé pour Jean-François Piège… Parallèlement, pour mon projet d’études, j’ai créé un sac qui a eu du succès, j’ai continué avec des tee-shirts, des sweats. Jnapleg – acronyme de Je n’aime pas les endives grillées –, ma marque, va avoir un stand au Bon Marché !

GALA : Qu’est-ce qui vous épate chez votre fille ?

V. D. : Sa ténacité. Elle ne lâche jamais l’affaire. C’est comme ça, depuis qu’elle est toute petite. Elle va jusqu’au bout des choses, même si elle a peur.

GALA : Et vous Roxane, que vous a enseigné votre maman ?

R. D. : A être heureuse. Profiter des petites choses de la vie. Que chaque jour est important. Quand nous étions petits, elle collait des papiers sur les murs pour qu’on puisse dessiner dessus, après tu n’as plus envie de faire la bêtise pour de vrai. Cette éducation m’a parlé.

Crédits photos : RACHID BELLAK / BESTIMAGE

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