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RENCONTRE – Hugues Aufray marié à Murielle : « Ma femme, mon avenir »
A 94 ans, il est en pleine forme. Il parcourt toujours la France avec ses chansons et vient tout juste d’épouser Murielle, 45 ans. Les jeunes mariés nous reçoivent chez eux, dans l’ouest parisien.
« Les plus mûres sont sur les branches les plus hautes« , prévient Hugues Aufray. A l’arrière de sa maison, le figuier déborde de fruits et, effectivement, il faut atteindre les plus sombres, donc les plus comestibles. Sur la pointe des pieds, lui qui a fêté ses 94 ans le 18 août dernier et s’est marié le 2 septembre avec Murielle, 45 ans, à la mairie de Marly-le-Roi dans les Yvelines, lieu où ils résident depuis 2020, réussit à attraper quelques figues gorgées de sucre et les distribue. Il remarque : « Vous ne mangez pas la peau ? Moi si. » Du jardin de cette bâtisse, occupée au début du siècle dernier par le peintre et sculpteur Aristide Maillol, le couple salue d’un signe de la main des voisins qui passent dans l’allée, avant de s’asseoir, à l’ombre, sur la terrasse. Ils racontent leur rencontre, il y a vingt-huit ans, dans un TGV entre Genève et Paris. Il lui a demandé son numéro de téléphone et lui a fait la cour « à l’ancienne ». La vouvoyant pendant trois ans, sans qu’ils ne se touchent. La visitant souvent du côté d’Annecy tandis que le père de Murielle est en train de mourir à l’hôpital d’une maladie de cœur. Peu à peu, elle tombe sous le charme d’un homme dont elle admire « la vitalité, la positivité. La force, aussi« .
A n’en pas douter, Hugues Aufray, né en 1929, est une force de la nature, il affiche une forme hors norme pour son âge. Il a arrêté la cigarette à 45 ans, et le cigare depuis le Covid. « Je le lui ai conseillé, ça abîmait sa voix », explique son épouse. Il confie aussi ne consommer que très peu d’alcool, juste un verre de vin à table, de temps en temps. Jamais avec excès : « Il m’est arrivé d’être saoul lors de mon service militaire chez les chasseurs alpins. Je me suis battu, je me suis cassé le bras, ça m’a servi de leçon. » La drogue ? Pas son truc non plus, dans la mesure où l’herbe qu’il a goûtée avec ses musiciens lui faisait tourner la tête. « Toute ma vie, j’ai essayé d’éviter ce qui me détourne de mon travail et dégrade mes facultés, précise-t-il. Avec le recul, ça m’a peut-être privé de ce grain de folie qu’ont les plus grands créateurs. Qu’importe, c’est ma nature. » Il n’avoue qu’une seule addiction… un peu de miel dans son muesli le matin, et c’est tout. Et mange de moins en moins de viande, beaucoup de fruits et de salades, et pratique le régime crétois à base de tomates, d’huile d’olive et de feta. « Il a commencé bien avant que ce ne soit à la mode !« , précise Murielle.
