Prince Edward, le fils si secret de la reine Elizabeth II

À 56 ans, le benjamin des enfants de la souveraine évolue depuis toujours à l’ombre des projecteurs. Le «Megxit», l’éviction du prince Andrew et l’avènement d’une pandémie mondiale l’ont cependant contraint à sortir de sa réserve. Portrait d’un héritier (quasi)-exemplaire.

Dans la famille Windsor, le prince Edward ferait presque figure d’ovni. Pas de une de tabloïd à son actif, pas de divorce tonitruant – pas de divorce tout court -, pas d’enfant «problématique», pas une allure folle – honnêtement… Qui saurait dire, à part les fervents amateurs de royauté, à quoi il ressemble ? Qui pourrait donner le prénom de son épouse – qui n’est pas Diana, ni Camilla, ni Sarah ? Son frère aîné, Charles, n’est autre que l’héritier du trône d’Angleterre. Les frasques sentimentales de ce dernier, de sa liaison avec Camilla Parker Bowles – devenue son épouse en 2005, après un tonitruant divorce du prince en 1996 – à son manque d’égard envers Lady Diana, font encore aujourd’hui la une des journaux. Son autre frère, le prince Andrew, a lui aussi connu son lot de scandales. Le duc d’York est âgé de 26 ans lorsqu’il épouse Sarah Ferguson, une fille de major britannique, le 23 juillet 1986. Leur séparation sera, elle aussi, retentissante. En août 1992, la duchesse apparaît topless au bord d’une piscine, dans le sud de la France, en compagnie de son conseiller financier John Bryan, sur des clichés dévoilés par le Daily Mirror.

Divorces et scandales sexuels

Elizabeth II n’apprécie guère ce genre de publicité, et somme alors sa bru de quitter le manoir familial. Le divorce du prince Andrew et de Sarah Ferguson sera prononcé quatre ans plus tard. Et les heurts et malheurs de la famille d’York ne s’arrêtent pas là. En 2019, le milliardaire Jeffrey Epstein, accusé de multiples viols et agressions sexuelles, est retrouvé pendu dans sa cellule de prison. Il ne faudra pas longtemps avant que le nom de son ami, le prince Andrew, soit cité dans l’affaire. Le duc d’York sera lui-même accusé d’avoir agressé sexuellement une dénommée Virginia Roberts, alors qu’elle n’avait que 17 ans. La polémique est telle qu’en novembre 2019, le père des princesses Beatrice et Eugenie est contraint de renoncer à ses engagements officiels.

La princesse Anne, sœur aînée du prince Edward, verra également son union voler en éclat. La cavalière épouse en novembre 1973 le capitaine Mark Phillips, avec qui elle aura deux enfants, Peter et Zara. Le couple divorce en 1992, à la suite d’une liaison extraconjugale du militaire, qui se solde par la naissance d’une fille illégitime. La princesse se remariera la même année avec le commandant Timothy Laurence. Au beau milieu de ce chaos, seul le couple du prince Edward, le benjamin de la fratrie, marié avec Sophie de Wessex depuis vingt-deux ans, semble survivre aux assauts du temps. Après avoir célébré leur union, le 19 juin 1999, le prince Edward et Sophie Rhys-Jones, ancienne attachée de presse pour la radio londonienne Capital, héritent des titres de comte et comtesse de Wessex.

Un phare dans la tempête

Le mariage du prince Edward et de Sophie de Wessex est célébré le 19 juin 1999. (Windsor.)

Un nom à particule que le jeune marié aurait choisi en raison de son attrait pour le film Shakespeare in Love (1998). Colin Firth y incarne en effet un dénommé… Lord Wessex. Le prince Edward et son épouse donneront naissance à deux enfants : Lady Louise, en novembre 2003, et James, Vicomte Severn, en décembre 2007. Leur famille deviendra, pour la reine d’Angleterre, comme un phare dans la tempête, entre désertion du prince Harry, scandale sexuel autour du duc d’York et pandémie mondiale. En janvier 2020, les Wessex secondent les Cambridge lors d’une réception donnée en l’honneur de chefs d’États africains à Buckingham Palace. Durant le confinement, ils multiplient les engagements, assurés par visioconférence.

Une âme d’artiste

Le prince Edward naît le 10 mars 1964 à Buckingham Palace. (Le 21 avril 1965.)

Il est le benjamin des quatre enfants de la reine Elizabeth : le prince Charles, né en 1948, la princesse Anne, née en 1950, et le prince Andrew, né en 1960. (Avec Elizabeth II et le prince Edward, Londres, le 7 juillet 1971.)

