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Public Story : Mélanie Laurent, une force de la nature
Parrainée par Depardieu, consacrée par Tarantino, Mélanie Laurent a le chic pour se trouver pile où et quand il faut. Retour sur le parcours fluide d’une femme de caractère qui n’a pas l’heur de plaire à tout le monde.
“Sans Gérard Depardieu, je n’en serais pas là”
Cannes, mai 2009 : les photographes et la foule de fans ont le regard braqué sur le tapis rouge où Mélanie Laurent, vêtue d’un élégant smoking blanc, mène la danse avec Quentin Tarantino façon Pulp Fiction. L’actrice française très en vue et le cinéaste le plus sollicité du moment sont venus présenter en avant-première Inglourious Basterds. Soudain, les deux stars sont saisies par l’envie de faire le show sur le red carpet. Enfin, surtout Mélanie, puisque c’est elle qui a pris l’initiative de ce rock endiablé que des observateurs vont juger too much. Qu’importe, elle entend célébrer ainsi sa carrière qui s’envole. Dix ans déjà qu’elle est apparue pour la première fois à l’écran dans Un pont entre deux rives, de et avec Gérard Depardieu. Elle avait 16 ans et la plus grande star du cinéma français devenait son mentor. Dès lors, l’actrice a emprunté une trajectoire optimale qui ne semblait pas près de s’arrêter. La preuve, un an après cette danse de la joie avec Tarantino, elle devient carrément maîtresse de cérémonie du 64e Festival de Cannes. Dans la foulée, elle sort un album, En t’attendant, composé avec le très hype et beau gosse Damien Rice, son ex-boyfriend à l’époque. On est en avril 2010 et Mélanie enchaîne les interviews en faisant montre d’une belle assurance, que certains considèrent désormais comme de l’arrogance. En coulisse, une fronde commence peu à peu à monter et, en 2014, la jeune star va passer de la fille so fresh et tendance à la fille crispante que l’on adore détester. Comment en est-elle arrivée là ? Cette assurance instinctive et un peu insolente prend sa source dans l’enfance particulièrement heureuse de la jeune femme. Sa mère est une danseuse qui a œuvré au Châtelet durant quinze ans. Son père est comédien de doublage : il prête sa voix à Ned Flanders, le voisin de la famille Simpson, et à d’autres héros de dessins animés. “C’était la meilleure excuse pour rester devant la télé : on écoute papa ! Quant à mes grands-parents, ils éditaient des poèmes. Ils faisaient aussi l’agenda des théâtres, les affiches de La Colline et du Rond-Point”, déclare-t-elle dans Télérama, en janvier 2018. Une famille portée sur les arts, la culture et, surtout, très aimante, où l’idée même d’une dispute conjugale n’existe pas. Avec son frère, Mélanie est au centre des attentions de cette famille du bonheur, qui a fait le choix d’une éducation souple pour sa progéniture. Et entre deux manifs “Touche pas à mon pote”, Mélanie fréquente le collège alternatif Decroly à Saint-Mandé (Val-de-Marne), une institution autogérée, sans notes et où l’on tutoie les profs, qui la conduira vers un bac L, option cinéma. “Sans Gérard Depardieu, je n’en serais pas là. Il m’a donné ma chance”, analyse Mélanie au Figaro, en octobre 2018.
Son deal win-win avec Cartier
La maison Cartier a été séduite par Mélanie Laurent et ses combats — très dans l’air du temps —, pour la planète et les droits des femmes. En 2018, l’actrice-réalisatrice est devenue l’ambassadrice du joaillier. Une aubaine pour elle : “Je suis très enthousiaste du rôle de mécénat de Cartier et particulièrement de Cartier Women’s Initiative Awards, qui aide et distingue des entrepreneuses trouvant des solutions pour l’avenir de notre planète. Un sujet qui me préoccupe. Leur premier événement où j’étais présente s’est déroulé à San Francisco et nous n’avons parlé que d’écologie”, déclarait-elle à Version Femina en août 2018. Ou comment joindre l’utile à l’agréable.
Son axe Paris-Los Angeles-Belle-ële-en-Mer
À la fois actrice-réalisatrice française et hollywoodienne, Mélanie Laurent navigue entre trois lieux au gré de ses obligations professionnelles ou de la crise sanitaire. C’est ainsi qu’elle a vécu le confinement de mars 2020 dans “sa cabane” de Belle-Île-en-Mer, dans le Morbihan, en mode “communauté bobo-babos” avec ses voisins. Depuis 2018, elle s’est installée à Los Angeles afin d’être davantage sur le coup lorsqu’un projet de film pointe le bout de son nez. La comédienne possède également un pied-à-terre à Paris afin de garder le contact avec sa famille, dont elle est très proche. Une vraie citoyenne du monde !
Notre star nationale la remarque alors qu’elle accompagne une amie sur le tournage d’Astérix et Obélix contre César et voilà Mélanie engagée pour Un pont entre deux rives, en 1998. Mais le public la découvre vraiment en 2002 dans Embrassez qui vous voudrez, de Michel Blanc et, surtout, dans le bouleversant Je vais bien, ne t’en fais pas, de Philippe Lioret, qui va véritablement lancer sa carrière. Pour ce rôle saisissant de jeune fi lle anorexique, Mélanie gagnera le prix Romy-Schneider et le César du meilleur espoir féminin en 2006.