« La mort d’Hélène m’a libéré de ce serment »
Il est temps de visiter son atelier situé sur un autre terrain attenant à la maison. En traversant la pelouse foulée du temps de Maillol par ses amis artistes Rodin ou Renoir, Murielle raconte ses décennies passées auprès d’Hugues alors qu’il était encore marié avec Hélène, morte il y a pile un an : « On a raconté que j’étais la maîtresse d’Hugues, que nous cohabitions tous… avec sa femme et ses enfants, dans leur maison de Marnes-la-Coquette [qu’il a vendu en 2016, ndlr]. C’est totalement faux ! J’en ai beaucoup souffert. En vérité, Ils étaient séparés même s’ils n’étaient pas divorcés. » L’intéressé confirme : « Avec mon épouse, notre liaison s’était distendue depuis longtemps. Je n’étais pas un bon mari. J’étais sans cesse en tournée, j’avais des aventures… jusqu’au jour où j’ai rencontré Murielle. Mais je ne voulais pas divorcer, j’en avais fait le serment. » Tandis qu’il montre quelques-unes de ses sculptures, principalement des bustes de personnalités qu’il admire, Hugues Aufray raconte avoir été, enfant, traumatisé par le divorce de ses parents, découvert en allant rejoindre, après la guerre, son père en Espagne. « Ils me l’avaient caché. Lorsque ma mère me l’a annoncé, j’étais anéanti. Je me suis alors juré, le soir dans mon lit, de ne jamais divorcer. La mort d’Hélène m’a libéré de ce serment et je devais ce mariage à Murielle. Elle est désormais ma femme, mon avenir. » A ses côtés, cette dernière concède : « Dans le fond, je me suis un peu sacrifiée, effacée pendant toutes ces années. J’ai tenu le coup par amour pour lui. » Quant à fonder une famille… « Je voulais être mariée avant d’avoir un enfant », explique-t-elle. « Aujourd’hui, c’est un peu tard et ce serait même dangereux pour l’enfant, précise le chanteur. Murielle m’a offert sa jeunesse et, je le répète, je lui devais ce mariage. »
L’artiste est un homme qui ne tient pas en place. On le suit dans sa maison pleine de ses toiles posées au sol et de tables encombrées de disques, de livres et de dossiers, s’arrêtant devant quelques photos de famille. Récemment, ce père de deux enfants – cinq fois grandpère et deux fois arrière-grand-père – a perdu l’une de ses petites-filles, installée aux Etats-Unis, morte d’une pancréatique. Elle avait 40 ans et Hugues Aufray de préciser qu’il est toujours à son sujet « inconsolable, encore sous le choc« . On le voit aussi en compagnie de son ami Bob Dylan, qu’il a adapté en français dès le milieu des années 1960, et de Renaud, son « petit frère » depuis longtemps. « Ils étaient à notre mariage et nous sommes très proches du couple qu’il forme avec Cerise », ajoute Murielle. Une autre image, beaucoup plus ancienne, montre son grand frère, Francesco, mort en 1955 à l’âge de 27 ans : « Il était promis à une grande carrière de chanteur d’opéra et il s’est beaucoup occupé de nous quand mon père est parti. La Céline de ma chanson, c’est lui ! »
« Vous savez que vous êtes vieux quand vous êtes obligé de vous asseoir pour enfiler un pantalon ! »
Le chanteur part demain en tournée dans toute la France* interpréter la même Céline et nombre d’autres tubes aux allures de madeleines de Proust (Le petit âne gris, Stewball, Santiano…). Sa femme l’accompagne, s’occupe de l’intendance, des billets de train ou d’avion, du prompteur. « Je connais par cœur mes chansons mais sur scène, il m’arrive, quand je parle au public, d’avoir des trous de mémoires, d’oublier un nom… qui me revient trois minutes plus tard ! Le prompteur me rassure, comme le gilet de sauvetage pour un marin. » Il montre son poignet tordu, cassé après une chute, l’année dernière, dans son escalier à cause d’un vertige provoqué par une allergie à l’iode à la suite d’un scanner des coronaires. Il s’en est remis, et ça ne l’empêche pas de faire glisser ses doigts sur sa gui tare, impressionnant ses médecins. Il s’en amuse : « Vous savez que vous êtes vieux quand vous êtes obligé de vous asseoir pour enfiler un pantalon ! C’est mon cas. Mais depuis peu ! » En le regardant, en ni une ni deux, se lever pour faire une démonstration d’équilibre, Murielle sourit devant l’énergie de son mari. Un homme infatigable, définitivement.
* Le 31 octobre à Lyon, le 5 novembre à Toulouse, le 7 novembre à Nantes, le 8 novembre à Bordeaux… Le 14 janvier 2024 à l’Olympia, à Paris.
Rens. : huguesaufray.com
Cet entretien est à retrouver dans Gala N°1584, disponible dans les kiosques ce jeudi 19 octobre 2023.
Crédits photos : © Sandrine Gomez
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