"The Underground Railroad", l'histoire bouleversante d'une esclave sur le chemin de la liberté

Première série du réalisateur Barry Jenkins, The Underground Railroad raconte la course vers la liberté d’une jeune esclave. Une série diffusée sur Amazon Prime, qui lève le voile sur l’une des pages les plus sombres de l’histoire américaine.

«Devons-nous nous rappeler les horreurs de l’esclavage américain ? Est-il éthiquement ou moralement juste de le faire ? Et si oui, pourquoi ?» Longtemps hanté par le projet d’une fiction sur l’esclavage, Barry Jenkins a parcouru un long voyage intérieur avant de se lancer. Oscarisé avec Moonlight, film poétique sur l’homosexualité d’un gamin noir dans un quartier pauvre de Miami, le réalisateur afro-américain de 41 ans signe avec The Underground Railroad («le chemin de fer clandestin», en français), sa première série. «Depuis longtemps, la notion d’images comme celles que l’on voit dans la série a suscité des sentiments de honte (…) [tant] les traumatismes causés par les descriptions de l’esclavage institutionnalisé en Amérique sont (…) énormes», écrit-il dans une note qui accompagne la présentation de la série diffusée par Amazon Prime (1).

Un réseau de chemin de fer clandestin

Adaptée du roman éponyme de Colson Whitehead sorti en 2016, la série raconte le chemin vers la liberté de Cora Randall (jouée par la Sud-Africaine Thuso Mbedu). Esclave dans une plantation de coton en Géorgie, elle découvre par l’intermédiaire de Caesar, lui aussi esclave, l’existence d’un mystérieux «chemin de fer clandestin». Bien réel mais gardé secret, ce réseau composé d’un ensemble de lignes souterraines et de maisons de passage permet à ceux qui y parviennent, de s’enfuir. Poursuivie par un chasseur d’esclaves qui veut la ramener à tout prix à son propriétaire, la jeune Cora change d’identité et voyage d’un État à l’autre. Recouvrant peu à peu la liberté et la conscience d’elle même, elle doit alors faire face à son passé, avant de se tourner vers la vie dont elle rêve.

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Des heures sombres

«Il y a des images dures dans ce programme, des images qui parlent franchement des injustices infligées à mes ancêtres pendant la grande construction de ce pays… », prévient Barry Jenkins. La violence surgit effectivement dès les premières images, happant le spectateur et lui nouant la gorge. Suggérée et démonstrative, elle accompagne l’héroïne tout au long de sa course vers la liberté. Et c’est l’angoisse au ventre et le souffle court que l’on suit la jeune femme dans chacune de ses étapes éprouvantes, découvrant au fil des 10 épisodes, les pages les plus terrifiantes de l’histoire des États-Unis. Tel des équilibristes, Barry Jenkins et le chef opérateur James Laxton alternent entre beauté et horreur, espoir et détresse, bonté et inhumanité, sans se laisser «dévorer par la barbarie de la vérité». Sûrement le plus bel hommage que le réalisateur pouvait offrir à ses ancêtres.

(1) À voir sur Amazon Prime à partir du 14 mai.

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