Son mec, ses enfants et ses ex…
De 2006 à 2009, le cœur de Mélanie va battre pour le comédien Julien Boisselier. Un amour né sur le tournage de Je vais bien, ne t’en fais pas, en 2006. Cette année-là, l’actrice dédiera d’ailleurs son César du meilleur espoir féminin à son bien-aimé. Courant 2010, elle enregistre un album avec l’une de ses idoles, le musicien irlandais Damien Rice. Et ce qui devait arriver arriva : une idylle naîtra. “On s’est quittés en douceur. Mais on se voit tout le temps, on est devenus amis”, confessait-elle à ELLE en mars 2010. Le 30 septembre 2013, elle donne naissance à son fils Léo dont le père est perchman sur les plateaux de tournage.
Suivra, en 2019, l’arrivée de la petite Mila.
“J’ai juste été blessée que personne ne prenne ma défense dans les médias”
L’année 2009 agit comme un tournant puisqu’elle deviendra une star internatio-nale avec Inglourious Basterds. Nous voici en 2014. Mélanie est au top. Son style est décortiqué et loué dans de prestigieux magazines féminins, son nom est obligatoirement cité dans les scénarios les plus attractifs et elle est en promo pour son deuxième long-métrage en tant que réalisatrice – le très réussi Respire –, qui bénéficie d’excellentes critiques. Tout semble sourire à la fille la plus cool et successful du cinéma français. C’est alors qu’une mystérieuse vidéo baptisée Mélanie Laurent is curious of everything, repérée par Brain magazine, fait le tour du Web. Il s’agit d’un astucieux montage d’interviews de l’actrice lors desquelles celle-ci fait preuve d’un ego incommensurable, avec des punchlines du genre : “Je crois que j’ai 5 ans quand je monte ma première pièce. À 18 ans j’avais trois scénarios de longs-métrages qui traînaient”, ou bien “Artistiquement, je peux faire ce que je veux, c’est barge”, ou encore “On avait fait un tour de table et personne n’avait parlé de ce film, et moi j’ai fait : ‘J’ai adoré c e fi l m’et Corneau avait dit : ‘Attendez, si Mélanie a aimé, c’est Mélanie qui a raison.’ J’avais trouvé cette phrase géniale.” Plutôt drôle mais néanmoins perfide, la vidéo fait rire tout le métier, et pas seulement. Avec pour résultat, les langues de vipères qui commencent à se délier. Son talent d’actrice ? “Surcoté. Sa prestation dans Inglourious Basterds était aussi mauvaise que celle de Marion Cotillard dans The Dark Knight Rises”, b a l a n c e un critique. Ses talents de cinéaste ? “C’est son chef opérateur qui réalise ses films.” L’actrice-réalisatrice serre les dents, encaisse, ne regardera jamais la vidéo en question – prétend-elle –, et se mure dans le silence en mode “Never explain, never complain”… Quatre ans plus tard, Mélanie Laurent mettra les points sur les i en évoquant le sujet dans les pages de Télérama : “La vidéo sur les réseaux sociaux était due à mon ultra présence médiatique. Ce fut un concours de circonstances et je peux comprendre l’allergie que j’ai provoquée”, reconnaît-elle, avant de contre-attaquer : “J’ai juste été blessée que personne ne prenne ma défense dans les médias, ni ne se demande pourquoi ce genre de bashing arrive rarement aux hommes…” Revenue de cette affaire, Mélanie Laurent trace désormais sa route, notamment aux États-Unis où sa ténacité n’est pas confondue avec de l’arrogance. Elle vient de terminer la réalisation de The Nightingale, avec les sœurs Elle et Dakota Fanning. En mai, elle sera à l’affiche d’Oxygène, d’Alexandre Aja, un film qui sera diffusé sur Netflix. Côté vie privée, elle élève Léo, 7 ans, et Mila, 2 ans, qu’elle a eus avec un technicien du cinéma. Dans la presse, elle évoque régulièrement son engagement écolo et l’éducation de ses enfants, avec toujours ses côtés cash et franc du collier qui la caractérisent, mais sans que cela ne suscite de moqueries. À 38 ans, ses preuves sont faites.
Son engagement éco-citoyen
En 2015, Mélanie Laurent coréalise avec Cyril Dion le documentaire écologiste
Demain. Il remporte un joli succès mondial grâce à une approche originale, qui refuse le catastrophisme pour proposer des solutions. L’écologie est un combat qui lui tient particulièrement à cœur, tout comme la cause des femmes. D’où le désir d’associer ces deux luttes : “J’ai envie également de tisser un lien entre l’écologie et la condition des femmes, de relier la disparition des arbres et toutes ces femmes que l’on n’entend pas. On est en train de détruire, de bafouer ce qui nous donne la vie”, analysait-elle dans Madame Figaro, en novembre 2019.
Renaud Leclercq
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