Le prince Edward cultive très tôt une passion pour le sport. Il pratique notamment le tennis, le badminton et l’équitation. (Londres, le 1er avril 1979.)

Le jeune prince étudie à l’école préparatoire d’Heatherdown, puis à Gordonstoun, en Écosse. (Windsor, le 16 mai 1982.)

Le futur duc d’Édimbourg a pour habitude d’emprunter une voie différente de celle de ses aînés. Né le 10 mars 1964 à Buckingham Palace, le prince Edward bénéficie de l’affection de sa mère, Elizabeth II – ce qui n’aurait pas été le cas du prince Charles et de la princesse Anne, selon Peter Morgan, le créateur de The Crown. «C’était une mère bien plus détendue avec la seconde équipe (les princes Andrew et Edward, NDLR)», a-t-il précisé, expliquant que la souveraine était auparavant préoccupée par son nouveau statut. Si l’on en croit le portrait dressé par la saison 4 de The Crown, le prince Edward, incarné par Angus Imrie, n’est pourtant pas un enfant modèle. Il y apparaît en élève arrogant et vengeur, harcelé par ses petits camarades.

Contrairement à ses frères et sa sœur, le jeune garçon cultive très tôt une âme d’artiste. Il étudie d’abord à Gordonstoun, avant de partir enseigner un an en Nouvelle-Zélande. S’il rejoint un temps la Marine, il abandonne rapidement l’idée d’une carrière militaire. L’héritier préfère de loin se consacrer à sa passion pour le théâtre. À 23 ans, après douze mois au large, il devient assistant de production au sein de la compagnie Andrew Lloyd Webber. C’est à cette époque qu’il rencontre l’actrice Ruthie Henshall, avec qui il entretiendra une idylle de trois ans. Fort de cette expérience, le prince Edward lance sa propre société de production, Ardent, en 1993.

Le business fera faillite en 2009. Mais le filleul d’Antony Armstrong-Jones – l’ex-époux de la princesse Margaret – a déjà la tête ailleurs. Le prince Edward a quitté la société en 2002, afin de devenir un membre actif de la famille royale. Il se consacre désormais, aux côtés de son père, au développement du programme The Duke of Edinburgh’s Award (DofE), qui encourage les adolescents et jeunes Britanniques à développer leurs talents pour entrer à l’université. Il est par ailleurs président de la fondation du même nom depuis 2015, et soutient les jeux paralympiques d’Angleterre. À ses heures perdues, le benjamin d’Elizabeth II se consacre à sa passion pour le sport, entre tennis, badminton, et balades à cheval avec sa fille Louise.

En vidéo, la galaxie Windsor expliquée

Un couple pas si exemplaire

Vous avez dit exemplaire ? Pas tout à fait. À l’âge adulte, le prince Edward déclenche lui aussi quelques polémiques. En 1996, le Radio Times l’interroge sur la date de sa future demande en mariage. «Si vous la fermez, que vous vous occupez de ce qui vous regarde et que vous me laissez la faire quand je le souhaite, il est beaucoup plus probable que cela arrive», rétorque-t-il. Trois ans plus tard, peu avant son union avec Sophie Rhys-Jones, d’anciens clichés sur lesquels sa fiancée apparaît topless en compagnie du DJ Chris Tarrant, sont publiés dans les colonnes du Sun. Le prince Edward prie les tabloïds d’arrêter de «détruire» la vie privée du couple, «tout particulièrement celle de Sophie».

Mais les intrusions se multiplient. En 2001, Sophie de Wessex se laisse ainsi berner par le journaliste Mahzer Mahmood, un reporter de News of the World – disparu après un scandale de piratage téléphonique -, qui se fait alors passer pour un client de sa société de communication. Lors d’une conversation enregistrée par le journaliste, la comtesse taille un costume au premier ministre de l’époque (Tony Blair, rebaptisé pour l’occasion «président Blair»), et à son épouse (qualifiée d’«absolument horrible»). Le scandale éclate, les Wessex s’effacent. La compagnie de la comtesse fait faillite. Le couple ne réapparaîtra que quelques années plus tard. Et subira un nouveau scandale, fin décembre 2020, après une présumée entorse à la «règle des six», qui impose de ne pas se réunir à plus de six personnes issues de différents foyers. Les Wessex l’ont bien compris : les feux des projecteurs peuvent (souvent) vous brûler les ailes.

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