Sia : "On m'a reproché de ne pas avoir choisi une comédienne autiste pour Music"

La chanteuse australienne signe son premier long-métrage, Music.

C’est avec une comédie musicale, où elle aborde l’autisme à travers la puissance d’un imaginaire artistique à la La La Land que la star aux trente millions de disques vendus fait ses débuts en tant que réalisatrice au cinéma. Auteure des chansons de la B.O. interprétées par ses actrices fétiches – Maddie Ziegler, Kate Hudson et Juliette Lewis -, elle signe également un album constellé de tubes pop. Exclusivité.

Madame Figaro. – Votre film raconte la vie et les rêves d’une adolescente, Music, dont le talent créatif et le pouvoir d’empathie parviennent à faire oublier qu’elle est autiste. Comment a germé cette idée ?
Sia.
– J’ai écrit cette histoire il y a quinze ans en m’inspirant d’une rencontre avec une jeune handicapée qui m’a beaucoup marquée. Je rêvais d’en faire un film, mais il m’a fallu longtemps avant de me lancer. J’ai franchi un premier pas en réalisant des clips, puis j’ai rencontré Spike Jonze (le réalisateur de Her) qui m’a encouragée à porter mon histoire à l’écran, et j’en ai fait une comédie musicale en m’appuyant sur mon expérience de vidéaste et de compositrice. J’ai aussi reçu des conseils précieux de Tom Hanks pendant le tournage de Music.

En vidéo, la bande annonce de « Music »

Comment décririez-vous ce film ?
C’est un film plein d’espoir sur l’acceptation de la différence, incarnée par une jeune autiste, Music, qui suscite des réactions de peur, d’évitement. Je ne les condamne pas : nous avons tous peur de ce que nous ne connaissons pas encore. Enfant, j’étais très confuse en regardant Boy George, car je ne comprenais pas si c’était un garçon ou une fille. La confusion fait désormais partie intégrante de ma vie, et je l’aime. Le but de ce film est d’apprendre à découvrir en douceur une personne «bizarre» pour que sa différence ne soit plus ressentie comme une menace et que l’on perçoive sa beauté.

Le personnage de Music est formidablement interprété par Maddie Ziegler, votre muse dans vos clips et sur scène depuis des années, au point qu’on vous confond parfois… Comment est née votre collaboration ?
J’ai rencontré Maddie quand elle avait 11 ans lors d’un casting de danseurs pour mon clip Chandelier. Sa présence scénique était incroyable et sa gestuelle époustouflante. Notre collaboration ne s’est jamais arrêtée. Elle est bien plus que ma muse : Maddie est mon alter ego artistique. Nous portons les mêmes costumes, perruques, nous sommes aussi proches qu’une mère et une fille.

Vous avez choisi des comédiennes capables d’incarner des rôles forts, mais aussi de chanter et de danser dans la tradition de Broadway…
Ce sont des femmes qui prennent des risques, comme moi. On m’a reproché de ne pas avoir choisi une comédienne autiste pour Music. Mais travailler avec Maddie était une évidence, et je l’assume. Music est une fiction, pas un documentaire. Pour le rôle de la demi-sœur de Music, Zu, une ex-trafiquante de drogue, j’ai choisi Kate Hudson, qui n’a jamais vendu de drogue de sa vie, mais qui joue ce personnage d’une façon impressionnante. Elle a accepté de se raser le crâne pour le rôle et m’a sidérée par son talent de chanteuse. Kate et Juliette Lewis font partie de ces grandes actrices hollywoodiennes rock et engagées qui n’ont pas à choisir entre être féminines ou féministes.

Vous vous mettez souvent en scène comme une œuvre d’art. Quels sont les artistes qui vous inspirent ?
Mon esthétique est proche de celle d’artistes comme Kehinde Wiley et Takashi Murakami, dont j’adore les univers hypercolorés, traversés de monstres et de motifs floraux. Ce sont des atmosphères fantastiques qui habitent aussi les chansons de mon nouvel album, Music, où je chante les titres de la B.O. du film et d’autres composés durant le tournage. C’est une pop évocatrice, comme celle de ma chanson Breath Me, écrite pour la série Six Feet Under.

Music, prochainement en salle. Music – Songs from and inspired by the motion picture, album rassemblant les titres de la B.O. du film et d’autres qui en sont inspirés, Warner.

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