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RENCONTRE – Sara Giraudeau dans Bernadette : « J’ai trouvé le ton du scénario culotté »
Dans le film-évènement Bernadette, l’actrice incarne, avec force et humour, la fille cadette de l’ancien président. Et s’empare du parti pris comique voulu par la réalisatrice, loin du biopic traditionnel. Echanges réjouissants.
Lorsqu’elle a appris qu’un film se préparait sur sa mère, Bernadette, Claude Chirac n’a pas caché sa colère. Elle n’avait pas été prévenue. La cadette du clan a néanmoins été invitée à une projection début septembre, mais elle n’a fait aucun commentaire. La comédie sera sur les écrans le 4 octobre. La réalisatrice Léa Domenach et la comédienne qui incarne la fille cadette de l’ancien président, Sara Giraudeau, se savent donc attendues au tournant. « Nous ne voulions pas prendre le risque juridique que le film ne se fasse pas, se défend la cinéaste. En France, la loi est telle que des séries comme The Crown ne pourraient pas exister. » « Il s’agit d’une fiction, enchaîne Sara Giraudeau. J’ai d’ailleurs immédiatement été séduite par le ton du scénario que j’ai trouvé culotté. Il n’y a pas beaucoup de burlesque dans le cinéma français », regrette-t-elle. Pour arriver à ses fins, la réalisatrice de Bernadette, fille du journaliste Nicolas Domenach, s’est solidement documentée pour mettre en image la comédie. Pour s’imprégner au mieux des personnages, elle a lu tous les livres de son père Nicolas, souvent écrits avec Maurice Szafran, également fin connaisseur des Chirac. « J’ai aussi mené une vraie enquête en rencontrant des gens à l’Elysée ou à l’hôtel de ville de Paris qui ont travaillé avec les Chirac », souligne-t-elle. « En partant de ces faits réels, Léa a construit une véritable héroïne comique« , témoigne Sara Giraudeau. Au-delà de l’évocation d’un clan qui a marqué son temps, Bernadette est l’histoire d’une revanche. « Celle de toutes les femmes de sa génération qui avaient vu leurs filles s’émanciper. Celle de la vieille tante aigrie qui avait une vie nulle, résume la cinéaste. J’ai voulu qu’on rie avec elle plutôt qu’on rie d’elle. » Catherine Deneuve incarne une première dame pince-sans-rire. Elle n’a pas caché son plaisir sur le tournage. « Ils étaient comme des gamins avec Denis Podalydès« , s’amuse encore la réalisatrice.
“ Je ne voulais pas faire passer Claude Chirac pour une maîtresse d’école qui sermonne sa mère, mais plutôt pour une ado saoulée” Léa Domenach
Le comédien incarne un conseiller de Bernadette Chirac. Il l’aide à prendre la lumière au grand dam de Jacques et de leur fille Claude. Le duo aurait voulu la cantonner à l’ombre. « C’était assez punk, de la part de Catherine, d’avoir accepté de tourner dans mon premier film », reconnaît Léa Domenach. Accessible entre chaque prise, la reine Catherine a fait l’unanimité. « J’étais bien sûr impressionnée de lui donner la réplique, assure Sara Giraudeau. Mais elle a une personnalité très attachante et a su garder une forme de candeur malgré son immense expérience. » En tant que « filles de », Sara Giraudeau et Léa Domenach partagent, par ailleurs, une même empathie pour le personnage de Claude Chirac qui a trouvé sa voie dans le sillage de son père. « C’est une trajectoire psychologique assez compliquée, affirme Sara Giraudeau. Le regard des autres vous renvoie une image préexistante. Vous n’êtes pas considérée en tant qu’être à part entière. Même lorsque vous recevez un amour débordant, vous vous dites que c’est faux. Mon père [Bernard Giraudeau, ndlr] avait très peur pour moi et ma mère [Anny Duperey, ndlr] était très confiante« , se souvient-elle.
Bernadette Chirac a d’abord encouragé sa fille à travailler avec son père. Mais elle s’est très vite sentie exclue du duo professionnel qu’ils formaient. Comme le film le montre, elle a alors repris la main en usant de la sphère people et médiatique. On la voit s’afficher aux côtés des 2Be3, de Karl Lagerfeld ou des Musclés… Ce qui provoque l’ire de Claude. « Je ne voulais pas faire passer Claude Chirac pour une maîtresse d’école qui sermonne sa mère, mais plutôt pour une ado saoulée, raconte Léa Domenach. C’est pourquoi j’ai choisi Sara, qui a un physique enfantin, quelque chose de doux dans la voix, mais sait dégager une grande force et a un vrai potentiel comique. » La comédienne voit, quant à elle, dans le monde politique « un bon vivier, une belle scène de théâtre. J’ai du mal à les prendre au sérieux« , admet-elle. Avec la série Tapie, actuellement sur Netflix, ou un film en préparation sur le combat de José Bové contre l’industrie du tabac, nombre de fictions françaises osent, de fait, se colleter à cet univers. « On peut héroïser n’importe quel personnage, veut croire Léa Domenach. A nous de nous emparer de ces figures. » Sara acquiesce. La vie politique est un puits sans fond pour la comédie humaine.
Le Gala dans lequel cette interview se trouve est disponible en version numérique dès ce jeudi 28 septembre. Abonnez-vous à Gala sur Prismashop pour recevoir le magazine directement à votre domicile.
Crédits photos : Francois Berthier
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